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Dambach-la-Ville : vue d'ensemble
Photo Giljean Klein - Voir géolocalisation
Dambach-la-Ville, une commune viticole du piémont, comme beaucoup d'autres. La ville ? Dambach frisait le statut d'unité urbaine au recensement de 1999 avec 1973 habitants, grâce à un taux de croissance de 1% par an dans la décennie 1990, uniquement dû au solde migratoire. Du point de vue statistique, probablement mérite-t-elle à nouveau son vocable de ville. C'est que la décroissance continue de la population observée depuis 1968 a été nettement inversée à partir de 1990.
Mais Dambach est ville par l'octroi de ce statut acquis dans les premières décennies du XIVe siècle, ville aussi par les remparts dont la cité est ceinte depuis lors. Le bâti est peu sorti des murailles, on peut aisément identifier sa densité élevée à l'intérieur des murs qui existent encore par endroits. La tour du bas, l'Untertor, est visible dans le prolongement de la route qui "remonte" de la voie ferrée. Autour de ce noyau ancien, quelques extensions plus récentes se localisent essentiellement le long des voies de communication, sans maîtrise d'ensemble, mais en évitant les précieuses pentes viticoles. Un seul lotissement, assez petit, s'individualise au nord-est (à droite, au premier plan) par la couleur plus sombre de ses toits. Manifestement, la commune s'est protégée des fortes croissances de l'habitat que nombre de ses voisines ont connues. L'ancienne activité de confection (la chaussette) aux bâtiments visibles sur la route du piémont, à la sortie nord de la commune est maintenant doublée d'une zone d'activité qui s'est développée vers la plaine, à l'écart du village.
Le cadre est typique d'un site de piémont vosgien. La commune est installée en contrebas de la ligne de failles nord-sud qui sépare les collines de la plaine proprement dite. Ces collines ont l'allure de croupes allongées aux formes nettes et très géométriques qui résultent de l'incision des compartiments plus élevés, sous forme de vallons ouest-est, rectilignes, à l'écoulement intermittent. La force érosive des orages d'été est telle que la question de la protection du vignoble reste vive. La première crête vosgienne qui limite ces petits bassins versants dépasse 600 mètres d'altitude, alors que Dambach est à 200 mètres. Les versants, bien drainés et orientés à l'est et au sud-est, ont été affectés à la vigne jusqu'à plus de 300 mètres d'altitude pour les meilleures expositions. Le finage de Dambach-la-Ville s'étend classiquement de la plaine humide à l'est (au delà de la voie ferrée, partie non visible sur la photographie) jusqu'aux hauteurs boisées, jouant ainsi de la complémentarité des milieux et des productions. Il offre cependant la particularité de dépasser nettement la crête et de ne trouver sa limite qu'au fond de la vallée du Giessen, à plus de 4 kilomètres du village-centre.
Le bourg, d'habitat serré pour laisser toute la place à la vigne ; des vins de qualité ; l'architecture de toits pentus, de colombages et de balcons fleuris ; le paysage se parant des couleurs de saison que ce soient celles des feuilles de vigne ou des forêts de l'arrière plan ; quelques curiosités comme le chapelet de châteaux forts de la bordure vosgienne (le Bernstein est caché dans la forêt sur le replat de la croupe centrale) ou la chapelle Saint-Sébastien qui trône sur son ossuaire au milieu du vignoble : la rente de situation touristique est là.
Mais près de 60% des actifs travaillent dans une autre commune. La route qui descend vers l'est (premier plan à droite) est celle qui connecte Dambach-la-Périurbaine à l'autoroute. La petite gare du contrebas pâtit de sa position sur une ligne secondaire.
On est sur la route des vins, entre le Mont Sainte-Odile et le Haut-Koenigsbourg. On est à proximité de l'autoroute, à quelques kilomètres de Sélestat et à moins de 40 minutes de Strasbourg.
Quel avenir pour Dambach-la-Ville ? Gros village gardien de ses héritages paysagers et viticoles et oscillant entre stagnation et muséification touristique ? Petite ville déployant une dynamique économique et résidentielle, dévoreuse d'espace et de paysage ? Le choix est complexe et l'équilibre difficile à trouver dans une plaine d'Alsace soumise à un double mouvement de mise en tourisme organisée et de périurbanisation généralisée.