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Tranchée au sommet du Reichackerkopf.
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Spectacle lunaire. On se demande comment il est encore possible de survivre en ces lieux dantesques où chaque mouvement important des troupes, chaque signe d'activité suspecte est observé par les guetteurs français placés sur les pentes du Sattelkopf et du Gaschney et immédiatement "traité" par les "Marmites" et obus de tout calibres...
Voici un témoignage éloquent de ce que pouvait être un assaut dans ces conditions: celui de Maurice Genevoix, qui s'est battu aux Éparges, un autre colline tristement célèbre : « … Longtemps nous avons erré, cherchant une issue, pourchassés par le même malaise, la même déprimante sensation d'être épiés de trop près, suivis entre les branches par des canons des fusils prêts à tuer. Nous avons fait un très long détour, presque jusqu'au seuil de la plaine, et nous sommes revenus par la lisière nord du bois. Dans un pli de terrain, au soleil, un bataillon du 132 attendait, massé, sacs à terre et fusils sur les sacs: le bataillon d'assaut. Nous l'avons traversé, d'un homme à l'autre ; les hommes nous ont semblé innombrables.
C'est l'après-midi qu'ils ont attaqué. Nous ne les avons pas vus, entassés que nous étions dans les guitounes aux toits de branches, blottis contre le talus pendant l'énorme bombardement. Toute la colline tressautait de secousses profondes; le Montgirmont, en face de nous, vomissait des fumées boueuses; et de grosses marmites s'écrasaient sur les Hures, arrachant des sapins entiers qui tournoyaient avant de s'abattre.
Surtout nous entendions, à chaque seconde, des vols d'obus passer par-dessus nous, aigres, coupants, mauvais; ils frappaient dans le fond du ravin, si raide que les éclats revenaient siffler jusqu'à nous: ce n'étaient pas de gros obus, mais nous sentions en eux une telle force meurtrière que nous baissions la tête chaque fois que leur vol tranchait l'air.
- Des 88 autrichiens, disait le capitaine Frick.
- Une belle saleté »
(Maurice Genevoix, Ceux de 14, Editions Flammarion, Paris, 1949.)