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Une des portes d’entree de Strasbourg : place de Haguenau
Photo Patrick Bantzhaff - Voir géolocalisation
La place de Haguenau est une des portes d’entrée de Strasbourg en venant du Nord de l’agglomération.
Le paysage urbain est celui d’une entrée de ville caractérisée par l’emprise importante des infrastructures de transport. La photo montre les lignes de chemin de fer qui convergent ici vers la gare centrale toute proche, les boulevards urbains, à droite sur la photo, formant une étoile incomplète autour de la place de Haguenau, et surtout, l’échangeur routier formé par l’autoroute A35 et son prolongement l’A351 qui passe sous les voies ferrées et la place de Haguenau. La place est également traversée par l’Aar, canal de dérivation de l’Ill longeant les anciennes fortifications à l’ouest et au nord de Strasbourg. Les voies ferrées, le canal, les routes et les bretelles d’entrée et de sortie des autoroutes s’enchevêtrent formant un paysage d’entrée de ville complexe et fonctionnel. Toutes ces infrastructures de circulation ont été bâties sur des espaces « vides » correspondant aux anciens glacis entourant les fortifications de Strasbourg. Cette ceinture large de 400 à 500 mètres était déclarée pour des raisons militaires, sorte de POS avant la lettre, non aedificandi, c’est-à-dire non constructible pour des habitations permanentes en dur. Bien que les fortifications proches de la ville soient devenues rapidement obsolètes, puis déclassées, ces espaces ont longtemps échappé à l’urbanisation. Et dans les années 60, au moment où Strasbourg se dote des premières autoroutes, c’est sur cet ancien glacis dont les terrains ont été cédés par l’Armée, qu’on va les faire passer.
La photo montre bien la discontinuité que l’ancien glacis introduit dans le tissu urbain entre la ville historique et ses banlieues. Au nord (en haut à gauche de la photo), s’alignent «les fronts» de Schiltigheim, commune de la proche banlieue strasbourgeoise peuplée de 31 000 habitants (2006) et séparée de Strasbourg par une vaste zone de jardins familiaux. Ces « fronts urbains » qui se détachent nettement au soleil couchant, ont donné lieu à d’importantes opérations immobilières dans le cadre de la réhabilitation d’anciennes friches industrielles. L’ancien glacis, devenu ceinture verte et réserve foncière, est aujourd’hui presque entièrement urbanisé. Les espaces verts résiduels sont localisés dans les angles morts des bretelles d’accès à l’autoroute et le long des remblais de l’A351. Au premier plan, la Maison du bâtiment, contemporaine des transformations que connait le quartier dans les années 60 avec la construction de l’autoroute, domine de toute sa hauteur et, sans commune mesure avec elle, la place de Haguenau, où un parc urbain a été aménagé dans l’îlot central pris entre les deux bretelles d’entrée et de sortie de l’autoroute. Cette place qui constitue la porte d’entrée de Strasbourg au débouché de l’autoroute A4, n’est qu’un vaste giratoire de répartition de la circulation entre le centre et la périphérie. Au deuxième plan, l‘ancien glacis est entièrement occupé par l’A351 qui dessert le quartier du Wacken, les institutions européennes et, au-delà, le quartier de la Robertsau. Le long de cet axe que suit le canal de l’Aar, on a maintenu de faibles densités de constructions. L’espace est occupé par des équipements sportifs, scolaires (collège et lycée Kléber) et institutionnels (Parlement européen). On peut apercevoir à droite de l’image une partie de la ville allemande construite entre 1880 et 1918. Les rues bordées de beaux immeubles de 4 ou 5 étages aux toits d’ardoise grise partent en étoile de la place de Haguenau. Elles recoupent de larges boulevards de ceinture – ici les boulevards Clémenceau et Wilson- qui organisent le tissu urbain dense et régulier du Nouveau Strasbourg de l’époque allemande. Les bâtiments militaires y occupent encore des surfaces importantes comme l’ancienne Ecole militaire le long du boulevard Clémenceau dont les bâtiments de briques rouges disposés autour d’une immense cour carrée sont bien visibles sur l’image. La place de Haguenau se situe aussi à l’une des deux extrémités de l’axe urbain qui, par les avenues des Vosges et de la Forêt Noire, traverse tout Strasbourg d’ouest en est jusqu’au Rhin. Avant que ne soient mises en service les autoroutes urbaines, une bonne part du trafic vers le port aux pétroles, le port du Rhin et l‘Allemagne empruntait cet axe urbain. Aujourd’hui, les camions n’empruntent plus l’avenue des Vosges, mais le boulevard à l’entrée de la place de Haguenau connait toujours un trafic important compris entre 10 000 et 20 000 véhicules par jour (2006).
De nos jours, c’est l’A35 qui est devenue l’artère majeure des déplacements à l’intérieur de l’agglomération strasbourgeoise. Cette rocade construite dans les années 60 au-delà de la gare de chemin de fer, des fortifications et de l’Aar sur l’ancien glacis, supporte actuellement un trafic très important. En moyenne journalière annuelle, le trafic est d’environ 160 000 véhicules dont 18 000 poids lourds, et il peut atteindre quotidiennement 200 000 pendant une cinquantaine de jours dans l’année à hauteur du centre ville, entre la sortie de la place de Haguenau (sur la photo) et celle du Bd Wilson. L’A351 a un trafic moyen journalier de 42 000 véhicules (2008). Il en résulte des bouchons aux heures de pointe lesquelles s’étendent sur des plages horaires de plus en plus larges. On imagine aussi les conséquences en termes d’insécurité, de temps perdu, de bruit et de pollution. L’A35 est ainsi devenue une voie urbaine vitale dans les liaisons internes de l’aire urbaine strasbourgeoise. Mais elle n’assure pas que les déplacements à l’intérieur de l’agglomération ou en échange avec elle, elle assure également la fonction de transit nord-sud en Alsace. Le trafic de transit représente environ 22% du trafic total des voitures et 31% de celui des camions. Pour détourner ce trafic de transit qui circule à deux pas de la Cathédrale et du centre historique, un nouveau contournement autoroutier est envisagé plus à l’ouest, le Grand Contournement Ouest, qui soulève une vive contestation dans les communes riveraines du projet. Aujourd’hui, l’urbanisation a créé de nouvelles entrées de ville situées à la périphérie de l’agglomération strasbourgeoise. À Mundolsheim au nord ou la Vigie au sud, les entrées de ville sont de grandes zones d’activités commerciales localisées à proximité d’une sortie d’autoroute et accessibles depuis la ville comme depuis la campagne. La place de Haguenau comme entrée de ville se situe aussi à l’articulation de ces deux échelles intra- et inter-urbaines.