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Strasbourg : l’Aubette, unique réalisation d’un vaste projet d’urbanisme
Photo Giljean Klein - Voir géolocalisation - Voir base Mérimée
La longue façade rectiligne de cet immeuble d’une facture néo-classique assez austère ferme, sur sa face nord, l’emblématique place Kléber. On a bien oublié aujourd’hui la destination militaire de cette bâtisse prévue pour abriter un corps de garde, la chambre des logements militaires et un local où se donnaient, en principe à l’aube, les mots d’ordre pour la garnison. Édifiée vers 1770, l’Aubette s’articule autour d’un avant-corps central, couronné d’un fronton triangulaire et d’un toit en pavillon ainsi que d’un rez-de-chaussée en appareil à refends percé de hautes ouvertures en plein cintre.
Sa construction s’inscrit dans un vaste et ambitieux projet d’aménagement de la ville suscité par le duc de Choiseul, premier ministre de Louis XV et dont l’exécution est confiée à l’architecte Jacques-François Blondel. Ce dernier envisage de faire de la place d’Armes (la future place Kléber, dont on aperçoit sur la droite du cliché la statue) un espace architectural cohérent en lui donnant la forme d’un fer à cheval. Il imagine d’occuper son arrondi, à l’ouest, par un nouveau théâtre dont un portique renforce la monumentalité, d’infléchir ses deux côtés, au nord et au sud, en les dotant de façades construites uniformément selon un programme monumental. Mais la conjoncture défavorable des années 1770-1790 et le mauvais état des finances municipales font échec au projet dont l’Aubette aura été l’unique réalisation. Son architecture stricte a, de surcroît, déçu les Strasbourgeois encore habitués aux efflorescences du rococo et du style Régence tardif.