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Rosheim : vue aérienne d'ensemble
Photo Patrick Bantzhaff - Voir géolocalisation - Voir base Mérimée
Rosheim, bourgade du piémont entre Obernai au sud et Molsheim au nord (visible à l'arrière plan). La ville est historique : elle acquiert son statut en 1267 et fait partie des dix cités de la Décapole en 1354. Si les restes des remparts, les anciennes portes et les édifices de l'époque romane qui subsistent aujourd'hui ne sont pas facilement visibles sur la photographie, la forme urbaine est bien identifiable par sa densité et la limite extérieure nette entre le coeur historique et l'extérieur.
Cité patrimoniale parmi les fleurons des Routes Romanes, Rosheim est aussi cité viticole et étape de la Route des Vins. Les longs versants des collines, en plan incliné modérément entaillés, constituent un terroir de choix avec leur exposition à l'est et leur ensoleillement accru par l'effet de foehn qui dégage souvent le couvert nuageux sur une bande de la bordure sous-vosgienne. Le versant nord du Bischenberg, dont on voit la retombée au premier plan à droite, est lui, davantage consacré aux vergers, l'exposition y est moins favorable. Entre le fleurissement des arbres fruitiers au printemps et la symphonie des couleurs de la vigne à l'automne, le vallon de Rosheim constitue un cadre de choix au pied du Mont Sainte Odile.
Molsheim l'industrieuse, à l'arrière plan, est située sur le cône de déjection de la Bruche. Elle se trouve en position de carrefour contrôlant l'entrée de l'importante vallée vers l'ouest, la direction de Strasbourg vers l'est ainsi que l'axe nord-sud du piémont. Ces anciennes voies de communication ont été renouvelées par le fer et surtout par la route avec un système d'autoroutes et de voies rapides. L'agglomération de Molsheim est un pôle de croissance économique et démographique très dynamique qui allie les héritages industriels (Bugatti) et le renouveau lié à la proximité de la métropole strasbourgeoise, à l'accessibilité et au cadre paysager de grande qualité.
Rosheim semble être située à l'écart de cette dynamique péri-métropolitaine : elle reste nichée au creux de son vallon, la voie ferrée et le grand axe routier nord-sud passent plus à l'est, dans la plaine. On compte à peine 1300 emplois (1999) dans la commune alors que l'unité urbaine de Molsheim dépasse les 7000 postes de travail. Plus de 70% des 2000 actifs de Rosheim travaillent hors de la commune. Et pourtant, comme la plupart des communes de cette partie du piémont, la ville connaît une embellie démographique. La croissance continue de la population depuis les années 1960 a permis une augmentation de 38% en trente ans. En 1999, 42% des logements ont moins de vingt-cinq ans, 18% datent de la dernière décennie. En 1999, un tiers des habitants ne résidait pas à Rosheim dix ans auparavant. La plupart viennent du Bas-Rhin : une mobilité résidentielle plus que professionnelle a manifestement joué en faveur de la vieille cité.
Cette dynamique résidentielle est nettement visible. Elle prend la forme de maisons construites par initiatives individuelles le long du réseau viaire (au premier plan) dont les piscines renseignent sur les catégories sociales concernées. Il s'agit aussi de lotissements, sur les coteaux (au nord) ou dans le prolongement du centre historique (à l'est). Plusieurs immeubles récents de petit collectif sont visibles au pourtour du vieux centre, marquent certainement un infléchissement dans les formes d'habitat, moins consommateur d'espace, moins dispersé, plus dense. Quant aux équipements collectifs, ils sont localisés en contrebas avec l'ensemble constitué par le collège et les équipements sportifs que l'on repère à la sortie est de la ville.
La périurbanisation, dans ce cadre enchanteur, évitera-t-elle les difficultés habituelles liées à ces dynamiques démographiques soutenues ? Mitage de l'espace, modifications paysagères, infrastructures peu seyantes, enjeux d'intercommunalité et de fiscalité locale, et surtout problème des déplacements : plus de 300 jeunes sont scolarisés hors de la commune, plus de 1500 actifs résidents occupent un emploi ailleurs, plus de 600 non-résidents travaillent à Rosheim (chiffres de 1999, mais l'augmentation est certainement continue). Les mouvements pendulaires qui en résultent, presque exclusivement motorisés, sont à l'évidence en contradiction avec le souci de calme et de verdure de la cité. Problème classique, qui prend ici un tour spécifique avec l'enjeu du cadre paysager dont on peut se demander quel volume d'équipements il pourra supporter sans être dénaturé.