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Une entrée de ville : la place de Bordeaux
Photo Giljean Klein - Voir géolocalisation
Les noms de plusieurs rues et places de Strasbourg gardent la mémoire des évènements de 1870-1871. C’est le cas de la place de Bordeaux et de plusieurs rues avoisinantes comme le boulevard Jacques Preiss ou les rues Gambetta, Teutsch et Kable qui portent le nom des députés alsaciens protestataires qui refusèrent en 1871, à Bordeaux où s’était repliée l’Assemblée nationale, l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine.
La place de Bordeaux dont on a ici une vue panoramique, avec un horizon courbe d’où se détachent la flèche et la plateforme de la Cathédrale, est une des plus grandes places de Strasbourg. Comme la place de Haguenau, celle de Bordeaux est une entrée de ville.
Tout d’abord par son emplacement à la limite de la ville dense et des faubourgs. La place est située entre la ville nouvelle allemande, la « Neustadt » édifiée dans les années 1900 et les proches banlieues de Schiltigheim et de la Robertsau, dans une zone non-constructible qui se trouvait en avant des anciennes fortifications. Cette zone de transition, aujourd’hui intégrée à la ceinture verte, a été progressivement urbanisée, mais elle garde encore un aspect très verdoyant comme le montre la photo, avec un parc et un square, de nombreux alignements d’arbres, la pelouse du terre-plein central où se trouve une sculpture du plasticien français Bernar Venet, et l’engazonnement de la ligne du tram qui dessert le quartier du Wacken, les institutions européennes et la banlieue nord de Strasbourg.
Entrée de ville, la place l’est aussi par son aménagement pour la circulation. Elle est bien reliée au réseau autoroutier et de larges avenues convergent vers un immense rond-point donnant accès au centre-ville, aux banlieues nord et à l’ensemble de l’agglomération via les autoroutes urbaines. Articuler les flux de circulation aux différentes échelles spatiales du local à l’interurbain est la fonction principale de ces carrefours d’entrée de ville. Le trafic automobile y est important : 43 700 véhicules en moyenne (2011) transitent quotidiennement par la place de Bordeaux dont 17 400 sur l’avenue Herrenschmidt qui mène vers l’autoroute et Schiltigheim.
C’est à partir des années 50 que cette zone non-aedificandi est progressivement urbanisée. On y trouve les terrains disponibles pour l’installation des grands équipements urbains du Strasbourg de l’après-guerre. Un seul côté de la place de Bordeaux était alors urbanisé. C’est celui qui fait la limite du quartier « allemand » tout au fond de la photo en direction du centre-ville. La Maison de la Radio avec sa tour émettrice qui pointe au-dessus de la place est construite entre 1953 et 1956 après la décision du gouvernement de créer des stations régionales de Télévision. Le bâtiment abrite le siège de France 3 Alsace et un auditorium. La façade est décorée d’une très grande fresque en céramique, « La création du monde » réalisée en 1961 d’après les dessins de Jean Lurçat. L’antenne a servi d’émetteur régional de télévision de 1953 à 1964 jusqu’à son remplacement par celui plus puissant de Nordheim vers lequel il n’assure plus que des liaisons hertziennes. En face de l’Auditorium de FR3 Alsace se trouve un des grands lycées strasbourgeois, le lycée Kléber, construit entre 1956 et 1961. Comprenant aujourd’hui le collège, le lycée et des classes préparatoires aux grandes écoles, l’établissement occupe un vaste campus abritant un grand ensemble sportif et de nombreux bâtiments de briques rouges, en ordre dispersé, reconnaissables à droite de la photo.
Le panoramique de la place de Bordeaux est pris depuis le toit d’un grand hôtel construit dans les années 70 qui forme le dernier côté de la place. Ces activités tertiaires à forte centralité donnent une identité à la place de Bordeaux mais la place se définit d’abord par sa fonction de carrefour de circulation. Conçue comme entrée de ville, elle est aujourd’hui entièrement incluse dans le tissu urbain. Les nouvelles entrées de ville se situent plus loin à la limite de l’agglomération.