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Strasbourg : place de la République
Photo F. Zvardon © Région Alsace – Service de l’Inventaire et du Patrimoine - Voir géolocalisation
Après l’annexion de l’Alsace et de la Moselle par l’Empire allemand en 1871, Strasbourg devient la capitale du Reichsland Elsass-Lothringen et accueille les instances gouvernementales. Les autorités allemandes souhaitent reconstruire une ville meurtrie par les bombardements de 1870, bâtir une ville moderne vitrine de l’empire, lutter contre l’insalubrité et loger les nouveaux arrivants. L’architecte Jean-Geoffroy Conrath dessine en 1880 un plan général de la ville, qui prévoit la création d’un nouveau quartier organisé selon deux axes majeurs : une grande avenue est-ouest (actuelles avenues de la Forêt-Noire et des Vosges), coupée perpendiculairement par une avenue nord-sud (avenue de la Paix). La place impériale (actuelle place de la République) fait le jonction entre la ville ancienne et la Neustadt. Du palais impérial (actuel palais du Rhin inauguré en 1889), siège du pouvoir politique, au palais universitaire (1879-1884), siège du pouvoir intellectuel, se dessine un véritable axe impérial qui se prolonge jusqu’au jardin botanique. Cet axe comportait à l’origine plusieurs jardins : les jardins du palais du Rhin, la place impériale, des jardins à l’arrière des actuels bâtiments de la Bibliothèque régionale et universitaire (BNU) et du parlement d’Alsace-Lorraine (actuel TNS), le jardin régulier devant le palais universitaire, le jardin à l’arrière de l’université et enfin le jardin botanique.
La place impériale, aménagée progressivement à partir de 1880, est alors bordée par des bâtiments officiels identifiables sur la photographie aérienne : le palais impérial (palais du Rhin) à l’ouest, deux bâtiments ministériels au nord (préfecture et Trésorerie Générale), la BNU et le TNS.
La photographie aérienne permet de repérer le jardin du palais du Rhin et la place de la République. Aujourd’hui public, le jardin du palais du Rhin est à l’origine un jardin privé de style irrégulier attenant au palais impérial. En 1919, le conservateur Robert Forrer conçoit les plans d’un nouveau musée archéologique pour le premier étage du palais du Rhin et d’un musée lapidaire pour les jardins. Le musée n’est pas créé mais des vestiges archéologiques jusque là entreposés dans la cour du palais Rohan sont installés dans les jardins du palais. Les promeneurs peuvent découvrir au gré de leur déambulation dans le jardin irrégulier des sarcophages, sculptures gallo-romaines ou médiévales. La place de la République est une véritable place-jardin comme pouvaient l’être de la même façon à la fin du XIXe siècle la place Kléber ou la place de la Gare.
Le jardin régulier aménagé sur cette place est de plan circulaire. Organisé selon deux axes perpendiculaires, il est planté d’essences variées d’arbres, dont quatre Ginkgos Biloba donnés par l’empereur japonais à l’empereur allemand. Le monument aux morts du sculpteur Léon-Ernest Drivier, installé au centre la place, est inauguré par le président de la République Albert Lebrun en 1936. Il représente une mère éplorée tenant dans ses bras deux fils morts, l’un français mort durant la guerre franco-prussienne de 1870, et l’autre allemand, tombé sur le front durant la première guerre mondiale. L’œuvre aux vivants. Spirale Warburg, qui se distingue aisément sur cette photographie aérienne, est l’œuvre du plasticien Bert Theis, installée depuis 2002 au point de bifurcation des nouvelles lignes du tramway. Il lui était demandé d'imaginer un point de dissymétrie pour casser l’ordonnancement rigide de la place (Source : Ces territoires qui se fabriquent avec les artistes, site de l'AGUR - Agence d’Urbanisme et de développement de la Région Flandre-Dunkerque).