Typologie des châteaux alsaciens

Le village de Hunawihr est cité pour la première fois sous le vocable de Huneuvilre en 1122 : c’est un lieu de pèlerinage trouvant son origine dans l’histoire légendaire d’une certaine Hune et appartenant sans doute au chapitre de Saint-Dié. Le village passe successivement à l’évêché de Bâle, aux Ribeaupierre, aux seigneurs de Horbourg et à leurs successeurs, les Wurtemberg (en 1324). En 1534, le duc Ulrich de Wurtemberg introduit la Réforme. Il est ravagé lors de la guerre de Trente Ans (1618-1648) puis lors de la guerre de Hollande (1672-1678). Reconstruit à l’écart de son église, le village voit se réintroduire le catholicisme et imposer, en 1687, le simultaneum, encore en vigueur aujourd’hui.

L’ensemble formé par l’enclos cimetérial fortifié et l’église Saint-Jacques-le-Majeur remonte, dans sa forme actuelle, à la seconde moitié du XVe siècle. Mais il s'agit vraisemblablement d'une reconstruction d’un ancien site déjà fortifié au XIe siècle, sans doute une maison forte seigneuriale.

Cet ensemble, comme celui de Châtenois ou d’Hartmannswiller, est destiné à accueillir la population du village en cas d’attaque. Ainsi le clocher de l’église sert de tour de guet et de donjon. Quant aux murailles du cimetière, ce sont de véritables remparts de citadelle : d’une hauteur variant de 4 à 7 mètres, elles sont rythmées par six bastions hémicylindriques faisant offices de tours de flanquement, chacune étant percée de trois meurtrières permettant le tir. Ces bastions sont à gorge ouverte, ce qui permet aux défenseurs d'y avoir un accès rapide. Surtout, à supposer que le cimetière soit pris par un assaillant, ce dernier se trouve à découvert et donc à la merci des tirs venant du clocher-donjon.

Il est possible que l’ensemble formé par l’églises-donjon et les murailles fortifiées remonte aux époques troubles de la guerre de Cent Ans (1337-1453), qui vit à plusieurs reprises les mercenaires, Anglais et Armagnacs venant de France, déferler sur le pays.