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Page mise à jour le 10/07/2011
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Le château, entendu comme un ouvrage défensif, recouvre cependant une définition plus large. Il désigne en effet tous les systèmes possédant des défenses comme des murailles, des tours, des portes fortifiées, des meurtrières, échauguettes ou hourds… Ces systèmes vont de la motte féodale aux enceintes des villes.
Les premières fortifications dignes de ce nom apparaissent au Xe siècle pour parer à l’insécurité générée par les invasions, que l’autorité impériale est incapable d’endiguer. Ce sont les châteaux à motte, c'est-à-dire une butte entourée d'un fossé (la terre extraite du fossé servant à élever la butte), sur laquelle est érigée une tour de bois. L'étage de ce donjon sert de demeure seigneuriale et n'est accessible que par une passerelle mobile. Sur le toit s'installent des guetteurs et, dans le soubassement, se trouvent les réserves et la prison. Domestiques, animaux et provisions trouvent place dans un enclos nommé baille ou basse-cour, entouré lui aussi d'une palissade et précédé d'un autre fossé. La motte constitue le type de fortification courant aux Xe et XIe siècles et évolue peu hormis les remparts de bois, plus solides et complexes, et celle des fossés, plus larges et profonds.
Aujourd’hui ne restent de ces édifices que des élévations de terrain. Ces mottes se nomment Buhel, Buhl ou Buchel (Buckel) : motte du Kochersberg à Neugartheim, mottes de Bergholtz, Manspach (Dannemarie), Meyenheim, Wittenheim (Rebberg), Folgensbourg (Zollbuechel), Beinheim, Keskastel, Schoenau…
La Wasserbourg est un château de plaine édifié en pierre à partir du XIIe siècle. De forme carrée, rectangulaire ou en équerre, il est entouré d’un fossé rempli d’eau (douves) alimenté par une rivière proche, et pouvant éventuellement se transformer en étang et servir de vivier à poissons. De très nombreux châteaux de plaine ont été des Wasserburg. Si la plupart a été détruite ou profondément transformée, quelques-uns sont encore assez significatifs de l’époque, comme Osthouse, Breuschwickersheim, Mittelhausen ou Hartmannswiller par exemple.
La Wasserburg ou le château de plaine sans fossé à eau (Osthoffen) est plus vulnérable que celui de montagne, car son attaque est aisée de tous les côtés.
Le château de montagne est plus autonome que celui de plaine. De taille plus réduite, il répond avant tout à des fonctions militaires et stratégiques : contrôle des voies de passages (Engelbourg, Saint-Ulric, Bildstein lorrain…), protection des territoires et des biens ecclésiastiques (Hugstein, Landsberg, Géroldseck…), contrôle d’une région par les puissantes familles (Dreistein, Haut-Barr, Haut-Eguisheim…), protection directe d’une ville (Ferrette, Kaysersberg, Ottrott…)...
En fonction de son implantation, il peut être construit sur un sommet (Freundstein, Wildenstein, Hohlandsbourg, Guirbaden…), en bout de crête (Landsberg, Ramstein, Birkenfels...), sur éperon rocheux (Bernstein, Greifenstein, Girsberg…) ou sur barre rocheuse (exclusivement dans les Vosges du Nord, comme Haut-Barr, Fleckenstein, Falkenstein, Windstein Vieux, Wasigenstein, Lutzelhardt...).
À côté des châteaux existent en Alsace de nombreux cimetières ou églises fortifiées. Leur rôle est différent de celui du château, car ils servent uniquement de refuge en cas de conflit. Les clochers des églises sont transformés en donjons et munis de meurtrières ; les cimetières, enclos de solides murs et ceints de fossés, font office de basse-cour pour les réserves et les animaux. Ce type de refuges fortifiés apparaît au XIIe siècle. Sur une bonne centaine existant en Alsace, il n'en reste aujourd'hui que quelques-uns, dont Hunawihr, Châtenois, Dossenheim-sur-Zinsel ou Lupstein par exemple. Des clochers de l’époque restent ceux de Kuttolsheim, Offenheim, Pfettisheim, Reitwiller, Saessolsheim (citée en 1050), Schwenheim (citée en 900) ou Willgottheim.
Dans certains cas, le château défend une cité. Il est alors intégré dans les remparts urbains et forme ainsi une citadelle : c’est le cas de Dachstein, Lutzelstein (la Petite-Pierre), Reichshoffen, Wasselonne, Rosheim, Obernai, Dambach-la-Ville, Bergheim, Riquewihr...
En Alsace, de très nombreux villages, de taille plus ou moins importante, s’entourent de fortifications sur l’initiative de l’empereur, du seigneur du lieu (Ferrette, Altkirch, Ribeauvillé), de l’évêque (Dachstein, Saverne) ou des bourgeois (Strasbourg, Colmar…). Elles deviennent alors des villes. Ainsi, c’est le fait de posséder des remparts qui, au Moyen Âge, définit une ville.
Commentaire des illustrations par Marie-Georges BRUN.