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Le Wasigenstein

Page mise à jour le 10/07/2011

Grand Wasigenstein : falaise - fossé est Château inférieur: fossé est - tour de flanquement Nouveau Wasigenstein : coupe et plan Nouveau Wasigenstein : vue depuis le château inférieur
Nouveau Wasigenstein : face sud du château et faille Nouveau Wasigenstein : l’accès du château Nouveau Wasigenstein : l’accès du château Nouveau Wasigenstein : la tour-donjon de la partie ouest
Nouveau Wasigenstein : tour-logis - fenêtre gothique trilobée  Nouveau Wasigenstein : tour-logis - fenêtre gothique trilobée  Nouveau Wasigenstein : donjon et mur sud du logis Nouveau Wasigenstein : donjon - façade ouest

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Le Wasigenstein est une Felsenburg (château sur barre rocheuse) typique du Wasgau, cette région des Vosges-du-Nord qui s’étend de part et d’autre de la frontière franco-allemande et dont on dit qu’elle est la plus dense d’Europe en ruines médiévales. Elle comprend en effet une vingtaine de châteaux, en égale quantité de part et d’autre de la frontière (Lutzelhardt, Petit Arnsberg, Fleckenstein, Windstein, Dahn, Trifels, Drachenfels, Landeck, Froensbourg…). Le Wasigenstein, sur sa barre rocheuse en grès rouge typique des Vosges, à 340m de haut, est situé sur un contrefort du Maimont, sur la commune d’Obersteinbach. Il constitue l'unes des ruines les plus intéressantes de ce type de château-falaise.

Histoire du château

Le Wasigenstein est une création impériale de l’interrègne (1250 et 1270), d'un certain Engelhardt, d’une lignée de chevaliers de Haguenau attestés depuis 1161 et au service des Hohenstaufen.

La première mention du château remonte à 1270 sur un acte citant les fils d’Engelhardt, Frédéric et Seman, possesseurs du vieux château (rocher ouest). Les frères se font nommer Wasigenstein. Il est possible qu’un différend les ait opposé, puisque peu après débute la construction du Petit Wasigenstein où loge Frédéric, qui est encore mentionné en 1274 et en 1276 lorsqu’il accompagne Rodolphe de Habsbourg dans sa campagne contre le roi de Bohème, Ottokar. Les deux frères sont encore évoqués en 1291 pour leur participation à la libération d’Henri de Windstein, prisonnier du duc de Lorraine. À cette époque, le burg est bien allodial, car il appartient en propre aux Wasigenstein et n’est inféodé à aucun suzerain.

Rapidement, les deux familles s’agrandissent : Frédéric a trois fils (Dietrich, Engelhardt et Fritzmann), et Seman en a un (Fritzmann Ier). Il faut agrandir le château et, surtout, signer des chartes réglant la cohabitation de tous ces nobliaux. Ainsi, en 1299, Fritzmann Ier renonce à sa part du Vieux Wasigenstein au profit du Petit château, assorti de la promesse de ne pas faire de travaux menaçant peu ou prou le Grand Wasigenstein, particulièrement de surhausser la tour du Petit.

Nouvelle paix castrale en 1306 délimitant surface et hauteur des bâtiments sur le rocher. On compte alors seize propriétaires, tous des Wasigenstein. La famille construit ou entre en possession du château voisin du Petit-Arnsberg et peut-être d’un autre point fort encore plus proche, le Rocher des Tziganes. En 1317, l’héritier de Seman décède sans descendant. Son bien passe à la branche familiale de Frédéric.

Peu après, vers 1335, trois frères Wasigenstein (Conrad, Fritzmann II et Dietrich) ont affaire à la Ligue de la Paix publique d’Alsace : ils se sont rendus coupables d’actes de brigandage et pris des commerçants en otage. L’affaire est assez grave pour que la Ligue soit fasse siège et détruise leur repère du Petit Arnsberg.

Un château en copropriété

En 1358 meurt Conrad, le dernier Wasigenstein, qui n'a pas d'héritier. Les terres et les deux châteaux passent aux mains des ses beaux fils : à Wirich Ier Puller de Hohenbourg, époux d‘Euphémie de Wasigenstein, le Petit château et à Henri Ier de Fleckenstein, époux de Catherine de Wasigenstein, le Vieux château. Ces grands seigneurs inféodent immédiatement leur part d’héritage à leurs beaux-fils. Le château devient ainsi un Ganerbenburg, c'est-à-dire un château fort de communauté de cohéritiers, au fonctionnement extrêmement complexe. Par le jeu des mariages, de nombreux copropriétaires s’ajoutent rapidement à la liste de départ : les Froensbourg, Altdorf, Windstein, Ochsenstein, Kropfberg, Deux-Pont Bitche (1369), Ramberg (1372). Bien entendu, de nombreuses paix castrales sont signées entre les divers copropriétaires.

Au XVe siècle, le château subit quelques sièges comme en 1435 lors d’une Fehde. Un autre siège, dont la cause est inconnue, a lieu en 1447. Nouveau conflit en 1455 entre Richard de Hohenbourg, possesseur du petit Wasigenstein, et le prince Palatin Frédéric le Victorieux : le Palatin prend le château et le donne à son ami Mathias de Spire, qui le cède en fief aux Fleckenstein.

Vers 1505, l’ensemble du château est donné par le Palatin aux Fleckenstein, la lignée des Deux-Pont s’étant éteinte. Le Petit Wasigenstein semble alors en ruines. La possession des châteaux par les Fleckenstein est confirmée en 1520, ainsi que celle de Niederbronn et de Pfaffenbronn.

Cent ans plus tard, les Fleckenstein en sont toujours propriétaires, mais les châteaux sont en ruines. La guerre de Trente ans (1618-1648) et du Palatinat apportent leur lot de dévastations, notamment en 1680 lorsque les troupes de Montclar passent dans la région… mais les châteaux ne sont déjà plus des enjeux militaires.

En 1711, les Fleckenstein vendent châteaux et terres aux Hanau-Lichtenberg, déjà possesseurs du château voisin de Blumenstein. Totalement abandonnés, les châteaux se dégradent. En 1898, ils sont classés aux Monuments Historiques.

Commentaire des illustrations par Marie-Georges BRUN.