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Cités-jardins et cités ouvrières

Strasbourg : cité-jardin du Stockfeld - plan projet de 1910

Strasbourg : cité-jardin du Stockfeld - plan projet de 1910
Plan projet par Edouard Schimpf, 1910 © Archives de Strasbourg (4 A 41/9) - Voir géolocalisation - Voir base Mérimée

La cité-jardin du Stockfeld a été construite entre 1910 et 1912 dans le quartier du Neuhof, en bordure de la forêt, à environ six kilomètres de centre-ville, au sud de Strasbourg. Sa construction est liée à la réalisation de la Grande percée. Dés 1907, le maire Rudolf Schwander décide en effet d’assainir et de moderniser la partie ouest du centre historique de la ville. Les travaux de destruction des immeubles vétustes et d’aménagement d’une rue commerçante, pouvant accueillir des voies de tramway et bordée d’immeubles modernes, démarrent en 1910. La Neue Strasse, actuelle rue du 22 Novembre, voit le jour.

Pour reloger les familles modestes délogées par ces travaux, R. Schwander choisit une forme urbaine nouvelle : la cité-jardin. Le cahier des charges est rédigé par la Deutsche Gartengesellschaft (1902).

Le projet retenu est celui d’Edouard Schimpf (1877-1916), un jeune architecte proche de l’architecte de la Ville, Fritz Beblo. Le document ci-dessus est le plan-projet, le plan définitif étant approuvé au cours de l’année 1910. E. Schimpf s’est inspiré des modèles anglais de cité-jardins, et intitule d’ailleurs son projet Howard, en référence au théoricien Ebenezer Howard. Il avait également connaissance de la première cité-jardin inaugurée sur le continent, celle d’Hellerau, construite à Dresde en 1909 à l’initiative de l’industriel Karl Schmidt.

Le plan de la cité-jardin du Stockfeld est rationnel et géométrique. Il est fondé sur un système d’îlots, composés de quadrilatères d’environ 100 mètres sur 100 mètres. Les places, les équipements collectifs (une école qui ne sera construite que dans l’entre-deux-guerres au sud de la cité, une maison de quartier), les commerces ou le restaurant Au Coucou des Bois s’organisent autour de deux axes structurants nord-sud et est-ouest (rue de la Breitlach et rue Lichtenberg).

La cité-jardin est reliée au centre-ville par une ligne de tramway. Bâtie sur une surface de douze hectares, elle comportait avant la première guerre mondiale un parc d’habitation de 457 logements unifamiliaux ou plurifamiliaux. Ils offraient alors tout le confort moderne : wc intérieurs, buanderie, eau courante et gaz. Proche du courant architectural du Bund für Heimatschutz (Mouvement de protection et de sauvegarde du caractère traditionnel de l’habitat populaire), Edouard Schimpf dessine des maisons inspirées de l’architecture traditionnelle : des toitures à longs pans, des poutres apparentes, de petits auvents, des tourelles, des volets en bois décorés... Les maisons comportent des jardins d’agrément à l’avant et des jardins potagers d’une surface d'un à deux ares à l’arrière.

La Ville cède le terrain pour un prix minime et confie la maîtrise d’ouvrage à la SOCOLPO (SOciété COopérative des Logements Populaires de Strasbourg), fondée en 1899 pour lutter contre la misère du logement des classes populaires. L’historien de la cité-jardin Stéphane Jonas indique qu’en 1911 elle était peuplée à 65% par des ouvriers, souvent des familles nombreuses puisqu’en 1912 les enfants représentaient 57% de la population. On comprend mieux ainsi l’importance économique des jardins potagers.

La cité-jardin du Stockfeld est inscrite sur l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1996. Les jardins ont été réaménagés entre 2002 et 2005 et jouent encore aujourd’hui un rôle fondamental dans la vie quotidienne des habitants.

Ce document fait partie des fonds numérisés des Archives de la Ville de Strasbourg et de la communauté urbaine. Ses conditions d'utilisation seront indiquées ultérieurement suivant les spécifications de nos partenaires.