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Le Morimont

Page mise à jour le 24/06/2011

Plan du château Vue du flanc sud du château Grande entrée du château Tour sud-ouest (<em>Schlossturm</em>)
Partie nord Fossé et tour-bastion nord-est Tour nord-est Vestibule voûté et barbacane d’entrée
Cour intérieur et tour d'escalier d'accès aux étages du logis vieux Cour intérieur et tour d'escalier d'accès aux étages de l'ancien logis seigneurial Grand logis nord Cave voûtée

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Le château de Morimont-Moersperg est édifié à 522 mètres d’altitude sur une crête rocheuse entre Oberlarg et Levoncourt, deux villages aux confins de la Suisse. Il fait partie, avec les châteaux de Landskron, Ferrette, Blochmont et Lienbenstein, des châteaux du Jura alsacien censés défendre le comté de Ferrette puis les possessions autrichiennes, des velléités expansionnistes du prince-évêque de Bâle, bientôt relayé par les cantons confédérés en lutte contre leur ennemi héréditaire, les Habsbourg.

Historique

Un premier château est sans doute érigé vers le XIIe siècle sur des terres nouvellement défrichées. Cette Niedere Burg serait une Rodungsburg typique, à la fois outil militaire de défense et de refuge et centre économique actif au cœur d’immenses domaines agricoles en création, gagnés sur les vastes forêts jurassiennes. Cet ensemble militaro-agricole possédait sans doute un donjon en bois et se situait à l'ouest du château actuel. Il en subsiste très peu de vestiges.

Au XIIe siècle, une famille Morimont originaire de Porrentruy devient maîtresse du domaine et vassale de comtes de Ferrette. Il semble que, déjà en 1228, le prince-évêque de Bâle doive fait détruire le château. En 1271, Morimont fait partie des possessions que les comtes de Ferrette cèdent à l'évêque de Bâle, qui les leur rend sous forme de fief-oblat.

En 1324 le château passe, par mariage, aux Habsbourg. Détruit par le tremblement de terre de Bâle en 1356, il est reconstruit. La famille devient assez influente avec Pierre de Morimont. Administrateur intelligent et habile diplomate, il est l’un des conseillers des archiducs Albert VI et de son fils Sigismond. En 1444, il accueille et soutient les Armagnacs menés par le futur Louis XI et qui sont finalement repoussés par les Confédérés. Ceux-ci se vengent en 1445 et 1448 en dévastant le comté : le château est détruit. Pierre le relève de ses ruines, prête de l’argent aux archiducs et reçoit les seigneuries de Belfort, Rougemont et Issenheim. En 1469, il conseille à Sigismond d’engager le Sundgau à Charles le Téméraire.

Vers 1475, riche de tout ce qu’il a vu lors de diverses missions en France, Gaspard de Morimont transforme le château et l'adapte à l'artillerie. Ces travaux durent 30 ans et la forteresse devient un verrou important dans l'axe de défense des Habsbourg face aux Confédérés. En 1488, Gaspard de Morimont est élevé au titre de baron. La puissance de la famille se maintient sous Jacques mais, en 1582, la famille est ruinée. Jérôme, par ailleurs devenu protestant en terre catholique, vend le château aux Ortenberg-Salamanca, nobles espagnols au service des Habsbourg.

La guerre de Trente ans (1618-1648) ruine définitivement le château. Occupé par les Suédois en 1632 puis abandonné, il est finalement incendié par les troupes françaises en 1637. La ruine passe successivement aux nobles de Vignacourt (1648), à la famille Bruat de Colmar (1792), à Aaron Meyer de Genève (1808) et, en 1870, à la famille Viellard, les actuels propriétaires francs-comtois. Jusqu'à sa restauration par Quiquerez à partir de 1864, le château sert de carrière.

Classée en 1841, la ruine à connu plusieurs campagnes de restauration et d’entretien au cours du XXe siècle.

Commentaire des illustrations par Marie-Georges BRUN.