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Eglise St Jacques de Feldbach

Page mise à jour le 06/06/2014

Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : Vue générale de l'édifice. Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : la façade occidentale. Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : plan de l’église priorale primitive. Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : l’église durant les travaux de restauration.
Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : vue de la nef centrale depuis l’entrée. Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : vue sur la nef des laïcs et le chœur des moniales. Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : la nef et l’abside centrale. Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : l’abside centrale.
Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : vue depuis le bas-côté sud sur la nef des laïcs. Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : le bas-côté sud et l’absidiole sud. Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : chapiteaux de la nef des laïcs. Le prieuré Saint-Jacques-le-Majeur : plate-tombe d’un des comtes de Ferrette.

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Feldbach est une petit village du Sundgau, au pied du Jura, à quelques lieues de Ferrette, la « capitale » historique du Sundgau, dont le château à donné le nom à la famille comtale, maîtresse de toute la région entre le XIè et le XIVè siècle.


HISTOIRE


C’est en 1144, une charte faisant foi, que le puissant comte Frédéric de Ferrette (1105-1160) fonde en ce lieu un prieuré de moniales bénédictines, dont l’église devait servir de sépulture à la famille comtale. Le monastère est placé sous l’obédience de la puissante abbaye bourguignonne de Cluny, qui se charge de la construction des bâtiments et y délègue un prieur avec mission de gérer la communauté des nonnes, d’administrer les sacrements, de s’occuper de la paroisse proche dont le patron était saint Laurent, et de gérer les biens du prieuré.

Au nord de la petite église se dressaient donc les bâtiments conventuels, le cloître et la maison du prieur, cette dernière hors enceinte. Rapidement, la petite communauté grandit jusqu’à atteindre une trentaine de membres. Le lieu jouit d’une certaine réputation : en effet, géré par le bénédictins de Cluny, le prieuré devient une étape du chemin des pèlerins en route vers Saint Jacques de Compostelle : venant en grande partie de Bade, du Palatinat, de la Germanie centrale, ils passaient par Strasbourg, et, par la rive droite du Rhin, arrivaient à Bâle. De là ils se rendaient en Bourgogne en passant par Hégenheim, Ferrette, Feldbach, Porrentruy, Pont de Roide…

Le prieuré passe en 1324 aux mains de la maison Habsbourg par mariage de la dernière des Ferrette, Jeanne, avec Albert II d’Autriche. En 1365, il est dévasté par les fameux « Anglais » aux Ordres d’Enguerrand VII de Coucy en lutte contre les ducs d’Autriche… En avril 1446, ce sont les « Ecorcheurs » ou « Armagnacs » aux ordres du dauphin de France Louis (le futur Louis XI) qui pillent le lieu et incendient la maison du prieur, bien que pour la circonstance, le Dauphin soit l’allié du Duc d’Autriche…

Dans la première moitié du XVIè, les religieuses quittent le couvent, sans doute au cours des troubles dus à la révolte des Rustaud de 1525. Cluny y maintient cependant un prieur avec quelques religieux qui continuèrent de gérer les intérêts du prieuré et d'administrer la paroisse. En 1618, bâtiments et biens passent à l’abbaye cistercienne de Lucelle, avant que Léopold d’Autriche ne les confie au Collège des Jésuites d’Ensisheim, ce que confirme le Roi Louis XIV en 1661, alors nouveau possesseur des terres habsbourgeoises. Lorsque les Jésuites sont expulsés de France en 1763, le prieuré échoit au collège royal de Colmar qui en tire, à la fin du XIVè siècle, près de 14 000 livres de revenus (Environ 42 000 euros).

En 1790 le prieuré est fermé. L'église devient propriété de la commune.


LES TRANSFORMATIONS


L’église, telle qu’elle se présente actuellement, correspond à l’édifice primitif construit entre 1140 et 1150, un mur transversal en moins. De nombreuses transformations ont en effet au lieu au cours des siècles :

• en 1721 et en 1834, suite à d’importantes inondations, le sol de l'église fut surélevé par deux fois de 1,10m et le caveau des comtes comblé ;

• au cours du XVIIIè siècle, l'absidiole nord est détruite, des fenêtres sont agrandies et 3 arcades sont percées dans le mur sud de l'ancien chœur des moniales ;

• entre 1840 et 1870 L'absidiole sud est démolie ;

• en 1862, l'architecte Risler Tournier remplace l'ancien campanile par un autre, en façade ;

• entre 1887 et 1889, l'édifice est restauré par l'architecte Charles Winkler : l'abside du chœur est détruite et reconstruite, 3 arcades sont percées dans le mur nord du chœur des moniales et le pignon est refait ;

• en 1909-10, un nouveau clocher hors œuvre est construit en style néo-roman d’après le projet de Winckler.

LA RESTAURATION DE 1966-1977 ET LE PLAN PRIMITIF


L'église est entièrement restaurée entre 1966 et 1977, avec comme objectif la remise en état de l’édifice primitif. Le sol est ramené à son niveau primitif, dégageant les bases des supports ; les fenêtres sont ramenées à leurs, dimensions primitives ; les arcades du chœur des moniales ont été remplacées au sud et au nord par le mur plein d’origine ; l’absidiole sud est rétablie. Seul le mur transversal séparant le chœur des nonnes de la nef des laïcs et auquel était adossé l’autel saint Laurent n’a pas été restitué.

Cette restauration a permis de dégager le plan primitif de l’édifice : c’est une construction en petit appareil régulier de pierre calcaire du Jura, composée de trois nefs sans transept, avec un chœur composé d'une abside et de deux absidioles dans le prolongement de la nef centrale et des bas cotés. Ce chœur liturgique est précédé du chœur des moniales situé dans le vaisseau central et fermé sur les bas-côtés nord et sud par un mur plein de 10,5m de long, ainsi qu’un mur transversal le séparant de la nef des laïcs qui s’étend sur toute la largeur de l’édifice et comporte trois travées. L’édifice, non voûté, était couvert de charpente.

Le décor sculpté des chapiteaux, impostes et frise (Colonnes avec bases à griffes et chapiteaux avec feuilles et animaux) sont très éloignés de l'art roman alsacien et révèlent une évidente influence bourguignonne et franc-comtoise.

Il ne reste malheureusement du caveau funéraire primitif des comtes de Ferrette (13 comtes et comtesses y furent ensevelis d’après la Cosmographie de Sébastien Munster) que des fragments épars de pierres sépulcrales, dont l’une est conservée dans l’église.

Commentaire des illustrations par Georges Brun.