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Strasbourg : centre commercial de la place des Halles
Photo Henri Kniffke - Voir géolocalisation
Le Centre commercial des Halles a ouvert ses portes en 1979. Il est situé le long du canal dit des faux-remparts qui limite l’hyper-centre (du côté où la photo a été prise). Ce centre commercial a remplacé un ancien marché couvert qui, faute de véritable halle adaptée, a ensuite disparu. C’est l’emplacement de la première véritable gare de Strasbourg, inaugurée en 1854. Gare de rebroussement comportant trop peu de voies, elle a été remplacée dès 1883 par une nouvelle gare, encore en service aujourd’hui. C’est également ici que s’érigeait une synagogue construite en 1898 et qui fût incendiée par les Nazis en 1940. Aucun bâtiment n’est construit à cet emplacement, il est dédié à un square au pied de la tour Caisse d’Épargne.
L’ensemble de l’offre commerciale (120 boutiques et restaurants) est localisé à l’intérieur, le long d’allées urbaines fermées. C’est dans ce centre commercial que le premier restaurant Mac Donald de France a ouvert. Ce type de centre commercial institue des espaces privés à usage public, ce que certains dénoncent comme la ville franchisée. L’opération comprend aussi plusieurs immeubles voués à constituer un centre économique de l’agglomération : banques, Gaz de Strasbourg, hôtels destinés aux hommes d’affaire, et diverses entreprises de tertiaire supérieur s’y sont localisées.
Le centre commercial des Halles est un exemple tardif d’une forme urbaine qui s’est développée dans les grandes villes françaises dans les années 1970 comme la Part-Dieu à Lyon ou Mériadeck à Bordeaux. L’ensemble constitue un môle bâti sur une dalle surélevée, à forte dimension verticale. Il n’y a aucune vitrine sur la rue, seuls quelques accès, nécessitant d’emprunter un escalier, existent de sorte que l’ensemble constitue une césure urbaine très marquée à l’échelle du piéton. L’accès automobile est en revanche facilité avec des raccordements aux autoroutes et des parkings souterrains sous le centre et en silo à l’arrière. La bifurcation politique de 1989, qui s’est effectuée sur le tramway et une nouvelle conception de l’espace public dans la ville, a logiquement conduit à mettre en place une meilleure intégration de cet ensemble dans le tissu urbain. L’accès au centre commercial par le pont piéton, qu’on voit à droite de la photographie, se faisait par un passage souterrain, sous une voie de circulation très passante. La mise en place du tramway a été l’occasion de libérer cet espace de la circulation automobile pour en faire une vaste esplanade de plain-pied autour de la station de tram, l’une des plus fréquentées de la ville. Cet espace a été agrémenté en 1994, d’une sculpture women walking in the sky de Jonathan Borofsky qui émerge comme un signal. Les quais ont été réaménagés en espace de promenade.
Finalement, ce centre commercial issu d’un urbanisme fonctionnel tournant le dos au tissu urbain existant a pu être réintégré à la vie urbaine et constitue aujourd’hui un prolongement du centre tout proche, sans véritable rupture à l’échelle des mobilités non mécanisées. L’ouverture d’un centre commercial d’une nouvelle génération en 2008, Rivétoile, en position péricentrale sur les Fronts de Neudorf, à proximité des anciens espaces portuaires de l’îlot Malraux, questionne le commerce du centre-ville dans son ensemble. La Caisse d’Epargne s’y est localisée. A son ouverture, le centre des Halles était vu comme un concurrent par les commerçants du centre. Il semble désormais avoir davantage un destin commun avec eux, celui du maintien d’une activité commerciale dynamique et attractive dans l’espace central. Il est certain que la qualité urbaine des espaces publics requalifiés concourt grandement à cet objectif.