Publié le 1er octobre 2010
J.-M. Boehler - Atlas historique d'Alsace - UHA - Société Savante d'Alsace - CRESAT, 1995
Reconstituer les paysages par-delà les siècles, de façon évolutive et comparative, relève le plus souvent de la gageure ou de l’exploit. En revanche, tenter l’opération de façon ponctuelle et statique peut devenir possible à la lumière du matériau archivistique conservé. C’est ainsi que l’opération diligentée par les services de l’Intendance d’Alsace au début des années 1760, pour des raisons qui procèdent autant des préoccupations fiscales que de la politique des subsistances, nous a laissé près d’un millier de plans agraires grand format, à l’échelle du 5 200e, qui, mis bout à bout, s’emboîtent comme un puzzle et permettent de connaître par grandes masses (labours, vignes, prés, pâturages, forêts), l’utilisation des terroirs au moment où l’essor démographique réclame de nouvelles terres de culture.
Le déficit constaté (environ 80 plans, soit moins de 10% de l’ensemble) touchant essentiellement la montagne vosgienne et l’Alsace Bossue, nous disposons de renseignements précieux sur l’affectation dominante, quartier par quartier, des terroirs de la plaine d’Alsace. Ces plans, accompagnés de récapitulatifs chiffrés, présentent l’avantage de couvrir l’ensemble du ressort de l’Intendance d’Alsace et sont réalisés avec infiniment plus de minutie que les levés topographiques accompagnant certains terriers et établis à l’initiative de tel propriétaire privé - seigneur ou institution ecclésiastique le plus souvent - à des dates fort différentes et difficilement comparables. Ce sont donc des documents uniques, sorte de clichés instantanés du paysage humanisé, qui ne trouveront leur équivalent qu’avec l’élaboration du cadastre.
B. Reitel - Atlas historique d'Alsace - UHA - Société Savante d'Alsace - CRESAT, 2003
Cette carte de densité de la population en Alsace en 1954 fournit un premier aperçu des contrastes du peuplement. La densité moyenne de l’Alsace est de 150 habitants/km2, mais seule une infime partie du territoire régional dépasse cette valeur. Les hautes densités correspondent à des formes ponctuelles bien circonscrites : les villes moyennes et petites comme Sélestat, Saverne, Guebwiller, mais aussi quelques parties de vallées industrielles (Sainte-Marie-aux-Mines, Thur). Deux zones plus étendues sont identifiables : l’agglomération de Strasbourg et l’agglomération de Mulhouse (qui forme une ensemble continu avec le Bassin Potassique et la vallée de la Thur).
Les faibles densités (moins de 50 habitants/km2) forment des ensembles à peine plus étendus et sont présentes essentiellement dans certaines parties du Massif Vosgien, en Alsace Bossue, dans les Vosges du Nord, dans le Jura alsacien. La zone la plus vaste se trouve dans la plaine d’Alsace en bordure du Rhin entre Mulhouse et Colmar. Cette partie de la plaine où dominent des sols composés de cailloutis et de sables ont été longtemps considérés comme peu fertiles : les forêts de hardt dominent et les densités rurales sont faibles. Cette carte nous montre également les fortes densités rurales du Sundgau, du Kochersberg, de la plaine d’Erstein et de l’Outre-Forêt.
B. Reitel - Atlas historique d'Alsace - UHA - Société Savante d'Alsace - CRESAT, 2003
La carte de 1999 montre que les contrastes se sont atténués dans l’ensemble. Les faibles densités ont presque complètement disparu dans la plaine entre Mulhouse et Colmar. En revanche, ce n’est pas le cas des zones de faibles densités du massif vosgien qui sont toujours présentes. Dans la plaine, les zones de hautes densités se sont élargies et sont réparties en trois ensembles. Une grande région strasbourgeoise délimitée au nord par Haguenau et au sud par Benfeld a intégré une partie du Kochersberg à l’ouest. Des branches de fortes densités suivent les axes routiers vers Saverne (RN4, A4).
Un deuxième ensemble correspond aux environs de Colmar et de Sélestat et comprend la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines. Enfin un troisième ensemble est délimité par Guebwiller au nord et Saint-Louis au sud-est et possède des ramifications vers les principales vallées de l’Alsace du sud (Thur, Doller, Ill). Il s’étend certainement au-delà de la frontière et incorpore Bâle. Chacun de ces trois ensembles est séparé par des zones de moindres densités.
L’évolution générale de 1954 à 1999 montre qu’un quasi-continuum de fortes densités a émergé dans la plaine d’Alsace de Haguenau à Bâle, tandis que les zones de faible densité du massif vosgien et de l’Alsace bossue constituent une permanence. Le système de peuplement des années 1950 caractérisé par de fortes densités rurales d’où émergeaient quelques fortes densités urbaines s’est transformé en un système où les contrastes entre zones urbaines et zones rurales se sont largement estompés. C’est autour des villes et le long des principaux axes de communication (dont celles qui relient les principales agglomérations) que les densités se sont affirmées. Les zones de fortes densités correspondant à présent à un espace largement urbanisé.
M. C. Vitoux - Atlas historique d'Alsace - UHA - Société Savante d'Alsace - CRESAT, 2007
Le recensement de 1851 est le premier en France à répertorier systématiquement les étrangers. Par ailleurs, il est le seul de tous les recensements précédant l’annexion de 1871 à distinguer les cantons.
Certes, cette cartographie de la présence étrangère en Alsace au milieu du XIXeme siècle donne à voir… peu de choses : impossible de cartographier la répartition des nationalités, les différences hommes-femmes, les professions.
Les sources (pour le Bas-Rhin, conservées aux archives départementales sous la côte VII 214-215 ; pour le Haut-Rhin, Statistiques de la France, mouvements de la population pendant les années 1858, 1859 et 1869, conservées à la Bibliothèque universitaire de la Société industrielle de Mulhouse, côte 1924) donnent les chiffres par arrondissements. Le Haut-Rhin compte trois arrondissements, le Bas-Rhin quatre. Celui de Belfort sera fortement modifié après 1871 et le détachement du futur Territoire de Belfort (officialisé en 1924) laissé à la France par le Traité de Francfort. Par ailleurs, toujours dans le Haut-Rhin, le canton d’Altkirch englobe la ville industrielle et populeuse de Mulhouse, où la sous-préfecture ne viendra s’installer qu’en 1857.
Y. Frey - Atlas historique d'Alsace - UHA - Société Savante d'Alsace - CRESAT, 2007
Les cartes sont construites à partir des données des recensements de population. Elles visent à montrer la répartition de la population étrangère en Alsace par arrondissements, ce qui permet d'arriver à une relative précision. Les classes des légendes sont communes à toutes les cartes. Elles permettent donc à la fois de comparer la répartition à des dates différentes ainsi que de suivre et de mesurer l'évolution.
Y. Frey - Atlas historique d'Alsace - UHA - Société Savante d'Alsace - CRESAT, 2007
Les cartes sont construites à partir des données des recensements de population. Elles visent à montrer la répartition de la population étrangère en Alsace par arrondissements, ce qui permet d'arriver à une relative précision. Les classes des légendes sont communes à toutes les cartes. Elles permettent donc à la fois de comparer la répartition à des dates différentes ainsi que de suivre et de mesurer l'évolution [de la population].
K. Chenel-Dietrich - Atlas historique d'Alsace - UHA - Société Savante d'Alsace - CRESAT, 2007
Il faut attendre 1895 et une stabilisation certaine des phénomènes migratoires pour pouvoir cartographier la présence allemande dans le Reichsland d’Alsace-Lorraine. En effet, le rattachement des deux départements alsaciens au nouvel Empire allemand provoqua des mouvements migratoires complexes, entre les départs des optants à partir de 1872 (un alsacien sur cinq), parfois suivis de retours et l’arrivée massive d’Allemands. Les statistiques, rassemblées dans les Satistische Hanbücher de 1898, et suivantes, disponibles aux Archives départemantales du Bas-Rhin, font la distinction entre les Alsaciens, les Allemands et les étrangers et permettent ainsi de voir plusieurs phénomènes démographiques : la baisse réelle et relative du nombre des Alsaciens dans les vingt premières années de l’annexion, suivies par une baisse qui n’est plus que relative ; l’immigration massive d’Allemands, militaires et fonctionnaires qui est, quant à elle, continue tout au long de la période.