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Strasbourg,
symbole de la germanisation (1871–1918)

Strasbourg : immeuble de rapport - 22, rue du Général de Castelnau

Strasbourg : immeuble de rapport - 22, rue du Général de Castelnau
Photo Henri Kniffke - Voir géolocalisation - Voir base Mérimée

Cet immeuble de rapport, situé non loin de la place impériale, constitue sans doute l’un des plus beaux exemples d’Art nouveau à Strasbourg. Peut-être parce que leurs deux concepteurs, les architectes Franz Lütke et Heinrich Backes, ont apporté un soin tout particulier au bâtiment qui abrite au rez-de-chaussée leur cabinet d’architecture et qui leur tient lieu en quelque sorte de carte de visite.

La situation d’angle à l’intersection de deux rues, chère à l’Art nouveau, leur permet de développer deux façades symétriques à partir d’un angle en pan coupé. La hauteur inhabituelle des différents niveaux (le rez-de-chaussée en occupe presque deux) donne par ailleurs à l’immeuble une allure élancée. Pour éviter la monotonie, chaque façade alterne deux travées planes avec deux autres légèrement convexes. Ces dernières empiètent sur la toiture par une lucarne à fronton-pignon ajouré par un oculus et bordé d’un balconnet. Les deux architectes jouent aussi sur la variété des types de fenêtres : elles sont en triplet sur les travées convexes (ici les fenêtres sont solidaires verticalement et enveloppées dans une même mouluration incluant trois niveaux), simples ou jumelées sur les autres travées. À la jonction des façades, un oriel (influence germanique), soutenu par des consoles, habille le pan coupé. Il présente des murs lisses au premier étage – encadrant une fenêtre agrémentée de vitraux – qui cèdent la place au second à des pilastres cannelés qui se muent à leur tour en colonnes s’épanouissant en feuilles, corolles et bouquets : on a un jaillissement véritablement turgescent d’éléments verticaux. Le dernier étage forme une loggia couverte d’une marquise en éventail (influence française).

Le décor floral est partout présent : large frise à motif de tulipes sous la corniche des travées planes, bouquets associés à des motifs en coup de fouet dans la ferronnerie des balconnets du deuxième étage. Dans la remarquable menuiserie des baies du rez-de-chaussée, tout est courbe ou fluidité, aucune ligne droite mis à part les meneaux. À l’intérieur, des carreaux de faïence à fleurs de lotus tapissent les murs du vestibule. La cage d’escalier, de plan ellipsoïdal, est éclairée de superbes vitraux à thèmes paysagers.

Sur un plan plus technique, il est à remarquer que, si les façades sont en pierre, la charpente de l’immeuble est en fer et les murs de refends en béton armé.

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