Présentation

Souvent considéré comme l'élément central d'une histoire parfois jusque dans le titre de l'œuvre (Les aventures de...) le personnage, homme ou animal, possède généralement une tête reconnaissable, des bras, des jambes... De quoi s'incarner, s'exprimer et bouger. Doublé d'une psychologie, d'un pouvoir de pensée, et le voilà capable d'agir, de modifier son environnement et d'émouvoir. La création de ces acteurs de papier commence bien avant leur représentation graphique et se poursuit bien après, jusqu'à l'identification par le lecteur.

Composé de référents théoriques, d'exemples transférables et d'exercices pratiques, ce cahier de la collection Les cahiers de l'image narrative constitue un riche support d'apprentissage et un ensemble de ressources pour décrypter les codes du langage visuel.

Préface

Par Jean-Michel Koch, IA-IPR d'arts plastiques, Académie de Strasbourg

Personnage cherche auteur…

Madame Bovary, c’est moi. Chacun connaît ce mot de Gustave Flaubert que l’on peut entendre de plusieurs façons. Par exemple comme cela : si l’auteur, si l’écrivain pose cette identité, c’est bien sûr pour nommer le masque dans le personnage (ou sous le personnage ?), mais c’est aussi, et du même coup, pour suggérer que le personnage fait l’auteur.

Remarquable inversion des rôles et des apparences qui est au coeur même de la relation d’un auteur avec son personnage, en tant que cette relation n’a de sens qu’au regard d’un lecteur, qu’à l’oreille d’un auditeur. Cela est vrai, dans l’ordre du récit écrit, du roman , au moins depuis Don Quichotte rencontrant et désignant, au sein de son roman, l’auteur même dudit roman !

Cette inversion est un des noms, un des tours de l’extrême liberté attachée au personnage. Et c’est cette dimension de liberté que j’aimerais souligner ici en tant qu’elle est liée à des contraintes, qui sont celles de tout récit, aussi complexe soit-il : le personnage est au coeur même de la narration (tous les grands récits en images l’attestent) ; la liberté d’invention est aujourd’hui totale (mais elle est déjà présente dans la tradition, voyez les cycles narratifs de Giotto qui donnent chair aux personnages de l’histoire sainte, voyez la prolifération dans les marges des livres médiévaux). Les chemins de cette liberté sont également multiples : il y a les différentes formes de dessins ; mais aujourd’hui, un enseignant d’arts plastiques, par exemple, doit également permettre à ses élèves l’exploration et l’appropriation d’autres voies et techniques d’invention de personnages, liées au hasard, au collage, à la photographie, au détournement, au matériau, à l’image numérique, autant qu’à l’observation.

numérique, autant qu’à l’observation. Il n’en reste pas moins que l’histoire, la vie de ce personnage se plieront encore à des exigences fortes, de dramaturgie, d’environnement, de cohérence, enfin : là se tient sans doute le grand apprentissage de la narration, au-delà de la maîtrise de l’image et de la maîtrise de la langue.

C’est au rappel de cette essentielle double dimension du personnage, faite à la fois de liberté et de contrainte, que nous invite fort habilement ce troisième numéro des Cahiers de l’image narrative consacré au personnage.

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Page mise à jour le 12/01/2011

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