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Wissembourg : centre - vue aérienne
Photo Patrick Bantzhaff - Voir géolocalisation - Voir base Mérimée
Wissembourg, à la frontière nord de l'Alsace.
La photographie est prise vers l'ouest, la frontière se situe à quelques centaines de mètres à droite du cadre, invisible dans un paysage sans rupture. L'Abbatiale Saint-Pierre et Paul domine de ses hauteurs, c'est la deuxième église gothique d'Alsace après la cathédrale de Strasbourg. Elle est flanquée d'un ancien clocher roman et abrite à sa droite le reste d'un cloître. A gauche, le bâtiment de la sous-préfecture, de style classique, puis une tour qui rappelle les anciens remparts. Ceux-ci constituent désormais une coulée verte ellipsoïde bien visible, à côté de laquelle la piscine a été aménagée (fond de l'image). Sur la droite, le Faubourg de Bitche avec ses maisons à colombages, s'étire vers l'ouest le long d'un des bras de la Lauter. Deux autres bras de direction nord-sud sont également visibles au premier plan et à l'arrière de la sous-préfecture.La richesse des héritages de Wissembourg est tout entière résumée dans ces éléments. Une abbaye bénédictine située en piémont vosgien au creux d'une petite vallée. Abbaye qui, devenue extrêmement puissante, assurera la naissance et la croissance de la ville médiévale, l'une des dix de la Décapole (1354), ligue de villes libres aux confins occidentaux du Saint Empire. Les éléments d'architecture française qui contrastent avec le style vernaculaire rhénan, rappellent les balancements de l'histoire entre France (traités de Westphalie en 1648) et Allemagne (bataille du Geisberg en 1870).
L'espace urbain est peu densément occupé, les jardins nombreux à l'arrière des façades imposantes. C'est que le centre médiéval des ruelles tortueuses et des maisons serrées s'est développé plus à l'est de l'Abbatiale et ne sont pas visibles ici. Le quai de la Lauter, au premier plan à droite, a été paysagé en une agréable promenade très fréquentée par les groupes de touristes allemands à la belle saison. Wissembourg offre une ultime étape méridionale et gastronomique aux circuits de la route des vins du Palatinat, la Südweinstrasse, qui vient buter sur la frontière.
Le cadre et le patrimoine constituent une belle ressource, mais qui ne suffit pas à expliquer le dynamisme de l'une des plus petites aires urbaines (5092 emplois au recensement de 1999 pour 8584 habitants), sans couronne périurbaine au sens de l'INSEE (8170 habitants pour la commune centre). Wissembourg est un pôle de migrations pendulaires (près de 60% des actifs n'y résident pas). Les années 1990 sont en effet marquées par une belle attractivité démographique due à la fois au travail frontalier et à une activité en croissance soutenue (+10% en termes d'emplois de 1990 à 1999), en particulier pour l'industrie (35,7% des emplois en 1999). Ceci résulte en partie de la proximité du marché allemand, que les investissements viennent ou non de ce pays.
Le quartier de l'Abbatiale est relativement préservé et les bouleversements de la modernité semblent ne pas s'y manifester autrement que par des ravalements de façades. En effet, les lotissements ont plutôt été construits sur les pentes des collines avoisinantes, tandis que les importantes zones d'activités et les infrastructures récentes ont été implantées aux sorties est et sud de la ville, le long des axes menant à Strasbourg, Lauterbourg ou vers l'Allemagne.
Contradiction ou complémentarité ? Une petite ville dans un cadre agréable, la présence rassurante d'un riche patrimoine, une position frontalière intéressante peuvent-ils constituer des atouts suffisants pour une bourgade localisée au-delà des aires métropolitaines dominantes (Strasbourg et Karlsruhe) ?