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Orbey : ferme de montagne
Photo Giljean Klein - Voir géolocalisation
Dans cette commune francophone de montagne, les hameaux, dans lesquels vit près de la moitié de la population, se substituent nettement au village, l’habitat dispersé à l’habitat groupé. De taille imposante, les maisons caractéristiques du val d’Orbey sont souvent d’anciennes métairies de l’abbaye de Pairis, récupérées par les cultivateurs à la Révolution. Elles sont tournées vers l’élevage et la production de fromages.
Cette ferme se présente comme un bâtiment monobloc dont les locaux principaux, habitation, grange et étable, sont dans un même alignement et s’ouvrent sur un usoir jouxtant la route. Les murs de cette maison basse et trapue, construits en moellons de granit et de grès, sont directement fondés sur la roche. La pierre taillée se retrouve dans le soubassement, les chaînages d’angle, les encadrements de fenêtre et de porte et les marches du perron.
La façade est percée de nombreuses fenêtres, le plus souvent doublées. La ferme est coiffée d’une toiture fruste à la pente très forte (60°) à cause de la neige : la chaume de seigle, matériau traditionnel de couverture, tombant à hauteur d’homme, a disparu au tournant du XXe siècle, remplacée successivement par la tuile plate, l’ardoise hexagonale d’Angers puis par la tuile mécanique.
Un corridor donnant sur un perron de cinq marches en granit sépare les deux parties de l’exploitation. À droite, la zone habitation abrite un grand appartement dont la salle de séjour occupe l’angle de la maison. Elle est entourée par la cuisine, le four à pain, l’atelier d’hiver et deux chambres.
On trouve, au premier étage, cinq chambres et un débarras et, sous l’habitation, trois caves pour le fromage et les pommes de terre. La zone exploitation comporte un atelier de fromagerie : dans cette pièce chauffée toute l’année à température constante (28°), tous les membres de la famille exécutent les premières phases de la fabrication du fromage, du caillage à l’égouttage. En raison de sa chaleur constante, la fromagerie remplace à certains moments de l’année la salle commune et sert de salle de réunion. Plus loin la grange, l’étable et la remise. Au-dessus de l’étable, un vaste fenil.
Bien que l’architecture des maisons vosgiennes se caractérise par une extrême sobriété, un ensemble de détails décoratifs comme l’importance de la pierre taillée manifeste de façon ostentatoire la catégorie sociale du constructeur. Les fermes aisées présentent ainsi des perrons plus hauts, des chaînages d’angles à harpes et besaces, des encadrements de porte et de fenêtres en pierre. C’est le cas ici : les encadrements des portails de la grange et de la remise sont surmontés d’un arc en anse de panier qui porte chaque fois des clés décorées de motifs végétaux. Les montants de la porte d’entrée sont moulurés et s’appuient sur deux massifs décorés de motifs géométriques.