Strasbourg,
symbole de la germanisation (1871–1918)

L’on constate à partir du plan que le projet d’urbanisme de l’alsacien Geoffroy Conrath, architecte de la ville, envisage l’édification d’une ville nouvelle ou Neustadt au nord-est de la vieille ville qui, délimitée par l’Ill et le fossé des Faux–Remparts, forme une sorte d’ellipse insulaire.

Son projet épargne donc le noyau historique de la cité. Son compétiteur, l’architecte prussien Orth, prévoyait pour sa part de remodeler la vieille ville en éventrant plusieurs quartiers puis d’implanter un centre monumental articulant le vieux Strasbourg aux nouveaux quartiers.

Conrath privilégie un système de circulation et un découpage de l’espace bâti s’appuyant sur des axes orthogonaux améliorés par des diagonales mais aussi des dispositions radioconcentriques en particulier en périphérie.

En 1914, le parc immobilier aura augmenté de 80% à l’intérieur de l’espace délimité par l’enceinte fortifiée. Mais la réalisation du plan Conrath s’effectue très progressivement : la plupart des grandes artères doivent attendre vingt voire trente ans pour être totalement construites et de nombreux terrains vagues subsistent. À la veille de la guerre, certains quartiers sont à peine esquissés, surtout dans la partie nord-est de la ville nouvelle. La seule et principale transformation urbanistique touchant la vieille ville, dans sa partie occidentale, est la Grande percée (1911-1912) : il s’agit d’ouvrir une grande artère pour assainir et aérer des quartiers aux nombreux taudis et d’améliorer, du même coup, les relations entre le centre et la gare.