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Les jardins d’Alsace vus du ciel

Saverne : château des Rohan

Saverne : château des Rohan
Photo F. Zvardon © Région Alsace – Service de l’Inventaire et du Patrimoine - Voir géolocalisation - Voir base Mérimée

De 1417 à la Révolution française, Saverne, qui est la capitale politique et administrative de l’évêché de Strasbourg, accueille la régence épiscopale et la résidence principale de l’évêque. Celui-ci est élu par les chanoines du grand chapitre de la cathédrale, et est à la tête, au XVIIIe siècle, du plus riche évêché de France. La famille des Rohan doit sa place à la volonté de Louis XIV d’introduire des familles françaises dans le grand chapitre de la cathédrale dominée, jusqu’à la fin du XVIIe siècle, par des princes et comtes d’empire. Au début du XVIIIe siècle, le prince-évèque Armand Gaston de Rohan-Soubise commande au premier architecte du roi, Robert de Cotte, le réaménagement du château carré, édifié par François-Egon de Furstenberg dans la seconde moitié du XVIIe siècle, et la création d’un vaste parc. Les jardins du château de Saverne, réputés dans toute l’Alsace, participent à la diffusion du jardin à la française et de l’art français dans toute l’Alsace du XVIIIe siècle.

Le grand corps de logis réaménagé par Robert de Cotte entre 1712 et 1728 disparaît dans l’incendie du 7 septembre 1779, au cours duquel les trois ailes organisées autour de la cour sont partiellement endommagées. Le dernier prince-évèque de Strasbourg, Louis René Édouard de Rohan-Guéménée (1734-1803), fait appel à un jeune architecte strasbourgeois, Nicolas Alexandre Salins dit de Montfort (1753-1839), pour reconstruire la résidence épiscopale de Saverne. Les travaux se déroulent de 1779 à 1790 mais sont perturbés par l’affaire du Collier et l’embastillement du prince cardinal (1785), par sa suspension puis par les évènements révolutionnaires et la nationalisation des biens du clergé. Pour reconstruire le corps de logis de la résidence épiscopale, Nicolas Alexandre Salins fait le choix de la monumentalité pour bien marquer la puissance du plus riche évêché de France. Construite dans un grès rose provenant de carrières locales appartenant au cardinal, la façade principale de style néoclassique donne sur le parc. Elle comporte trente-cinq travées de pilastres ioniques, des fenêtres en plein cintre qui s’ouvrent au rez-de-chaussée et des fenêtres rectangulaires à l’étage. Entre les deux figurent des reliefs mythologiques et des trophées sculptés par Pierre Hencke. Le remarquable pavillon chinois qui ornait l’île de la Rondelle disparut dans la tourmente révolutionnaire.

Comme tous les biens du clergé, le château de Saverne est nationalisé en novembre 1789, le parc est démantelé et les jardins du château laissés à l’abandon. En 1852, Napoléon III décide d’y installer un asile pour les veuves des hauts fonctionnaires civils et militaires. L’architecte Alphonse Lejeune modifie alors la façade de Salins en remplaçant les bas-reliefs de Hencke par un entresol percé de fenêtres rectangulaires et conçoit la façade côté ville. De 1871 à 1945, le château sert de casernement. Le creusement du canal de la Marne au Rhin, visible sur cette photographie, et l’urbanisation de la ville font disparaître la perspective monumentale conçue par Robert de Cotte. Le parc du château, aujourd’hui propriété de la ville de Saverne, ne laisse plus rien voir des splendeurs du siècle des Lumières.

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