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Page mise à jour le 20/03/2014
Le site de Gebunvillare est mentionné dans un acte de donation en faveur de la jeune abbaye de Murbach, en 774. C’est alors un simple domaine agricole. Sur ce domaine au débouché de la vallée de la Lauch (le Florival) se constitue peu à peu une agglomération qui se dote d’un château, le Burgstall et d’une église, Saint-Léger. Il devient une ville entre 1270 et 1287 lorsque sont construits les remparts. Capitale de la principauté abbatiale de Murbach, Guebwiller compte 1 350 habitants en 1394. La ville est alors dominée par les puissants princes abbés de Murbach, seigneurs spirituels et temporales de toute la vallée du Florival et de nombreuses possessions en Haute-Alsace.
L’actuelle église Saint-léger est érigée à la fin du XIe siècle, à partir de 1182, sur les fondations de deux édifices plus anciens, le premier ayant été construit à la fin du VIIIe (édifice carolingien), le second au Xe siècle (édifice ottonien). Au XIVe siècle, les dominicains dont l’église de style gothique est remarquable s’installent à Guebwiller.
L’église Saint-Léger connut au cour des siècles quelques importantes modifications :
L’intérieur
L’église Saint-Léger est l’un des derniers grands édifices romans en Alsace. L’édifice, dans sa partie romane, est construit entre 1182 et 1230, dans un style roman tardif empruntant sans doute à des chantiers du nord de la France des éléments gothiques, essentiellement les croisées d’ogives que l’on retrouve sur la nef centrale et sur les bas-côtés, mais aussi l’alternance des supports composés à colonnes engagées et colonnettes. On retrouve de tels procédés à la cathédrale de Bâle, siège épiscopal dont dépendait la Haute-Alsace et qui a sans doute servi de modèle à Saint-Léger et qui influencera les églises de Sigolsheim (1180-1190 ?), Eguisheim, Turckheim (1220-1230) et Pfaffenheim, dont les bâtisseurs de Guebwiller construiront le chœur.
Cette utilisation systématique de la voûte d'ogives et de l'arc brisé a conduit parfois de nombreux historiens à situer l'édifice dans un art de transition, à mi-chemin entre l'art roman et l'art gothique. Mais cette expression ne convient pas : en effet, la place réduite des ouvertures et donc la parcimonie de l’éclairage, l'aspect mural et massif de l'élévation, le caractère traditionnel de la structure, des supports et du décor situent clairement Saint-léger dans la période de l'art roman tardif. L’utilisation de l’ogive reste ici au service de la massivité et de l’équilibre romans.
Construite en grès rose des Vosges, l’église se présente donc comme une édifice de type basilical : deux tours-porches en façade, nef à trois travées flanquée de bas-côté, transept simple avec tour octogonale sur croisée, chœur carré. L’élévation intérieure est à deux étages : deux grandes arcades par travée surmontées d’une fenêtre haute, avec alternance des supports.
L’extérieur
Une tour, octogonale, se situe à la croisée du transept. Ses deux derniers étages sont percés de fenêtres géminées, et ses huit angles sont garnis à la base de la flèche de huit mitres. Ce qui retient particulièrement l’attention, c'est qu'à la base de la tour, sur les glacis triangulaires qui recouvrent les trompillons, se trouvent quatre marmousets, exactement comme à Rosheim. Ces statues, exécutées entre 1182 et 1200, représentent quatre personnages assis ou accroupis. Ils représentent, au sud-ouest, un vieillard caressant sa barbe, au nord-ouest un personnage retenant la cordelière de son manteau, au nord-est un homme à barbe courte tenant un gobelet, et au sud-est un homme imberbe tenant une bourse. L’interprétation de ces marmousets reste extrêmement complexe.
Sous le porche, le portail central est magnifiquement décoré de voussures à tores et de piédroits à colonnettes et frises portant des chapiteaux stylisées ou à oiseaux, avec une face humaine barbue supportant le linteau. Le tympan est sculpté d’une représentation du Christ, entouré de la Vierge et de Saint-Léger.
Commentaire des illustrations par Georges Brun.