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Ungersheim : Écomusée d’Alsace - maisons paysannes et carreau de la mine
Photo Alain Rueff - Voir géolocalisation
Etonnant raccourci qui réunit dans une même perspective les maisons à colombages de l’Ecomusée d’Alsace et les installations minières du puits Rodolphe à Ungersheim.
Les écomusées ont vu le jour en France dans les années 1970. Il s’agit de musées à caractère ethnographique, visant à conserver et mettre en valeur le patrimoine naturel et culturel d'une région. Fortement inspirés par les travaux de Georges-Henri Rivière, fondateur du Musée national des Arts et Traditions Populaires, ils se donnent pour mission la sauvegarde de la mémoire collective et du patrimoine, la conservation des témoignages de l'activité des hommes au travail, de leur vie sociale et culturelle.
L’Ecomusée d’Alsace ouvert en 1984 sur une friche industrielle des mines de potasse à Ungersheim, dans un site pas spécialement attrayant et dépourvu de tout passé agricole, en est une bonne illustration. Le musée met en scène un village alsacien reconstitué de toutes pièces à partir de maisons, souvent anciennes, récupérées dans des villages où elles étaient parfois abandonnées et promises à la démolition. L’association « Maisons paysannes d’Alsace » fut le porteur du projet. Elle avait réalisé auparavant un important travail d’inventaire autour du patrimoine rural bâti et entrepris de sauver de la destruction des maisons anciennes. Cette première « collection » a constitué le noyau initial de l’écomusée qui s’est progressivement enrichi de nouveaux apports et regroupe actuellement 72 maisons et bâtiments disposés en quartiers autour d’une place centrale.On peut voir des fermes traditionnelles du Sundgau et de la plaine d’Alsace, des maisons de journaliers agricoles, d’artisans, de pêcheur et de viticulteur, une école, une mairie, une tour fortifiée, un lavoir et d’autres constructions de différentes époques, dans un environnement de jardins et de vergers minutieusement reconstitué. Chaque construction porte le nom du village d’origine.
Sur la photo prise dans la rue du Sundgau, on aperçoit une très belle ferme à colombages du 17ème siècle déplacée du village de Sternenberg près de Dannemarie. Le village ainsi recréé n’est pas qu’un simple décor extérieur. Il fonctionne aussi pour le visiteur comme un espace vivant et animé où les maisons sont habitées et ouvertes au public et dans lesquelles des acteurs costumés présentent les métiers d’autrefois. Dans les cours et les maisons, de nombreux artisans exercent des métiers traditionnels tels que charron, sellier ou potier et partagent leur savoir-faire avec les visiteurs. Il y a un une véritable exploitation agricole dans le village, des poules et des coqs dans la basse-cour, des vaches dans l’étable et bien évidemment des cigognes sur les toits De nombreuses animations calquées sur les grandes fêtes liturgiques ou les travaux des champs sont également proposées. En parcourant le village, le promeneur découvrira la vie quotidienne d’antan et la richesse de l’architecture rurale alsacienne. Des classes d’environnement et des séjours d’été sont organisés pour les plus jeunes. L’Ecomusée offre le spectacle d’une ruralité quelque peu idéalisée qu’on pourrait situer dans la première moitié du 20ème siècle avant les grandes mutations contemporaines de l’agriculture alsacienne. Le musée est subventionné par le Département du Haut-Rhin, la Région Alsace et des fonds privés. Il a accueilli 180 000 visiteurs en 2011. 45 salariés et 150 bénévoles y travaillent.
On aperçoit sur la photo, à l’arrière-plan, l’ancien puits Rodolphe des mines de potasse avec le château d’eau, les chevalements et le bâtiment des machines qui dominent de leur masse imposante les fermes à colombages. Fermé depuis 1976, le carreau de la mine fut acquis par l’Ecomusée qui y entreprit des travaux de restauration et de sauvegarde avant son ouverture au public en 2004. Un train prenait les visiteurs au village où la vieille gare de Bollwiller avait été déplacée, pour les emmener sur le site de la mine. Mais le projet fut arrêté deux ans plus tard par la nouvelle direction de l’Ecomusée d’Alsace qui décida de s’en séparer et de fermer la ligne du train historique. Des difficultés financières et la politique de recentrage du musée sur les maisons paysannes pourraient expliquer ces décisions qui interviennent aussi à un moment où les collectivités territoriales qui financent l’Ecomusée, sont très impliquées dans le lancement, toujours à Ungersheim, d’un parc de loisirs de nouvelle génération consacré à l’environnement –le Bioscope-. La vente à Europa-Park du carrousel Eden Palladium, un joyau de la Belle-Epoque datant de 1904, que l’Ecomusée avait acquis en 1990 dénote également le désengagement du musée pour les arts forains. Le Bioscope vient de fermer et le site de la mine a été repris par l’ « Association de sauvegarde du carreau Rodolphe » qui œuvre pour sa réhabilitation et son inscription comme centre d’histoire des mines de potasse d’Alsace. Un objectif que n’aurait pas renié la charte des Ecomusées.