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Strasbourg-Hautepierre : vue aérienne
Photo Patrick Bantzhaff - Voir géolocalisation
La silhouette de la cathédrale trône au dessus de la ville. Le rapport entre la dimension verticale de la flèche et l'extension horizontale de la vieille ville est toujours impressionnant. Dans la masse urbaine centrale, on repère à peine les cubes bruns des immeubles du centre des Halles, en avant, légèrement sur la gauche, et le vaste ensemble de couleur blanchâtre de l'Esplanade, à l'arrière de la cathédrale, quartier universitaire et résidentiel des années 1960. Ils permettent de repérer la zone péricentrale.
À l'arrière-plan, les lignes de la Forêt-Noire émergent d'une brume qui résulte probablement, au moins en partie, de l'accumulation de fumées et de particules dans le fossé rhénan, soumis à de fréquentes inversions de températures par temps stable. Quelques bâtiments blancs dans la forêt du Rhin, probablement des équipements portuaires, laissent deviner la localisation du fleuve.
La ceinture verte qui délimite le péricentre est elle bien visible. Elle n'a pas été laissée aux seuls arbres, l'autoroute nord-sud articulé à une rocade incomplète y a été installée. C'est sur cet appareil autoroutier que se greffe l'axe autoroutier ouest-est qui donne la belle perspective de la photographie. Autoroute de circulation intra-urbaine, autoroute de desserte périurbaine, autoroute de liaison régionale et interrégionale par la RN4 qui la prolonge : les mobilités de rayon différent s'y additionnent.
La totalité des espaces en avant de la photographie sont situé sur le ban communal strasbourgeois, c'est la banlieue. Quartiers récents, à l'organisation complexe cependant.
La partie gauche (au nord) est plus ancienne (début des années 1970). Un groupe d'immeubles posés selon un plan d'allure elliptique correspond à une partie du quartier de Hautepierre, l'une des dernières opérations de grands ensembles en France. Le plan à maille hexagonale et une toponymie de prénoms féminins en font le cauchemar des visiteurs extérieurs qui n'y trouvent pas les repères habituels. A gauche du groupe d'immeubles, un bâtiment brun, massif : le CHU de Strasbourg. Localisation périphérique désormais habituelle pour un équipement de centralité qui nécessite espaces et accessibilité aisée. A l'arrière de ces constructions récentes, on repère le Vieux Cronenbourg, ancien faubourg et première localisation de la brasserie ayant substitué un K au C du quartier pour nommer sa bière. De l'autre côté de l'autoroute, la cheminée est celle d'une centrale de chauffage urbain datant d'une époque où le rationalisme de l'aménagement n'avait pas anticipé les enjeux énergétiques actuels.
Au premier plan, de part et d'autre de l'autoroute, les formes commerciales courantes de la banlieue apparaissent nettement. L'impressionnant parking à gauche est celui du pôle structurant de ces nouveaux centres périphériques : l'hypermarché. Sortie autoroutière, voies d'accès, éclairages, décor signalant l'entrée du magasin : le paysage de la banalité est planté. Mais le quartier avait été pensé en termes de centralités fonctionnelles : le toit en toupie renversée est une église, côtoyée par un centre culturel et une salle de spectacle. Cela constitue-t-il de la ville ? Les autres constructions en font douter. Cubes ou bâtiments géométriques à peine plus élaborés posés les uns à côté des autres abritent chacun une enseigne commerciale : bricolage, automobile, vêtements discount. C'est le règne de la spécialisation fonctionnelle, de la juxtaposition sans pensée globale, de la métrique automobile d'où le piéton est exclu.
Les quartiers résidentiels à droite, qui comblent des espaces interstitiels libres, sont de conception récente : l'échelle est moins imposante, le modèle est celui de la maison urbaine, du petit collectif et d'une certaine mixité de type d'habitat et de fonctions, le réseau viaire y est hiérarchisé et permet les déplacements non mécanisés.
Cela sera-t-il suffisant pour constituer un tissu urbain cohérent et intégrer cette banlieue à l’agglomération ?