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La mort d'Erwin
Ill. J. Klein et R. A. Schüler. In Zwölf Stahlstiche zum Elsaessischen Sagenbuch von A. Stöber, Strassburg : G.L. Schuler, 1842. - Voir notice originale BNUS
Sur cette image, le célèbre architecte Meister Erwin von Steinbach, un homme au visage ascétique, est sur le point de mourir, à son côté sa fille Sabina éplorée. Il ne verra plus sa grande œuvre, la cathédrale de Strasbourg, achevée. Le plan en est déjà dessiné -avec la flèche méridionale qui ne sera jamais érigée. La statue de l'Ecclesia, œuvre de Sabina selon la tradition, est encore dans l'atelier où le maître a son lit de repos et son livre de prière. Le dernier regard du chrétien Erwin se tourne vers la croix de la Résurrection, la rosace de la façade lui faisant une auréole préfigurant sa récompense dans la gloire céleste.
À la suite du jeune Goethe qui voyait dans le gothique tardif un art d'essence germanique qu’il opposait à la froideur du classicisme inspiré de l’antiquité, on a fait de Meister Erwin, un Michelangelo allemand. S'il a été l'un des grands maîtres bâtisseurs dont on connaît le nom, plusieurs autres architectes de grand talent ont travaillé tout au long de cette entreprise de longue haleine, certains défaisant ou modifiant ce que leurs prédécesseurs avaient projeté. N'oublions pas que l'art ogival appelé par la suite gothique, est originaire du nord ouest de la France actuelle, et que la cathédrale de Strasbourg est tributaire de constructeurs venant des chantiers occidentaux. Ils ont porté par la suite leurs talents vers les autres chantiers le long du Rhin et plus à l’est, jusqu’à Vienne, Prague et Lemberg.