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Photo Henri Kniffke - Voir géolocalisation
Temple funéraire d'Hatchepsout.
Thèbes-ouest, règne d’Hatchepsout (XVIIIe dynastie, 1504–1483).
Pour Paul Barguet, Nulle part ailleurs qu’à Deir el-Bahari le développement des masses monumentales n’a présenté un plus parfait équilibre et une plus grande légèreté. L’architecte Senenmout a réalisé là un des grands chefs d’œuvre de l’architecture en adossant à l’Ouest le temple de sa reine à une falaise ocrée, dans une montée progressive de terrasses où les rapports de volumes et des proportions sont parfaitement établis, les horizontales de l’étalement des portiques étant brisés par la verticale des rampes d’accès successives que prolongent les failles verticales de la falaise…
Le temple funéraire d’Hatshepsout est un hémispéos qui échelonne sur le sable roux les portiques de ses trois terrasses superposées, jusqu’au flanc de la falaise à laquelle il s’adosse. Dans la falaise est creusé le sanctuaire qui reçoit la barque d’Amon lors de la belle fête de la Vallée. Trois terre-pleins s’étagent vers la vallée, rythmés par trois murs qui les limitent, les deux premiers abrités par un portique : deux rangées de 22 piliers à 16 pans et de demi piliers à 8 pans pour le premier portique, encadré de piliers osiriaques ; deux rangées de 22 piliers carrés pour le second, élargies au nord et au sud par les piliers des chapelles d’Anubis et de Hathor creusées dans le roc.
Épaulant le bas de la falaise, le dernier mur de soutènement forme la façade du sanctuaire et est creusé de 18 niches grandes et petites sur stylobate à corniche, précédées d’une vaste cour hypostyle de 37 mètres de large sur 25 de profond avec 108 piliers à 16 pans. Cette cour est flanquée au nord par une chapelle solaire à ciel ouvert et au sud par une chapelle funéraire dédiée à la reine et à son père Thoutmosis Ier. Elle est enfin précédée d’un portique formé d’un rang de 22 piliers carrés et d’un rang de 22 piliers à 16 pans.
L’architecte utilise principalement le support carré ou le support à 16 pans sans chapiteau, dit protodorique. Mais cet ensemble de supports, qui peut paraître froid, est adouci par la présence d’autres supports humanisés, comme les colosses osiriaques de la reine des grandes niches du mur de soutènement, les colosses encadrant les portiques, les colonnes-sistres de la chapelle d’Hathor, premières du genre, avec leur chapiteaux hathoriques, les sphinx de la longue chaussée d’accès au temple, les serpents décorant les parapets des rampes, sans compter les bassins à papyrus et à lotus, les arbres et les fleurs qui décoraient le terre-plein inférieur.
C’est une œuvre unique de l’architecture égyptienne qu’a réalisé ici Senenmout, favori de la reine, architecte du règne, pédagogue et administrateur des biens de Néférourê, fille de la reine, et intendant des jardins d’Amon.