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Ottwiller : ferme à double schopf; Petersbach : encadrement de porte
Photo Giljean Klein
Dans cette enclave alsacienne sur le plateau lorrain, le type de construction traditionnel est une variante à la fois de la maison vosgienne et de celle de la plaine alsacienne. Comme dans la Lorraine voisine, la maison est ici parallèle à la rue et la façade sur rue est précédée d’une sorte de cour non close, l’usoir. Les constructions sont mitoyennes entre elles.
L’on a affaire à des maisons-blocs abritant sous un toit unique le logis d’habitation et les bâtiments d’exploitation. L’étable et la grange sont précédées d’un appentis, le schopf. Ici, on a même un double schopf protégé par des bardeaux de bois. L’espace qu’il délimite sert à abriter les chariots, les instruments aratoires, les réserves de bois et les clapiers. Son toit de tuiles est dans le prolongement de celui de la maison mais avec une pente moins importante. La construction réserve une large place à la pierre.
L’apparition et l’évolution du schopf sont à mettre en relation avec les transformations récentes de la vie économique et sociale des communautés villageoises d’Alsace bossue. À partir du début du XIXe siècle, l’élevage se développe dans le pays et remplace peu à peu le système de polyculture traditionnelle. Cette situation modifie et multiplie les usages relatifs à la grange et à l’étable. Le manque de place et l’utilisation plus fréquente des deux bâtiments justifient en façade la construction d’un appentis servant à la fois d’abri et d’entrepôt. Par ailleurs, la disparition progressive des usages communautaires permet de remettre en question le statut ambigu de l’usoir considéré comme un terrain privé, semi-public ou public selon les cas. Au XIXe siècle, on assiste à une privatisation progressive de cet espace, peu à peu récupéré par les riverains.
L’élément décoratif essentiel et caractéristique du pays est l’encadrement en pierre de taille de la porte d’entrée. La présence de cette porte à caractère monumental, qui orne l’entrée de la modeste maison d’un potier, est plutôt inattendue dans un village. Pourtant, ce type de porte est courant dans la région. Un grand linteau débordant surmonté d’une corniche couronne le sommet de la porte. Les jambages sont ornés de rinceaux et doublés de part et d’autre d’une colonnette dont le chapiteau à volutes soutient un oiseau de proie (aigle impériale ?).