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La Petite-Pierre
Photo Marie-Georges Brun
C’est un sieur Walther de Parva Petra, féal des Dabo, qui édifie un château en ce lieu en 1180. Le site tombe aux mains de l’évêque de Strasbourg en 1213, qui y encourage la venue de colons, marchands et artisans. Un village se crée sur le plateau rocheux à l’abri de son castel. Les Lützelstein sont ambitieux, au point que le comte Bourcard brigue, en 1393, le siège épiscopal de Strasbourg qu’il obtient en y a laissant sa fortune et en inféodant le château à divers propriétaires. Lorsqu’il meurt en 1418, ses fils Jacques et Guillaume n’ont de cesse que de récupérer le bien paternel, entrant en guerre contre les Linange et provoquant la réaction du comte Palatin qui, en 1452, assiège le château avec 10 000 hommes. Le siège dure deux mois, fait plus de 60 tués côté assiégés et 170 côté assiégeant. Le château se rend le 11 novembre 1452. Les Lützelstein s’éteignent peu après.
Le château revient au Palatin Frédéric. Il est assiégé à nouveau en 1504 par l’armée impériale, le Palatin étant en lutte avec l’empereur Maximilien. Pris, il est occupé jusqu’en 1507. En 1522, François de Sickingen en révolte contre l’évêque de Trèves assiège la Petite-Pierre, alliée de l’évêque. Il renonce le 5 novembre devant la difficulté et l’opiniâtre résistance des assiégés. En 1525 les Rustauds tiennent un temps quartier au château. En 1566 le burg est donné par la Diète d’Augsbourg à Georges-Jean de Veldenz ; son épouse, la princesse Anne-Marie Wasa de Suède, l’embellit somptueusement. Mais Jerri Hans, un original, engloutit la fortune du comté et celle de sa femme.
La guerre de Trente Ans (1618-1648) voit le château pillé par les Suédois. Les Impériaux le récupèrent en 1635, en chassent le Prince Palatin, mais le perdent en 1636 au profit de Bernard de Saxe Weimar qui le donne aux Français... qui le rétrocèdent au prince Palatin. En 1677, année terrible des châteaux, les Français l’investissent, le classent citadelle, le renforcent, le nantissent d’une garnison et érigent une chapelle St-Louis. Un gouverneur pour le roy et un intendant y résident en permanence. À la Révolution, le château est pillé et les tombes profanées ; les plombs des cercueils servent à faire des balles. Les Autrichiens l’occupent en 1814 et, le 10 août 1870, le prince Frédéric-Guillaume y fait son entrée sans coup férir, la garnison ayant fui. Le fort est démantelé après 1871. Après un siècle sans difficultés majeures il voit s’installer dans ses murs, en 1977, l’administration du Parc Régional des Vosges du Nord.