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La maison rurale alsacienne
dans son unité et sa diversité (1680-1850)

Truchtersheim : grande ferme à cour fermée

Truchtersheim : grande ferme à cour fermée
Photo Giljean Klein - Voir géolocalisation - Voir base Mérimée

Cette vaste propriété à cour fermée, édifiée en 1763 puis reconstruite en 1844, est probablement celle d’un gros exploitant du village. La ferme présente son long pan sur la rue, les portes charretières et piétonnes en plein cintre donnent accès à une vaste cour où sont disposés grange, étable, fenil, remise à outils, etc. Le bâtiment qui fait face à la maison d’habitation sert de logement aux nombreux valets et journaliers travaillant en permanence ou de manière saisonnière dans l’exploitation.

La légendaire fertilité du Kochersberg, liée à son épais manteau de loess, en fait le grenier à blé d’Alsace. Mais c’est aussi le pays de l’injustice sociale, en raison de coutumes de succession en vigueur jusqu’au début du XXe siècle en vertu desquelles un seul enfant hérite de tout.

Au sein même du village existe, plus particulièrement aux XVIIe et XIXe siècles, une hiérarchie qui se manifeste par la présence au centre des villages des fermes cossues, bien ordonnancées, des laboureurs, qualifiés de Rossbüre parce qu’ils sont propriétaires de plusieurs chevaux. Possédant de dix à vingt hectares de bonnes terres qu’ils exploitent avec de nombreux domestiques ou valets de ferme, ces paysans riches et influents dirigent le village en occupant les fonctions de maire et d’échevin. Autour de leurs fermes s’égrènent les maisons plus modestes des petits propriétaires exploitants, ou Kühbihrle (paysans labourant avec des vaches) puis, à l’entrée du village, les maisonnettes sans étage des journaliers ou manouvriers, simples ouvriers agricoles qui vendent leur force de travail. Possédant certes quelques modestes biens (lopins de terres de quelques ares, poules, cochons), ils sont souvent contraints d’emprunter au grand fermier ses chevaux, ses instruments agricoles pour les labours ou ses grains pour faire la soudure et sont endettés en permanence. Enfin, à l’écart du village, vivent les nécessiteux, les familles indigentes, mises véritablement au ban du village, subsistant d’expédients et de charité publique.

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