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Brumath : vue aérienne
Photo Patrick Bantzhaff - Voir géolocalisation
Brumath, petite ville à moins de vingt kilomètres au nord de Strasbourg.
La cité se déploie le long de son axe sud-est nord-ouest, direction le prise de vue. On repère bien le vieux coeur, dense et continu, qui se distingue des quartiers périphériques plus récents, surtout des lotissements à l'espacement intercalaire marqué. Les alignements de maisons dessinent tour à tour de simples formes rectilignes ou des configurations plus courbes, autour de rues aux aménagements étudiés. Pour peu, on se croirait dans une commune résidentielle ordinaire de la périphérie strasbourgeoise.
Brumath, avant d'être gagnée par la périurbanisation, était un ancien bourg localisé en bordure de la vallée de la Zorn (partie gauche de la photo), en tête de l'insensible cône de déjection de la rivière vers les basses terrasses du Rhin. De part et d'autre de la vallée de la Zorn se déploient les hauteurs relatives du Kochersberg, c'est ici visible à l'arrière plan à droite, avec son paysage de champs ouverts sur sols loessiques, parmi les plus fertiles qui existent.
Brumath est certes cela, bourgades en voie de périurbanisation, mais elle est sans doute davantage. Son originalité se laisse à peine voir. La ligne de chemin de fer d'abord, qui borde les habitations à la sortie nord-ouest. Mais surtout l'autoroute qui longe le bois et prolonge son ruban d'asphalte à travers champs. Pas d'effet tunnel ici : une sortie au sud, une sortie au nord, et un important échangeur où, venant de Strasbourg, les flux se dirigent vers Haguenau au nord ou vers Saverne et, au delà du col, vers la "France de l'intérieur". Le péage a été repoussé de haute lutte plus au nord lors de l'ouverture de l'autoroute à la fin des années 1970 et les seuls octrois sont désormais ceux du temps passé dans les encombrements quotidiens, de plus en plus importants.
La desserte n'est pas subie. Elle a été une opportunité saisie pour y développer des activités économiques dynamiques : la gravière et la zone de loisirs, à gauche du cadre de la photo ne sont pas visibles. Une importante zone d'activité a été développée entre voie ferrée et autoroute, à proximité de l'échangeur, s'appuyant sur une bonne accessibilité, à proximité de Strasbourg. Un multiplexe cinématographique a été implanté à proximité, véritable pôle de loisir du nord de l'agglomération. L'opération a été menée en association originale avec un exploitant de salles d'art et essai du centre de Strasbourg. L'argument géographique de la distance peut être entendu : mieux vaut soutenir l'inévitable multiplexe qui s'implanterait assez loin du coeur culturel de la métropole plutôt que de le voir se localiser à proximité. Cela n'a pas suffi à empêcher l'installation d'un multiplexe concurrent dans le péricentre strasbourgeois.
La panoplie n'est pourtant pas complète : Brumath n'a pas de zone commerciale ni d'hypermarché, la grande ZAC du nord de l'agglomération est à quelques kilomètres plus au sud. Subsistent à Brumath une demi-douzaine de moyennes surfaces en centre-ville et autant de boulangeries ou de coiffeurs. La vie locale existe encore.
La croissance démographique soutenue, elle a surtout été forte entre 1975 et 1982, n'a pas transformé la ville en cité dortoir. Il y a plus de 4000 emplois sur place, mais moins de 1500 Brumathois les occupent. Ils sont plus de 2500 à travailler ailleurs, autant que les migrants pendulaires qui effectuent le trajet inverse. 2500 déplacements dans chaque sens, donc. Mais l'impression de grand mouvement brownien concerne également les résidents : près d'un tiers des habitants de la commune en 1999 n'y résidaient pas en 1990, ils sont pour l'essentiel originaire du Bas-Rhin. Le turn-over résidentiel existe aussi.
Complexité des mobilités qui brassent les femmes et les hommes, qu'il s'agisse des migrations de travail ou de changement de résidence. Stabilité d'un commerce de proximité en centre-ville et d'une vie locale. Desserte autoroutière importante et migrants pendulaires nombreux. Zones d'activités dynamiques et fonctions de centralité. Brumath en développant un modèle de pôle secondaire en situation périurbaine maîtriserait-elle sa situation ? Ou n'y a-t-il là qu'un effet d'optique pour une commune sans autonomie sur son orbite strasbourgeoise ?