Second renouveau urbain : Strasbourg, exemple d’une métropole
(fin XVIIe-mi. XIXe s.)

Cette demeure bourgeoise, commandée par un orfèvre, Frédéric Spach, constitue une belle illustration du courant baptisé rococo strasbourgeois. La façade de l’immeuble est entièrement en pierre de taille, ce qui démontre l’aisance de son propriétaire.

Comme elle ne comporte que des divisions horizontales, l’architecte s’applique à différencier les différents niveaux. Le rez-de-chaussée, destiné au commerce, s’ouvre largement sur la rue par trois arcades cintrées dont les clefs portent de gros mascarons qui illustrent le thème du Temps. L’étage le plus opulent et le plus gracieux est le premier.

Un beau balcon à la française, à l’ornementation naturaliste, s’y épanouit. Sa grille rehausse ses courbes et ses contre-courbes d’ornements en tôle où se mêlent semis de tiges terminées par des bourgeons et autres ornements très proches de certains lambris du palais des Rohan. Les grandes fenêtres en anse de panier sont surmontées de linteaux en arbalète, qui mettent en valeur les mascarons des quatre saisons. Le style ondulant s’insinue jusque dans la table du balcon ou le rebord galbé des fenêtres. En hauteur, la taille des fenêtres diminue et le décor s’allège ou se simplifie.

Cet ouvrage témoigne de la sensibilité d’une bourgeoisie fortunée aux arts de l’époque et aux thèmes qu’ils véhiculent. Les innombrables maisons strasbourgeoises du milieu du XVIIIe siècle rivalisent ouvertement avec les hôtels particuliers et les dépassent parfois en invention, en finesse et en richesse.