Par Elsa Dongois
Publié le 21 septembre 2012
Richarde (843-896 ?) était l’épouse du roi Charles III le Gros (839-888), arrière petit-fils de Charlemagne et empereur d’Occident de 881 à 887. Richarde fonda l’abbaye vers 880 pour s’y retirer à la fin de sa vie et elle reçut pour cela des dons importants de son mari. Ensuite, l’abbaye fut offerte rapidement au Saint-Siège et dépendait directement de la papauté.
L’abbatiale fut construite au XIe siècle sous l’impulsion de l’abbesse Mathilde, sœur de l’empereur Conrad II. En 1049, le pape Léon IX, d’origine alsacienne, déplaça les reliques de Richarde dans le cœur pour sa canonisation. Au milieu du XIIe siècle, le porche et le portail furent élevés. L’église brûla vers 1160 ; le chœur et la croisée du transept furent reconstruits.
Enfin, dans le tournant du XVIIe et du XVIIIe siècle, la nef et les bas-côtés de l’abbatiale furent refaits.
Les éléments romans sont la crypte du XIe siècle, le porche et le portail sculptés du milieu du XIIe siècle, le chœur et la croisée du transept de la deuxième moitié du XIIe siècle.
L’abbatiale reprend le plan basilical composé de trois vaisseaux (nef et bas-côtés), d’un transept, d’un chœur rectangulaire, de deux absidioles et d’une crypte.
La crypte date de deux époques différentes, la partie occidentale du XIe siècle est la plus ancienne et se trouvait en dessous du maître-autel du chœur. Les éléments caractéristiques du XIe siècle dans la crypte sont le décor en arêtes de poisson sur quelques blocs de grès, la forme cubique des chapiteaux qui soutiennent les arcs et les voûtes d’arêtes.
Le décor sculpté du porche et du portail date du milieu du XIIe siècle et se compose de plusieurs éléments, présentés ici.
Cette frise historiée, en bas-relief, commence sur la façade nord et se prolongeant tout le long de la façade occidentale.
Sont présentées des scènes de seigneurs et chevaliers (chasse, festin, combats), de paysans et de commerçants et des représentations d'animaux et de monstres fabuleux.
Trois sculptures en ronde-bosse se trouvent au niveau du porche occidental sur les claveaux des extrémités.
Elles représentent : David et Goliath, Sainte Richarde et le Christ, Samson et le lion.
Ce portail est orné de sculptures en bas-reliefs exécutés en méplat, hormis le tympan, en haut-relief.
Au niveau du tympan, le Christ est montré en majesté, il donne la clé du Paradis à saint Pierre et le livre des Ecritures à saint Paul.
Au niveau du linteau, une frise retrace une partie de l’histoire de la Genèse, de la création d’Ève à l’expulsion du Paradis.
Les piédroits sont ornés d’entrelacs de rinceaux entourant des oiseaux et des quadrupèdes. Ils sont flanqués de pilastres représentant chacun une superposition de cinq arcades soutenues à leur base par un atlante barbu.
Autour du portail, des arcades abritent des couples en conversation, il peut s’agir des couples de bienfaiteurs ou bien des pères accompagnant leur fille à l’abbaye.
Le Maître d'Andlau s’est inspiré de l’art de l’enluminure dans la facture de ses sculptures.
Mais ce qui fait son talent, c’est sa manière si particulière de rendre les images narratives. Et pour la première fois en Alsace, il a sculpté des personnages en haut-relief.