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Les châteaux d'Eguisheim

Page mise à jour le 10/07/2011

Le Schlossberg Les trois châteaux Plan du château en 1446 Château central primitif (<em>Wahlenbourg</em>) : donjon
Château central primitif (<em>Wahlenbourg</em>) Château central primitif (<em>Wahlenbourg</em>) Château central primitif (<em>Wahlenbourg</em>) : donjon - voûte Château central primitif (<em>Wahlenbourg</em>) : donjon primitif - plan et élévation
Dagsbourg vu depuis le pied du Wahlenbourg Dagsbourg Dagsbourg : donjon - plan et élévation Weckmund-Vaudémont : tour-donjon
Weckmund-Vaudémont : tour-donjon Weckmund-Vandémont : tour-donjon - plan et coupe Trois châteaux Eguisheim : château

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Château éponyme de la plus puissante famille comtale d’Alsace, le Haut-Eguisheim est au cœur des luttes incessantes que se livrent pendant plus de trois siècles (X-XIIIe), tous les grands du Saint Empire Romain Germanique (empereurs, papes, évêques, ducs, comtes, seigneurs et simples chevaliers…).

Le Haut-Eguisheim au XIe siècle

Vers 1006, Hugues IV d’Eguisheim-Dabo utilise un ancien site fortifié romain pour construire un premier château sur trois niveaux : un poste d’observation et un logis seigneurial sur sa partie la plus haute, maisons des serviteurs et officiers plus bas et enfin communs, écuries et maisons des guerriers en contrebas. L’essentiel est en bois. Le château est alors le principal centre de commandement des comtes et subit une première destruction en 1026, dévasté par le duc de Souabe Ernest, alors en révolte contre l’empereur dont les Eguisheim sont de fidèles soutiens. Reconstruit, le château est agrandi d’une chapelle saint Pancrace que consacre Léon IX, de passage en 1050. En 1070, il devient une copropriété entre le comte Hugues VI et sa nièce Helwige qui vient d’épouser le comte Gérard de Vaudémont. Mais déjà, Eguisheim, sans doute trop exposé, n’est plus le centre du comté : le site de Dabo a pris le relais.

Le château au XIIe siècle

En 1125, le comté est divisé en deux parties : fils d’Helwige, Olry de Vaudémont hérite de la partie alsacienne et prend le titre de comte d’Eguisheim. Le château, qui reste en copropriété, ne semble pas déjà partagé matériellement à cette date. Olry meurt en 1144 sans enfants : son héritage passe alors à son neveu Louis, comte de Ferrette, qu’il avait adopté, mais le nom Vaudémont se maintient, l’autre moitié du château restant aux Eguisheim-Dabo.

En 1197, dans la guerre opposant Philippe de Souabe-Hohenstaufen à Otton de Brunswick pour le trône impérial, Albert de Dabo prend le parti d’Otton : en 1198-1199 Philippe ravage l’Alsace et détruit de nombreux châteaux appartenant aux comtes, dont le Haut-Eguisheim.

Le château au XIIIe siècle

Ruiné, le château est reconstruit après l’an 1200, mais avec de notables transformations :

  • L’ancien donjon, qui conserve son nom primitif, Wahlenbourg (château des romains), est remanié : la plateforme sur laquelle il est construit est sur-creusée d’un fossé au nord, alors qu’au sud est construit un nouveau logis seigneurial.
  • Au nord du Wahlenbourg et du nouveau fossé est construit un nouveau château, qui prend le nom de Dabo-Dagsburg. Un donjon carré protège le logis seigneurial construit sur une plateforme artificielle en contrebas du rocher.
  • En 1225, à la mort de Gertrude de Dabo, dernière de la lignée des Eguisheim, l’héritage est âprement disputé, principalement entre les comtes de Ferrette, le roi et l’évêque de Strasbourg qui prétexte de vagues droits. Allié au roi Henri VII Hohenstaufen, le comte dresse une tour de siège à l'endroit de la basse-cour, à l'extrémité sud du site, pour bloquer le Wahlenbourg occupé par l'évêque qui, de son côté, fait construire un bastion protégeant le logis. Mais, battu à Blodelsheim, le comte doit renoncer à ses prétentions. Il reste en possession de la part de Vaudémont et la tour de siège devient alors le donjon d’un troisième château, le Vaudémont-Weckmund. En 1324, les Habsbourg succèdent aux Ferrette.

La ruine du château : la guerre des Six deniers

En 1466, un différend oppose la ville de Mulhouse à un nobliau, Pierre de Réguisheim, un chevalier plus ou moins brigand au service des seigneurs de Hattstatt, alors propriétaires d’une partie du Haut-Eguisheim. Un certain Hermann Klee, garçon meunier, réclamait six deniers de salaire à Mulhouse. Comme la ville fait la sourde oreille, Klee s’adresse à Pierre de Réguisheim, qui rameute une partie de la noblesse de Haute-Alsace, prête à régler ses comptes avec la cité libre. La guerre est déclarée. Mais la ville reçoit le soutien de Berne et de Soleure, ainsi que de trois cités de la Décapole (Turckheim, Munster et Kaysersberg) excédées par les exactions des nobles.

Dans la nuit du 3 au 4 juin, les milices urbaines coalisées assiègent Haut-Eguisheim : Réguisheim s’enfuit, Klee et trois défenseurs sont exécutés, et Haut-Eguisheim est définitivement ruiné. Seule la chapelle St-Pancrace sert encore quelques temps avant de sombrer dans l’oubli.

Commentaire des illustrations par Marie-Georges BRUN.