Retour à La cathédrale
Page mise à jour le 24/06/2011
Ces documents, exclusivement issus des fonds numérisés de la BNUS, nous permettent de suivre le développement historique de la fonction symbolique de la cathédrale. Cette fonction s’est forgée dès la construction de l’édifice. Dans la cité médiévale, en son cœur, la ville communique avec Dieu à travers l’architecture. En 1989, une exposition au musée alsacien de Strasbourg, intitulée Cathédrale à tout prix, explorait cet étrange renversement : le lieu de culte devient objet de culte et confère à la vieille cathédrale, une aura nouvelle.
Avec les progrès techniques de reproduction (gravure sur bois, cuivre et eau-forte, lithographie), les usages symboliques de la cathédrale se modifient. Les vues de villes se multiplient, conséquence de l’expansion parallèle des moyens de diffusion des connaissances et de la puissance politique et économique des cités. Comme c’est le cas à cette époque, les édifices religieux sont privilégiés, de par leur élévation et leur rôle indicateur. Ces gravures montrent une cathédrale qui domine l’espace bâti et cette exagération graphique se retrouve dans toutes les représentations.
Autour de 1840, les intérieurs bourgeois voient la prolifération des panoramas de villes et des vues de monuments. La représentation de la cathédrale change. Au milieu du XIXe siècle, elle acquiert des proportions normales, notamment sous l’influence de l’invention de la photographie.
On retrouve la cathédrale sur un nouveau support d’information, l’affiche. Indicateur géographique, emblème de l’identité régionale, elle est reproduite dans des lieux, des couleurs ou des cadrages variés et a pour fonction d’indiquer la présence de manifestations qui se déroulent à Strasbourg. La cathédrale devient un argument de vente, une image commerciale.
Depuis le Moyen Âge, la cathédrale est le décor de la mise en scène du pouvoir, le lieu où se rassemblent les citoyens. Elle est devenue un symbole chargé de signification politique. Son image a été présente sur les documents et affiches de propagande de plusieurs partis politiques. À partir de 1870, et des bombardements dont elle a été victime suite à la guerre, la cathédrale devient le symbole des provinces annexées, qui est fortement marqué par une intense propagande revancharde. La récupération de l’image de la cathédrale par l’Empire allemand est assez discrète mais devient plus nette à partir de l’occupation nazie, l'édifice étant dès lors considéré comme un des grands monuments d’Allemagne. Son mythe s'est renforcé à la Libération. Une multitude d’images patriotiques associe l’édifice et les vainqueurs. Elle devient le symbole non seulement de l’Alsace libérée mais aussi de la France.
Commentaire des illustrations par Claire Lingenheim.