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Le roi Sigismund à Strasbourg
Ill. J. Klein et R. A. Schüler. In Zwölf Stahlstiche zum Elsaessischen Sagenbuch von A. Stöber, Strassburg : G.L. Schuler, 1842. - Voir notice originale BNUS
Le roi de Bohême et de Hongrie Sigismund, empereur romain, visita la République libre de Strasbourg à son retour d'Italie, en 1414. Il était accompagné d'une suite de six-cent cavaliers. Les autorités de la ville se disputèrent l'honneur de le recevoir dignement. La cité exprimait sa gratitude pour les privilèges de marché et de péage sur le Rhin dont Strassburg profitait grandement. On mit en place un service de police renforcé pour éviter des troubles que ne manqueraient pas de causer les rivalités traditionnelles entre les clans aristocratiques, Zorn et Müllenheim.
L'empereur, dit la chronique, trouva fort à son goût les belles dames et filles de Strasbourg qui s'efforcèrent de lui rendre son séjour agréable. Une invitation matinale des dames Zorn le fit sortir en ville à la hâte, pieds nus et portant un court manteau, sur quoi on lui acheta les plus belles chaussures qui se pouvaient trouver. Elles l'accompagnèrent en musique à la messe du matin puis l'amenèrent à une salle de réception où il put finir de s'habiller convenablement. En remerciement de cet accueil si aimable, Sigismund fit acheter toutes les bagues précieuses que les joailliers de Strasbourg avaient en vente, soit cent-cinquante. Il promit d'envoyer le nombre manquant aux autres dames, ce qu'il fit bientôt.
L'image montre la sortie de la messe sur le parvis de la cathédrale. L'empereur est encore pieds nus, ce dont s'étonne une fillette. En arrière plan, on distingue la Maison du Frauenstift, l'Œuvre Notre-Dame, qui servait d'atelier et de logement aux artisans tailleurs de pierre.
Ce récit démontre l'affection populaire de Strasbourg à son suzerain direct, l'empereur, au-delà de la reconnaissance pour les bienfaits concrets accordés à la cité. La familiarité des princes avec le peuple est remarquable. La dynastie des Habsbourg est, dès son origine, liée intimement à l'Alsace. La ville doit sa liberté municipale à Rudolf von Habsburg qui commanda la milice des corporations contre l'évêque à la bataille de Hausbergen. On peut bien sûr voir dans ce récit, avant 1871, l'expression de la fidélité de l’Alsace au monarque régnant Napoléon lll, puis en 1906 à Guillaume ll.