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Le gothique international

Page mise à jour le 24/06/2011

La Crucifixion au Dominicain Le Doute de Joseph La Nativité de la Vierge Saint Jean au Calvaire
Le Christ en croix Dalle funéraire du chanoine Johann de Reichstett Saint Paul La Vierge à l'Enfant de Marienthal
La Vierge à l'Enfant d'Huttenheim La Vierge à l'Enfant d'Eschau La Vierge à l'Enfant Le receveur
Scène d'un roman courtois avec des hommes sauvages Ste Madeleine et les Apôtres Mémorial de la commanderie Saint-Jean de Strasbourg Lettre de serment

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Contexte d'émergence

Hermann Schadeberg est un artiste polyvalent. Il peint des tableaux de chevalet, dessine des cartons pour des vitraux, des sculptures et des tapisseries. Il est aussi peintre de bannière, enlumineur et doreur, et il réalise des polychromies de sculptures. La Crucifixion au Dominicain, chef-d’œuvre de l’art rhénan du début du XVe siècle, lui a été récemment attribuée par Philippe Lorentz. On y retrouve toutes les caractéristiques du style gothique international: attitudes et gestes précieux, drapés au plis souples, couleurs vives et brillantes sur fond d’or...

Le Maître du Paradiesgärtlein, autre artiste de talent travaillant à Strasbourg au début du XVe siècle, est le créateur d’une des peintures les plus célèbres de l’art courtois, le Jardin de Paradis. Ce petit tableau de dévotion se trouve actuellement au Städelsches Kunstinstitut à Francfort. Même s’il peut évoquer un jardin d’amour, lieu de rencontre et de plaisir inspiré de la littérature courtoise, ce tableau n’est pas une peinture profane puisqu’il représente la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus, l’archange saint Michel et saint Georges. Ce mélange des genres est néanmoins caractéristique de cette période. Plusieurs autres œuvres présentant en effet des caractéristiques stylistiques communes ont été attribuées à ce peintre, telles que La Nativité de la Vierge et Le Doute de Joseph, œuvres conservées au musée de l'Œuvre Notre-Dame à Strasbourg.

Strasbourg, foyer de l'art gothique international

Si Strasbourg est un grand centre de production de sculpture en grès (chantier de la cathédrale), on y fabrique aussi des pièces en bois et en terre cuite. Le culte voué à la Vierge Marie est très important en cette période troublée. De très nombreux lieux de pèlerinage lui sont consacrés en Alsace, comme à travers toute l’Europe. Le thème de la Vierge à l’Enfant est donc fréquent. Originaires de bohême, les Belles Madones sont des sculptures en ronde-bosse représentant la Vierge debout tenant l’enfant Jésus dans ses bras. Ce type de sculpture se caractérise par la tendresse de la relation entre la mère et l’enfant, l’attitude naturelle de l’enfant, la beauté de la Vierge et les drapés amples de son manteau . Elles sont caractéristiques du style gothique international. La Vierge à l’Enfant de Marienthal appartient à ce groupe des Belles Madones.

La production des tapisseries autour de 1400 s’inscrit dans le même esprit raffiné. Des grandes tentures sont réalisées pour être accrochées dans les chœurs des églises les jours de fêtes. Des tapisseries à sujet profane inspiré de la chevalerie décorent les maisons bourgeoises. Celles-ci sont aussi décorées de fresques. L’influence du style international se remarque également dans les enluminures des manuscrits qui, à cette époque, ne sont plus réalisées seulement par des moines. La demande de livre ayant en effet augmenté, les ateliers se sont multipliés dans les grandes villes. Des peintres exécutent des miniatures au style raffiné.

Il y avait à Strasbourg, au début du XVe siècle, une douzaine de maîtres orfèvres. Peu de pièces nous sont parvenues car les métaux précieux étaient souvent fondus. Si beaucoup d’œuvres de cette période ont été détruites par la suite, à cause des crises iconoclastes et des guerres, la qualité des pièces conservées nous permet d’apprécier l’importance du foyer artistique strasbourgeois autour de 1400.

Commentaire des illustrations par Thierry Amarger.