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Le Landskron

Page mise à jour le 24/06/2011

Plan général Vue générale Entrée du château Porte d’entrée principale et chemin de défilement
Ouverture dans le mur de la courtine Accès à la cour haute Pan du logis seigneurial dans la cour haute Partie sud du château

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Le château du Landskron s'élève sur le territoire de la commune haut-rhinoise de Leymen, dans le Jura sundgauvien, sur la frontière suisse. Il a été construit sur une arête calcaire à 559 m d'altitude, à quelques encablures de Bâle. Il fait partie, avec le château de Ferrette, le Liebenstein, le Schoenenberg disparu, le Loewenburg et le Morimont, des grands châteaux du Jura alsacien.

Historique

Le Landskron est sans doute construit vers 1296 par deux chevaliers de Bâle, les frères Vitztum, vidames (avoués) de l’évêque de Bâle. Ils font oblation du terrain et du château au comte de Ferrette Thiébaut, qui les leur redonne immédiatement en fief. Cela déclenche un conflit armé, les droits de propriété sur le Landskron étant contestés par la puissante famille noble de Bâle, les seigneurs de Rötteln. Le conflit où, semble-t-il, Thiébaut a été fait prisonnier par les Rötteln, s’achève par un arrangement. Les Vitztum sont écartés et le château est partagé entre les Ferrette et les Rötteln, qui inféodent les Munch de Münchenstein pour leur partie. Lorsque les Rötteln disparaissent en 1316, le bien passe aux Hochberg, nobles badois, les Munch étant maintenus comme vassaux. En 1324, les Habsbourg succèdent aux Ferrette.

Le tremblement de terre de 1356 détruit partiellement le château (le Waldeck voisin est totalement détruit). Reconstruit, il est adapté aux nouvelles techniques de défense. En 1461, les Reich de Reichenstein succèdent aux Munch pour la partie badoise du château. En 1468, dans le cadre du conflit opposant la ville de Mulhouse et ses alliés confédérés aux Habsbourg, Landskron est pris et occupé par les troupes de Soleure, qui rendent le château aux Habsbourg l’année suivante. Les Hochberg disparaissent en 1504 et les Margraves de Bade leur succèdent, devenant co-suzerains du Landskron avec les Habsbourg jusqu'en 1648.

À partir de 1515, le château est transformé dans le style Renaissance mais garde un caractère très guerrier, le conflit entre Habsbourg et Confédérés demeurant très vif. L'empereur Maximilien (1486-1519) finance Jean-Jacques Reich de Reichenstein qui transforme le château médiéval : la tour devient plateforme d’artillerie, ses murs sont renforcés et des créneaux couronnent l’ensemble (tableau de l’église de Mariastein). En 1570, les Habsbourg s’opposent à la vente du château par les Reich à la ville de Bâle. À la fin du siècle, toutefois, ils sont disposés à le vendre la forteresse : à son tour, Bâle décline l’offre.

La guerre de Trente ans (1618-1648) voit, en 1637, Bernard de Saxe Weimar investir la forteresse qui résiste à de nombreuses attaques. La puissance de l’artillerie weimarienne oblige cependant Hannibal de Reichenstein à céder. La fin de la guerre voit Louis XIV investi de la partie autrichienne du château et les Margraves de Bades rester possesseurs de l’autre. Mais le roi veut la totalité du site : après de longues négociations, en 1663, le Margrave doit se contenter d’une rente et les Reich sont indemnisés de leur part. La forteresse devient alors l'un des postes clés de la nouvelle frontière orientale du royaume.

La guerre de Hollande, qui s’allume en 1673, voit les troupes impériales attaquer le Landskron. La garnison résiste à toutes les attaques, qui cessent en 1674. Lorsque l’Alsace passe en totalité sous contrôle français, Vauban restructure le dispositif de défense et en fait une formidable forteresse. La garnison compte alors 300 personnes. Mais, lorsque le même Vauban crée la place forte de Huningue, le Landskron perd de son importance stratégique et est transformé, au début du XVIIIe siècle, en garnison de compagnies d'invalides et de prison d'État pour des personnes démentes. Considéré comme château de garnison, il échappe aux destructions paysannes de 1789 et sert d’infirmerie en 1790 puis de prison révolutionnaire et d’hôpital.

En 1813 le château est la cible de l’armée autrichienne de Carl Philipp von Wrede. Défendu par une garnison de vétérans de la grande armée et de conscrits, il est finalement pris, incendié en février 1814, miné en juin par les Autrichiens et pillé par la population locale. Seul le donjon reste intact. Après avoir servi de carrière, il est racheté en 1857 par la famille Reinach.

Classé monument historique en 1923, la Landskron est transformé en montagne de singes dans les années 1970 et reçoit des dizaines de macaques des Célèbes. En 1984, l’association franco-suisse Pro Landskron achète la ruine et se donne pour mission de réhabiliter le site.

Il est assez difficile aujourd’hui de lire la ruine, tant elle a subi de transformations. De la partie médiévale ne reste en effet qu’un vestige du donjon cylindrique primitif, dont l'empattement est construit sur un piton calcaire entièrement retravaillé par les carriers médiévaux.

Commentaire des illustrations par Marie-Georges Brun.