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Rapport sur l’organisation de la communauté des jardiniers, 7 juillet 1790
© Archives de Strasbourg (43 MW 142)
La sclérose des corporations et le libéralisme économique ont entraîné la disparation des corporations à la fin du XVIIIe siècle. Celle des jardiniers est dissoute et liquidée, comme toutes les autres corporations existant en France, par le décret Allarde (loi des 2 et 17 mars 1791). Néanmoins, l’abolition des privilèges le 4 août 1789 avait déjà permis à tout citoyen d’exercer librement un métier et le décret du 12 décembre 1789 avait mis fin aux fonctions électorales des corporations. À Strasbourg, les vingt corporations tentent de défendre leurs prérogatives. C’est dans ce contexte qu’est rédigé ce rapport du corps municipal sur l’organisation de la communauté des jardiniers de Strasbourg. L’auteur insiste sur la spécificité de cette communauté, sur leur revendication légitime à former une association distincte et témoigne de leur inquiétude devant le bouleversement apporté par la constitution nouvelle.
Les citoyens cultivateurs, jardiniers, laboureurs forment une des classes les plus nombreuses des habitants de cette ville et dans l’ordre des coporations anciennes une des tribus les plus intéressantes ; établi dans les différents quartiers de la ville et de la banlieue, ils rentrent aujourd’hui comme citoien dans l’organisation constituionelle par cantons des citoyens actifs de cette commune. Ce n’est plus comme membres d’une association particulière mais comme domiciliés de tel canton qu’ils participent à l’exercice des droits de cité ; mais combien ne restent ils pas d’intérêts communs, combien de motifs de réunion pour cette classe laborieuse de citoien occupés de la culture de nos champs et des nombreux jardins qui environnent notre Ville ? (…) La culture des terres, le plus libre des arts ne peut être considéré comme l’objet ni d’une jurande ni d’une maitrise dans le sens propre de ce mot, mais elle est et doit être l’occasion, le point central, le caractère distinctif d’une association à laquelle puisse se rallier tous ceux dont l’industrie et la profession particulier serait de vivre des productions de cette culture. Les cultivateurs, jardiniers, laboureurs peuvent donc et doivent en tout ordre de choses pouvoir former a raison des interes de leur culture une communauté particulière et distincte quoique d’ailleurs confondu comme citoyens dans les différentes section de la grande famille qui represente la commune (…).