Les Vosges et le piémont

Michelbach est un village de 340 habitants appartenant à la communauté de communes du Pays de Thann. Il se situe au pied des Vosges, entre plaine et montagne, à l’entrée de la vallée de Masevaux. La photo couvre la partie du massif situé entre les deux vallées de la Thur et de la Doller. La montagne s’élève rapidement au-dessus de la plaine et le piémont se réduit ici à un étroit compartiment faillé large de 1 à 2 km. La forêt couvre uniformément la montagne et une bonne partie du piémont. On aperçoit à l’arrière-plan, fermant l’horizon, le sommet du Grand Ballon (1 423m). On est ici dans le secteur le plus soulevé du massif et dans le secteur le plus effondré du fossé rhénan.

Autour du village de Michelbach, un paysage de plaine fait la transition entre le piémont vosgien et les premières collines du Sundgau. Le village aux toits de tuiles rouges, étiré tout en longueur, est entouré de jardins et de vergers. Dans la plaine prédominent les labours et la culture céréalière intensive (au premier plan).

Le plan d’eau de Michelbach est un site ornithologique de renom qui a pour particularité d’abriter de très nombreuses espèces d’oiseaux d’eau nicheurs, migrants ou hivernants. Et pourtant, le plan d’eau, il y a 35 ans, n’existait pas. C’est à l’origine un lac de barrage totalement artificiel aménagé pour alimenter le secteur de la nappe phréatique où sont installés les puits de captage d’eau potable de toute l’agglomération mulhousienne. Aménagé en 1982, le lac-réservoir, d’une surface de 81 ha, contient plus de 7 millions de m3 d’eau. Il permet de stocker les eaux de la Doller toute proche, détournées par une conduite gravitaire, et de régulariser son cours en lui restituant de l’eau lors des mois d’étiage. Pour avoir une réserve d’eau de la meilleure qualité possible, on a été conduit à acquérir les terres autour du barrage et à en limiter l’usage. C’est aussi pour garantir cette qualité que le statut de réserve naturelle volontaire fut adopté en 1997. Le statut permet d’imposer des règles de protection sévères quant à l’usage des sols et l’accueil du public. La promenade est d’ailleurs la seule activité humaine actuellement autorisée. Un sentier pédagogique fait le tour du lac avec des panneaux explicatifs et un observatoire. Les résultats en termes de biodiversité sont spectaculaires. Avec le temps, le lac de Michelbach est devenu un lieu de nidification pour le gibier d’eau, les échassiers et les oiseaux hivernants. L’objectif principal aujourd’hui est de protéger les oiseaux. On réfléchit à un second barrage sur le même principe de réserve naturelle volontaire. On se trouve dans la situation paradoxale d’un milieu totalement artificiel créé par l’homme pour des besoins humains et colonisé par la faune, les oiseaux surtout.