Retour à Le Moyen Âge
Page mise à jour le 10/07/2011
Château éponyme de la plus puissante famille comtale d’Alsace, le Haut-Eguisheim est au cœur des luttes incessantes que se livrent pendant plus de trois siècles (X-XIIIe), tous les grands du Saint Empire Romain Germanique (empereurs, papes, évêques, ducs, comtes, seigneurs et simples chevaliers…).
Vers 1006, Hugues IV d’Eguisheim-Dabo utilise un ancien site fortifié romain pour construire un premier château sur trois niveaux : un poste d’observation et un logis seigneurial sur sa partie la plus haute, maisons des serviteurs et officiers plus bas et enfin communs, écuries et maisons des guerriers en contrebas. L’essentiel est en bois. Le château est alors le principal centre de commandement des comtes et subit une première destruction en 1026, dévasté par le duc de Souabe Ernest, alors en révolte contre l’empereur dont les Eguisheim sont de fidèles soutiens. Reconstruit, le château est agrandi d’une chapelle saint Pancrace que consacre Léon IX, de passage en 1050. En 1070, il devient une copropriété entre le comte Hugues VI et sa nièce Helwige qui vient d’épouser le comte Gérard de Vaudémont. Mais déjà, Eguisheim, sans doute trop exposé, n’est plus le centre du comté : le site de Dabo a pris le relais.
En 1125, le comté est divisé en deux parties : fils d’Helwige, Olry de Vaudémont hérite de la partie alsacienne et prend le titre de comte d’Eguisheim. Le château, qui reste en copropriété, ne semble pas déjà partagé matériellement à cette date. Olry meurt en 1144 sans enfants : son héritage passe alors à son neveu Louis, comte de Ferrette, qu’il avait adopté, mais le nom Vaudémont se maintient, l’autre moitié du château restant aux Eguisheim-Dabo.
En 1197, dans la guerre opposant Philippe de Souabe-Hohenstaufen à Otton de Brunswick pour le trône impérial, Albert de Dabo prend le parti d’Otton : en 1198-1199 Philippe ravage l’Alsace et détruit de nombreux châteaux appartenant aux comtes, dont le Haut-Eguisheim.
Ruiné, le château est reconstruit après l’an 1200, mais avec de notables transformations :
En 1466, un différend oppose la ville de Mulhouse à un nobliau, Pierre de Réguisheim, un chevalier plus ou moins brigand au service des seigneurs de Hattstatt, alors propriétaires d’une partie du Haut-Eguisheim. Un certain Hermann Klee, garçon meunier, réclamait six deniers de salaire à Mulhouse. Comme la ville fait la sourde oreille, Klee s’adresse à Pierre de Réguisheim, qui rameute une partie de la noblesse de Haute-Alsace, prête à régler ses comptes avec la cité libre. La guerre est déclarée. Mais la ville reçoit le soutien de Berne et de Soleure, ainsi que de trois cités de la Décapole (Turckheim, Munster et Kaysersberg) excédées par les exactions des nobles.
Dans la nuit du 3 au 4 juin, les milices urbaines coalisées assiègent Haut-Eguisheim : Réguisheim s’enfuit, Klee et trois défenseurs sont exécutés, et Haut-Eguisheim est définitivement ruiné. Seule la chapelle St-Pancrace sert encore quelques temps avant de sombrer dans l’oubli.
Commentaire des illustrations par Marie-Georges BRUN.