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Paysages glaciaires des Vosges : la haute vallée de la Fecht
Photo Alain Rueff
Du sommet du Rothenbachkopf, entre le Hohneck et le Grand Ballon, on a par beau temps une très belle vue sur la vallée de Munster et particulièrement sur la haute vallée de la Fecht. La vallée apparait ici dans toute son harmonie, bordée par de longs versants boisés aux pentes régulières encadrant une large vallée à fond plat, aérée et densément peuplée. Les sommets arrondis du Grand et du Petit Ballon dessinent dans le lointain une ligne bleue au-delà de laquelle on peut apercevoir au débouché de la vallée la plaine d’Alsace et la tache claire de l’agglomération de Colmar.
Longue de 49 km jusqu’à sa confluence avec l’Ill au nord de Colmar, la Fecht draine un bassin-versant de 545 km². La rivière donne l’impression d’être inhospitalière avec ses eaux froides, son courant rapide et son lit caillouteux. Entièrement façonnée dans les roches du socle cristallin, la haute vallée de la Fecht est formée de deux bras, la Grande et la Petite Fecht, qui se rejoignent à Munster. Alimentée par trois lacs de montagne – lacs d’Altenweiher, du Fischboedle et du Schiessrothried- et les ruisseaux des vallons adjacents, la Grande Fecht coule dans une vallée à fond plat en forme d’auge glaciaire.
Bien qu’en partie masqué par les éboulis rocheux et les dépôts morainiques qui tapissent les versants, c’est dans cette partie supérieure de la vallée comprise entre la crête faitière et la localité de Metzeral –juste avant la carrière de granit sur la photo- que l’héritage glaciaire est le mieux conservé. Les formes d’érosion y sont nombreuses sur les sommets comme les anciens cirques suspendus sous la ligne de crête et les lacs de surcreusement fermés par des verrous rocheux d’où descendent en cascades les ruisseaux qu’ils alimentent. Les formes d’accumulation glaciaires sont aussi bien présentes dans la vallée où l’on trouve d’anciennes moraines latérales qui donnent aux pieds des versants une allure rectiligne seulement interrompue par les cônes de déjections des vallons adjacents. On y trouve également des moraines frontales qui tapissent le fond de la vallée sous la forme d’accumulations bosselées dans lesquelles la rivière a entaillé des terrasses après le retrait des glaces. Les spécialistes admettent l’hypothèse d’une calotte glaciaire située sur la crête principale des Vosges, émettant plusieurs langues glaciaires de vallées effluentes : langues de glace des vallées de la Wormsa dans le massif du Hohneck et de la Grande Fecht, langues effluentes du bassin de la Kolbenfecht ( au premier plan sur la photo) issues des cirques ouverts sous les crêtes du Kastelberg, Rainkopf et Rothenbachkopf. Les trois principaux courants de glaces s’unifiaient en aval pour former un glacier de vallée unique bien individualisé dans une auge profonde qu’il n’occupait pas dans sa totalité. Son extension maximale au stade du dernier maximum glaciaire ne devait pas dépasser depuis la crête sommitale 7 km en direction de Munster. En aval de Munster, les traces laissées par les glaciers ne sont plus identifiables avec certitude.