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Page mise à jour le 10/07/2011
Un premier château est sans doute fondé tout au début du XIe siècle par Hugues III d'Eguisheim (1016-1049), sur un ancien poste militaire romain. Il s'agit pour lui de protéger l'abbaye d'Altdorf, dont il est le fondateur et le protecteur. Il semble qu’en 1027 le château ait été pris par Ernest II, duc de Souabe et d’Alsace (1015-1030), en révolte contre l’empereur Conrad II dont les Eguisheim sont alors de fidèles soutiens. Il redevient rapidement propriété des Eguisheim.
En 1137, il est mentionné pour la première fois avec certitude sous le nom de Guirbadum. Peu après est construit un donjon carré protégeant un logis seigneurial de forme polygonale.
À partir du milieu du XIIe siècle, il devient un enjeu de la lutte opposant les Hohenstaufen aux Eguisheim-Dabo, fidèles soutiens du pape. En 1162, le château est pris et détruit par l’empereur Frédéric Barberousse, qui étend l’hégémonie des Hohenstaufen sur l’Alsace. Mais rapidement les Dabo-Eguisheim reconstruisent un nouveau château. Après la mort de Barberousse (1190), la guerre de succession oppose Philippe de Souabe, fils de Frédéricn, à Otton de Brunswick, dont les Eguisheim prennent le parti. Philippe ravage toute l’Alsace en 1199 : Guirbaden est à nouveau pris et détruit. Il est reconstruit peu de temps après par Albert II d’Eguisheim-Dabo.
En 1213 la fille du dernier comte, Gertrude de Dabo, épouse le duc de Lorraine Thibaud, qui devient propriétaire du Guirbaden. Il est alors en guerre avec Frédéric II Hohenstaufen. Aussi, entre 1218 et 1226, d’importants travaux d’agrandissement sont réalisés : à l’ouest du château roman est construit un castrum novum, vaste enceinte destinée à abriter une garnison, ainsi qu’un donjon carré sur puissants arcs de décharge et un large fossé séparant les deux ensembles.
Mais en 1225, à la mort sans héritiers de Gertrude, éclate une guerre de succession des Eguisheim : c’est l’évêque de Strasbourg qui l’emporte. En 1226 Henri, roi de Germanie et fils de Frédéric II, renonce à ses droits sur Guirbaden, au profit de l'évêque de Strasbourg. La place devient un centre administratif important de l'évêché et siège d’un baillage épiscopal.
Devenu forteresse épiscopale, le Guirbaden est successivement inféodé par les évêques de Strasbourg aux familles nobles locales : d’abord les Balbronn, puis les Andlau, les Müllenheim et les Hohenstein (1398). Ces derniers résistent avec succès aux assauts des Armagnacs en 1445 puis renforcent les défenses de la place malgré les coûts très importants. Mais, en 1475, Jacques de Hohenstein trahit son suzerain et s’allie avec Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. L’évêque de Strasbourg, ennemi du duc, reprend son bien et le confie aux Rathsamhausen, des alliés de longue date. Au début du XVIe siècle, quelques aménagements pour canons et arquebuses son réalisés dans les remparts et bâtiments et la chapelle devient le lieu d'un pèlerinage très fréquenté.
En 1525, les Rustauds ne parviennent pas à s’emparer du château. Lorsque débute la guerre de Trente Ans (1618-1648), le château n’est pas inquiété jusqu’en 1632. C’est alors qu’arrivent les Suédois. En septembre puis en décembre de cette année, ils s’attaquent par deux fois au château et sont, par deux fois, repoussés. Ile reviennent à la fin de l’été 1633 : le 14 septembre, ils sont dans la place et le château est en flammes : on ne sait qui, des assaillants ou des défenseurs, a incendié le Guirbaden.
En 1647, alors que les hostilités sont achevées, Frédéric de Rathsamhausen répare le château. Peine perdue : attaqué par les Lorrains en 1652, le Guirbaden est finalement rasé à la mine en 1657 par les troupes françaises. La ruine échoit aux princes-évêques de Rohan.
Vendu comme bien national en 1790, le Guirbaden voit peu à peu disparaître ses plus belles pierres. Une partie du palais du XIIIe siècle est démontée et reconstruite dans les ruines des châteaux d'Ottrott. La chapelle, incendiée en 1850, est reconstruite par l'architecte A. Ringeinsen et le monument est classé en 1868. Ce n’est que cent ans plus tard, grâce à l’initiative de la famille Gachot, nouveau propriétaire, que des travaux de consolidation et de rénovation sont entrepris.
Commentaire des illustrations par Marie-Georges BRUN.