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Les Vosges et le piémont

Le Donon : vue aérienne

Le Donon : vue aérienne
Photo Patrick Bantzhaff

Situé dans les Vosges gréseuses, sur la commune de Grandfontaine au NO de Schirmeck, le Donon culmine à 1009 mètres d’altitude. C’est le sommet le plus élevé de cette partie des Vosges dominant d’une cinquantaine de mètres les sommets voisins du Petit Donon et du Kohlberg.

Du sommet se découvre un vaste panorama circulaire qui englobe la chaîne des Vosges, la vallée de la Bruche, le plateau lorrain et la plaine d’Alsace. Le Donon qui tire son nom du celte dun latinisé en dunum signifiant hauteur, lieu élevé, est visible de loin et sa silhouette trapézoïdale que surmonte l’immense antenne dressée près du sommet aisément reconnaissable.

Le Donon fait partie d’une ligne de crête relativement élevée séparant la vallée de la Bruche et la vallée de la Plaine dans les Vosges lorraines. La crête forme la limite des départements des Vosges, du Bas-Rhin et de la Moselle. La limite linguistique s’est fixée en partie sur elle. Le Donon domine à l’ouest le col du même nom (727m d’altitude) qu’emprunte la route départementale de Schirmeck à Raon-l’Etape reliant ces deux vallées. Sur la photo on aperçoit à l’arrière du Grand Donon un autre sommet de forme conique presque entièrement déboisé et séparé par un col forestier. C’est le Petit Donon qui culmine à 964m. Plus loin, vers le nord, la crête s’étire sans faiblir jusqu’au Rocher de Mutzig (1010m) et le Baerenberg (967m). Le Donon apparaît d’autant plus élevé qu’il domine la vallée de la Bruche par un dénivelé qui atteint 600 à 700 mètres au droit de Schirmeck alors que du côté lorrain l’entaille est nettement moins profonde. Plusieurs rivières y prennent leur source : la Plaine et la Vezouze, affluents de la Meurthe à l’ouest, la Sarre rouge et la Sarre blanche ainsi que la Zorn au nord, et plusieurs ruisseaux affluents de la Bruche à l’est.

Le massif et ses principaux sommets sont taillés dans la couverture de grès rose du Trias reposant ici sur un socle de roches primaires schisteuses et volcaniques qu’on trouve en affleurement à Grandfontaine. Certains auteurs voient dans ces sommets gréseux dégagés par l’érosion des témoins résiduels de l’arasement post-hercynien. Le modelé des versants s’apparente aux paysages vosgiens du grès: régularité et raideur des pentes parsemées de débris et entaillées par des ravins escarpés, replats et corniches sommitales d’où se détachent des accumulations de gros blocs rocheux, têtes de vallons raidies par l’érosion périglaciaire et les retouches du Quaternaire. Les pluies sont ici abondantes, entre 1400 et 1700 mm de précipitations annuelles, les hivers longs et froids avec plus de 100 jours de gel. La pauvreté des sols acides et la rudesse du climat expliquent l’importance des boisements de conifères, en particulier les forêts de sapins, dans l’ensemble du massif. Si les traces d’occupation humaine les plus anciennes remontent à la protohistoire, les vestiges archéologiques encore visibles aujourd’hui, le long du sentier qui monte vers le sommet, datent de l’époque gallo-romaine où le Donon était un centre de pèlerinage et un sanctuaire probablement consacré au Dieu Mercure.

Les vestiges de trois temples attestent de l’importance du sanctuaire gallo-romain qui a lui-même succédé à un lieu de culte plus ancien. Une citerne circulaire pré-romaine creusée à même la roche et souvent assimilée à un puits rituel recueillant les eaux de pluies est visible sur la photographie. L’abandon du sanctuaire oublié pendant des siècles et la redécouverte des ruines au XVIIe siècle ont alimenté les légendes et les récits mythiques sur le Donon. Plusieurs écrivains célèbrent le site. En 1869, on construit au sommet un édifice à colonnes évoquant un temple antique pour abriter les objets des fouilles archéologiques trouvés sur le site. Aujourd’hui le temple-musée est vide mais il est devenu pour beaucoup le symbole du Donon. Outre les vestiges épars dans la forêt datant de la Grande Guerre, la dernière contribution du Donon à la modernité est l’émetteur de radio et de télévision construit sur la plateforme inférieure du sommet et pour l’accès duquel une route privée a été ouverte, créant une emprise particulièrement visible dans un site historique classé.

L’économie actuelle du massif repose sur l’exploitation forestière, le tourisme et les loisirs. La forêt du Donon se situe dans un des plus vastes ensembles forestiers du Nord-est de la France, elle est entièrement en forêt domaniale. Au sein de cet ensemble, des îlots davantage préservés accueillant des espèces menacées comme le grand tétras, la gélinotte ou la chouette ont fait l’objet dans le cadre du réseau Natura 2000 de mesures de conservation et de protection de l’habitat.

Le sommet en partie déboisé du Donon répond au souci de l’ONF de dégager le site archéologique. Dans les gravures anciennes, le Donon apparaissait aussi largement défriché. La circulation qui transite par le col est réduite (1200 véhicules par jour en moyenne annuelle), mais la fréquentation touristique et de détente n’est pas négligeable. Elle repose sur la recherche d’air pur et du silence, la randonnée à pied ou en VTT l’été, le ski de fond et la neige en hiver. Un sentier historique et archéologique a été aménagé pour les visiteurs du Donon. Mais ces ressources sont encore assez modestement exploitées.

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