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Ebersmunster : abbatiale Saint-Maurice - nef et choeur
Photo Giljean Klein - Voir géolocalisation - Voir base Mérimée
L’intérieur apparaît comme un espace aéré et lumineux. Pour la nef Thumb, s’inspirant fortement d’églises situées en Souabe, opte pour le plan à contreforts intérieurs qui détermine comme une nef unique voûtée en berceau et couverte d’une succession de coupoles à pendentifs. Entre les contreforts sont installées, en retrait, des chapelles surmontées de tribunes. Deux fenêtres hautes par travée dispensent un éclairage abondant mettant en valeur le décor des voûtes.
Au niveau du transept, l’espace se resserre graduellement, grâce à deux autels monumentaux judicieusement placés, de manière à ce que le regard converge vers le maître-autel à baldaquin situé dans le chœur. Point focal du sanctuaire, le maître-autel est surmonté d’une couronne qui s’élève jusqu’à la voûte. Entièrement réalisé en bois peint en faux marbre et doré, il porte un décor d’arabesques, de fleurs, de feuillages et d’anges. Trois des tableaux du retable incurvé qui borde l’autel sont encore visibles. Le chœur abrite aussi de belles stalles, sculptées par un moine convers à la fin du XVIIe siècle, et dont la facture demeure fidèle à l’esprit de la Renaissance avec leurs dorsaux à niche abritant des statues de saints alsaciens.
L’abbatiale Saint-Maurice reste, en Alsace, le meilleur exemple d’art baroque. Cette forme d’art est d’abord, dans la région, l’expression d’un mouvement de restauration catholique amorcé dans la seconde moitié du XVIIe siècle et qui cultive l’ostentation et la profusion, jouant du mouvement, de la lumière et de la couleur. Néanmoins, si on la compare à son illustre modèle, l’abbaye souabe de Weingarten, l’un des joyaux de l’école des entrepreneurs-architectes du Rhin supérieur, son architecture d’une beauté sévère et son décor à l’exubérance très contenue semblent manquer d’audace. Et de fait, l’art baroque en Alsace s’est tenu, même dans son expression la plus accomplie, à l’écart des outrances ou de la surcharge. Ce monument témoigne en second lieu des liens qui, trois quarts de siècle après les traités de Westphalie, continuent à unir l’Alsace à l’empire germanique. Nombre d’artistes, et pas seulement Thumb, sont originaires d’outre-Rhin. L’abbatiale nous rappelle opportunément toute l’importance de la dualité culturelle et artistique de l’Alsace, particulièrement marquée au XVIIIe siècle.