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Le pouvoir royal et l’architecture

Page mise à jour le 24/06/2011

Colmar : palais du Conseil souverain Colmar : palais du Conseil souverain - entrée Colmar : séance du Conseil souverain (1698) Strasbourg : hôtel du préteur royal
Strasbourg : hôtel du préteur royal - portail d'honneur Armand-Gaston de Rohan (vers 1740) Strasbourg : palais des Rohan -  vue de la cathédrale Strasbourg : palais des Rohan - façade sur l'Ill
Strasbourg : palais des Rohan - cour d'honneur Strasbourg : palais des Rohan - portail d'honneur Saverne : château des Rohan - vue aérienne Saverne : château des Rohan - façade sur jardin

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Le XVIIIe siècle connaît en Alsace une très grande vitalité artistique, spécialement à Strasbourg. La province la doit à près d’un siècle de paix, à l’opposé d’un XVIIe siècle trop souvent traversé de guerres et de destructions. Avec le retour de la paix, la construction comme la production architecturale retrouvent un dynamisme qui les avait quittées presque tout au long du siècle précédent. Elle le doit aussi à la pénétration de l’influence française, dont le premier vecteur est le pouvoir royal.

Ce dernier met rapidement en place les institutions et les agents qui permettent d’asseoir son autorité, au premier rang desquels figure l’intendant de finances et de police, représentant du roi, qui s’installe à Strasbourg à la fin du XVIIe siècle. À un échelon plus modeste prennent place les subdélégués, les préteurs royaux de Strasbourg et des villes de la Décapole ainsi que les baillis dans les campagnes. Un Conseil souverain, chargé de l’enregistrement des lois et servant de cour d’appel, à l’image des Parlements, s’installe à Colmar qui prend ainsi le rang de capitale judiciaire. Dans le domaine militaire, la province est administrée, depuis Strasbourg, par le gouverneur et surtout le commandant en chef. Enfin, l’arrivée de la France en Alsace correspond aussi à un retour en force du catholicisme dans une province partiellement acquise au protestantisme. L’église romaine d’Alsace est en fait dirigée depuis Versailles et l’on peut affirmer sans exagérer que le véritable prince-évêque de Strasbourg n’est autre que le roi de France.

Cette mainmise royale entraîne de multiples constructions officielles, qui apparaissent comme autant de manifestations de la puissance et de la majesté royales et constituent en même temps une vitrine incontournable des arts et du goût français. Les fonctions militaires et administratives, ainsi que les sinécures ecclésiastiques attirent dans la province toute une noblesse, souvent hautement titrée, d’origine française. Elles séduisent aussi une large frange de la noblesse locale, y compris ces princes allemands possessionnés en Alsace qui se mettent au service du roi.

Fonctionnaires de haut rang, dignitaires ecclésiastiques de la plus haute noblesse, officiers supérieurs et même bourgeois fortunés, rivalisant de luxe et de goût, servent de relais à l’influence française en propageant ses arts et sa culture. Leur présence favorise par ailleurs l’apparition d’un nouveau style de vie principalement militaire, aristocratique et urbain. Pour autant l’Alsace demeure, au moins par la langue, encore largement dans l’aire culturelle germanique. Elle reste aussi fidèle aux courants artistiques du passé qui perdurent (style gothique, courant de la Renaissance rhénane) et s’ouvre aux influences étrangères avec l’art baroque d’influence germanique. Et c’est, en fin de compte, sa grande diversité qui caractérise le patrimoine architectural du XVIIIe dans la province.

Commentaire des illustrations par Jean Klein.