Comme toutes les premières que l'on fait avec des enfants — acteurs, musiciens —, c'est toujours avec, et jusqu'au dernier moment, un point d'interrogation qui plâne quelque part au-dessus de nos têtes. Et au dernier moment : quelque chose s'éclaircit ! C'est toujours un moment très intense. Aujourd'hui, ce fut pour moi assez passionnant parce que j'étais assez stupéfait de l'écoute, de la qualité de l'écoute de la nef, entièrement remplie par un public d'enfants non préparés. Ils savaient simplement qu'ils venaient écouter des collègues à eux, qui jouaient un petit bout d'opéra. Point ! Ils ne savaient rien d'autre, sur l'histoire, comment on l'avait construit, etc. Et pourtant, il y eut une écoute qui a duré quand même 35 minutes, et qui était une écoute fabuleuse qui a d'ailleurs permis aux enfants de se surpasser. C'est grâce à cette écoute finalement qu'ils sont vraiment rentrés dans leur histoire. Ils étaient dans leur rôle. La richesse c'est l'autre, c'est-à-dire qu'on fait toujours quelque chose par rapport à l'autre — ce passage de l'individuel au collectif qui est une des grandes difficultés de la musique, puisqu'on ne fait jamais de la musique tout seul, on fait de la musique pour la partager. Je pense que là aujourd'hui, ils ont commencé à comprendre. (Gérard Garcin, compositeur en résidence)