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Les Vosges et le piémont

Ste Marie-aux-Mines: la haute vallée de la Lièpvrette

Ste Marie-aux-Mines: la haute vallée de la Lièpvrette
Photo Giljean Klein

Cette photo prise depuis le col des Bagenelles vers le NE offre un remarquable aperçu sur la haute vallée de la Lièpvrette. La rivière prend sa source au pied du col vers 800 m d’altitude. Elle draine un bassin versant de 130 km2, sur une longueur de 25 km, pour se jeter en amont de Scherwiller dans le Giessen dont elle est le principal affluent. Son cours supérieur jusqu’à Ste-Marie-aux-Mines dessine une vallée parfaitement rectiligne dont l’entaille correspond à une vieille fracture du socle hercynien qui a rejoué au Tertiaire. La cassure fait affleurer de part et d’autre de la vallée des roches de nature différente : le granite des Crêtes sur le flanc gauche et les gneiss de Ste-Marie-aux-Mines sur le versant droit.Le profil en auge de la vallée porte la marque de l’érosion glaciaire. Le cours sinueux de la Lièpvrette dans le fond de sa vallée est lié aux coulées de solifluxion au pied des versants et aux amas de débris accumulés au débouché des vallons affluents. Au loin, des reliefs de même altitude constituent les restes de la pénéplaine post-hercynienne d’où se détachent quelques sommets comme l’Ungersberg (alt.901 m) appartenant à la couverture gréseuse du Trias qui s’étendait sur le massif avant son soulèvement au Tertiaire et l’érosion qui a suivi.

Les gneiss du secteur de Ste-Marie recèlent dans les fractures de la roche de nombreux filons de minerais et de métaux exploités dès le moyen-âge. Mais c’est l’argent contenu dans des minerais de cuivre, de plomb et de zinc qui fit la célébrité des mines de Ste-Marie au 16°siècle. On trouve quelques anciennes mines dans la haute vallée de Liépvrette, mais les traces les plus nombreuses de l’exploitation minière se trouvent dans les vallées d’Echery -site du Neuenberg- et Fertrup -site de l’Altenberg-. Des puits alignés sur les filons, des kilomètres de galeries souterraines, des excavations d’abattage, des carreaux miniers et d’anciens systèmes hydrauliques témoignent de ce très riche passé minier. Depuis une trentaine d’années, des associations ont entrepris de le sauvegarder et de le faire revivre dans un parc-musée à Ste-Marie-aux-Mines consacré aux siècles d’exploitation minière dans la Val-d’Argent et l’ouverture au public d’une ancienne mine à Echery. Chaque année se tient à Ste-Marie-aux-Mines une grande bourse des minéraux très réputée. Comme pour le textile, autre fleuron de la vallée, la sauvegarde et la valorisation du patrimoine ont relayé les activités disparues.

Partout dans la haute vallée, la forêt recouvre les pentes à l’exception des fonds de vallée et des versants défrichés à proximité du col des Bagenelles. Situé à 905 m d’altitude, le col relie les vallées de Ste-Marie-aux-Mines et du Bonhomme. Il assure des liaisons locales entre deux vallées et donne accès à la route des Crêtes en été. Le col est le point de départ de nombreux circuits de randonnées à pied ou en VTT vers le Haycot, le Brézouard, le col de Ste-Marie ou la Chaume de Lusse. En hiver, quand la neige est au rendez-vous, une petite station de ski ouverte dans les années 1970 permet de pratiquer le ski de piste ou de fond.

Un peu en contrebas du col, on aperçoit les bâtiments de la ferme-auberge de la Graine Johé. Les bâtiments aux toits gris sont les plus anciens. Ils abritent la ferme alors que la partie auberge occupe les extensions plus récentes aux toits de tuiles rouges La ferme est tournée vers l’élevage, la production de lait et de fromages. Située sur un replat, elle est entourée de prairies de fauche qui fournissent une partie du foin pour l’hiver. Le travail de fenaison et de regain, comme on peut le voir sur la photo, est rendu difficile par les pentes qui limitent la mécanisation. Avec le développement du tourisme de montagne, l’auberge, ouverte toute l’année et accessible par la route, a pris de l’importance. Mais comme dans toutes les fermes-auberges des hautes Vosges où la double activité est la règle, le fermier est d’abord un éleveur. Ce paysage de vallée vosgienne reste attrayant du fait d’un environnement naturel relativement préservé. Les équipements touristiques et de loisirs restent discrets et la progression de la friche et de la forêt qui menacent les espaces ouverts semble aujourd’hui contenue.

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