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Murbach : abbatiale Saint-Léger
Photo Giljean Klein - Voir géolocalisation - Voir base Mérimée
Au cours des siècles, l’abbaye de Murbach est devenue l'une des principales puissances temporelles de Haute-Alsace. Une abbaye bénédictine avait été fondée en 726 par Saint Pirmin, mais dévastée par les Hongrois dans le premier quart du IXe siècle. L’abbatiale Saint-Léger a commencé à être construite dans le second tiers du XIIe siècle, selon un plan qui a été respecté jusqu’au bout du chantier. Même son incendie en 1382 n’a pas empêché sa reconstruction immédiate. Au début du XVIIIe siècle, on a projeté de reconstruire l’église abbatiale dans le goût de l’époque. Le chantier commença en 1738, mais n'a guère avancé. En 1765, les moines abandonnent l’église, qui devient paroissiale. Sa nef est démolie et les pierres servent à construire le presbytère de Lautenbach-Zell.
Les vestiges de l’église du XIIe siècle subsistent partiellement, en élévation. Il s’agit du chœur et du transept, entièrement construits en grès rose et blanc. Le transept présente encore, sur son mur ouest, la trace des solins des toitures et les arcs cintrés qui le reliaient à la nef et aux bas-côtés. Sa croisée, haute de dix-huit mètres, est voûtée en croisée d’ogives, alors que les deux travées qui la flanquent sont voûtées en berceau et comportent un étage en voûte d’arêtes. Les parties hautes sont accessibles par des escaliers ménagés dans les murs. Les travées extérieures du transept sont surmontées de tours carrées. Ce choix de deux tours sur transept est une influence clunisienne.
Le chœur proprement dit est formé de deux travées sous une seule croisée d’ogives. Son mur ouest est percé de deux rangées superposées de trois baies, élément que l'on trouve aussi à Limburg-in-der-Hardt. Il communique par de grandes arcades cintrées, avec les bas-côtés de deux travées ; ceux-ci sont surmontés de chapelles hautes.
Ce qui frappe, à Murbach, est la monumentalité du chevet, qui est la première chose que le visiteur voit en arrivant. On lui a donc donné l’aspect d’une façade occidentale et on l’a décoré avec des éléments sculptés, à l’instar de ce qui se faisait en Italie du Nord. Ainsi, le troisième niveau du chevet est percé d’une arcature où alternent dix-sept colonnettes et pilastres et seize arcades cintrées. Au pignon de ce chevet, six reliefs montrent la Pénitence, l’Eucharistie, des lionnes, des oiseaux, des éléments végétaux, des têtes pendues à des branches d’arbre. Au pignon du bras sud du transept, cinq reliefs se déploient, avec notamment des scènes de chasse. La porte d’entrée dite des Lions, percée dans le mur est du transept sud, présente des lions affrontés entourés de pampres.