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Sous la direction de Georges Brun
Général français, commandant de la IIIè armée française puis de l'armée d'Orient; commissaire de la République en Syrie.
Maurice Paul Emmanuel Sarrail (1856-1929) naît à Carcassonne et se destine à la carrière militaire. Formé à Saint-Cyr (1875-1877) puis à l'École supérieure de guerre (1883-1885), il dirige l’école militaire de Saint-Maixent entre 1901 et 1904 puis, en sa qualité de républicain et d’anticlérical convaincu, est officier d’ordonnance au ministère de la guerre, commandant de la garde militaire de la Chambre des députés, puis directeur de l’Infanterie au ministère de la Guerre jusqu’en 1913.
Nommé le 1 novembre 1913 à la tête du 8ème corps d'armée, il commande en août 1914 le 6ème corps de la 3ème armée Ruffey et doit faire face lors de la bataille des frontières, à l’offensive allemande sur Virton (entre Neufchâteau et Longwy) toute l’armée est contrainte à la retraite, effectué en bon ordre grâce à Sarrail. Le 30 août 1914, Joffre limoge le général Ruffey et le remplace par Sarrail à la tête de la 3ème armée.
Positionné dans le secteur de Verdun, Sarrail contient lors de la bataille de la Marne les offensives de l’ennemi, dont l’objectif dans ce secteur est de joindre l’aile marchante arrivée par la Belgique à son aile gauche, davantage en position défensive depuis le début des hostilités. La place de Verdun, sous les ordres de Coutanceau, sert de pivot à la 3ème armée française pour contrer la V° armée du Kronprinz. Le 7 septembre, la situation de Sarrail est critique, car les Allemands sont parvenus à ouvrir une brèche entre les 3ème et 4ème armées. Il parvient à rétablir la situation le 8.
Mais Sarrail ne s’entend absolument pas avec Joffre à qui il reproche la tactique de l’attaque à outrance et qu’il traite de « dictateur en puissance ». En Argonne et Woëvre, il dirige la 3ème Armée lors de l’offensive de fin septembre puis celle de décembre et celle du printemps 1915 : ce sont des échecs. Suite à ces échecs et aux rapports houleux entre les deux hommes, Joffre retire à Sarrail le commandement de IIIème Armée le 22 juillet 1915 : accusé de dissimuler ses erreurs de manœuvre et de ne pas avoir fortifié suffisamment les forteresses dont il avait la charge, il est remplacé par le général Humbert.
Sarrail a de nombreuses relations et des appuis politiques au Parlement : on lui propose immédiatement l'armée de Lorraine, mais Joffre refuse, ce qui déclenche contre lui une furieuse campagne orchestrée par Clémenceau, Viviani, Lyautey, Doumer, Painlevé … Finalement, en août 1915, Sarrail accepte de prendre le commandement de la petite Armée d'Orient dont l'objectif est d'entrer à Salonique. Il rejoint le corps expéditionnaire le 15 octobre, et lance l’offensive de Vardar contre la Bulgarie qui échoue. Salonique est transformée en camp retranché. Le 16 janvier 1916, Joffre est contraint de confier à Sarrail le commandement des armées alliées d’Orient.
L'ambiance diplomatique est tendue avec le roi de Grèce qui ne veut pas prendre parti. Par ailleurs il faut accueillir et équiper l'armée serbe à la française qui, après la défaite contre les Autrichiens et sa retraite à Corfou, est reconstituée à Salonique.
En novembre 1916, Sarrail lance l'offensive de Monastir qui permet à ses troupes (Britanniques, Français, Italiens, Russes, Serbes, volontaires grecs partisans d'Elefthérios Venizélos), de reprendre pied sur le sol serbe. Sarrail joue ensuite un rôle prépondérant dans l’entrée de la Grèce en guerre en faisant déposer le roi Constantin Ier de Grèce le 11 juin 1917, mais il est Le 14 décembre 1917, il est remplacé par le général Adolphe Guillaumat. Rentré en France il passe, à 63 ans, cadre de réserve.
En 1924, après la victoire du Cartel des gauches, Herriot le rappelle en service actif et le nomme fin novembre haut-commissaire de la République française en Syrie et commandant en chef de l’armée du Levant. Il arrive à Beyrouth le 2 janvier 1925 et ne tarde pas à s’y aliéner le clergé, très influent, par sa politique anticléricale. Par ailleurs, il ne peut empêcher la montée du nationalisme autochtone des Druzes : les maladresses du capitaine Carbillet, gouverneur du Djebel druze et celles de Sarrail, qui refuse en juin de recevoir une délégation druze et fait arrêter quelques meneurs, déclenchent la révolte le 20 juillet. Outre le Djebel druze, l’insurrection touche Hama, le Sud Liban et Damas, que l’armée française bombarde le 19 octobre. Aussi, lorsque Briand devient président du conseil à la chute du gouvernement Paul Painlevé le 26 octobre 1925, il rappelle le Haut Commissaire en France et le remplace le 10 novembre par un homme plus modéré, Henry de Jouvenel des Ursins.
Maurice Sarrail décède le 23 mars 1929 à Paris et est inhumé aux Invalides.
Homme politique allemand, premier chancelier de la République de Weimar.
Philipp Scheidemann (1865-1939) est issu d’une famille d’imprimeurs. Il est écrivain, longtemps député au Reichstag (1912 et 1918, premier vice-président du Reichstag) et à partir de 1911, après son départ de sa ville natale pour s’installer à Berlin, membre du comité exécutif du parti social-démocrate. Scheidemann compte pendant la Première Guerre mondiale parmi les porte-paroles des sociaux-démocrates modérés et est nommé en octobre 1918 au cabinet du prince Max de Bade comme secrétaire d’Etat sans portefeuille.
Le 9 novembre 1918, Scheidemann proclame la République à Berlin depuis la balustrade du Reichstag. Cet événement, qui marque la fin de l’Empire et prévient également contre la proclamation d’une dictature des Conseils sur le modèle bolchévique, se produit à l’insu et contre la volonté du chancelier Ebert. Il a pour conséquence la formation du Conseil des délégués du peuple, comme organe de gouvernement dans lequel Ebert, Scheidemann et Landsberg représentent les socialistes de la tendance majoritaire au côté de trois indépendants.
En février 1919, Ebert le nomme chancelier et l’installe à la tête du premier cabinet parlementaire de la République de Weimar. Cependant, quatre mois plus tard, en juin, il démissionne après avoir violemment attaqué le traité de Versailles au cours d’une réunion de l’Assemblée nationale et l’avoir qualifié d’inacceptable.
Après sa démission, il occupe de 1920 à 1925 les fonctions de bourgmestre de Kassel et de membre du Reichstag où il se distingue par sa lutte contre l’influence de l’extrême droite ainsi que par ses attaques contre la direction de l’armée du Reich ; en 1920, à nouveau contre la volonté d’Ebert et d’une partie de son groupe, il provoque la chute de Noske. Après la prise du pouvoir par Hitler, il émigre à l’étranger.
Militaire et homme politique allemand d'origine alsacienne.
Heinrich Schëuch (1864-1946) naît à Sélestat d’un père conseiller à la Cour de Justice de Colmar. Après des études au lycée de Colmar, il choisit la carrière militaire et faits ses classes au sein du régiment d’infanterie « Prince Guillaume » à Colmar en avril 1882. Il poursuit sa carrière jusqu’au grade de premier lieutenant et entre en octobre 1892 à l’Académie militaire de Prusse dont il sort un an lus tard avec le grade d’adjudant.
En novembre 1897 il est appelé au ministère de la guerre à Berlin, au département de l’économie de guerre. Il y demeure jusqu’en 1900, sert ensuite au 69ème régiment d’infanterie du Rhin pour retourner au ministère en 1902.
Au début de la guerre, il est nommé chef de l’état-major mobile de Falkenhayn au ministère de la guerre et son représentant au conseil d’état. Il y collabore avec Walter Rathenau et gère particulièrement la question d’approvisionnement en munitions.
En 1916 il passe major général et commande en mai 1916 la 29ème brigade d’Infanterie sur la Somme, puis en 1917 la 33ème division d’infanterie en Argonne et lors de la bataille de l’Aisne-Champagne.
Le 15 août 1917 il est rappelé au ministère de la guerre à Berlin où il remplace Wilhelm Groener, tache ardue vu les conditions de la guerre et la pression exercée par le Haut commandement de Ludendorff, d’autant que les Etats-Unis venaient d’entrer dans le conflit. Il s’acquitte au mieux de sa tâche, est honoré de la décoration « pour le Mérite » le 8 avril 1918. Le 9 octobre il est nommé ministre de la guerre.
Le 9 novembre c’est la révolution suivie de l’armistice deux jours plus tard. Le 18 décembre 1918, il remet sa démission et se retire de la vie publique. Le 27 août 1939, lors de la commémoration de la bataille de Tannenberg, il reçoit le titre honorifique de général d’infanterie.
Heinrich Scheüch décède le 3 septembre 1946 à Bad Kissingen.
Industriel alsacien engagé volontaire dans l'armée française, tué au HWK.
Pierre Sheurer (1887-1915), né à Thann, est le fils de l’industriel Jules Scheurer et de Marie-Anne Dolfuss, et le neveu d’Auguste Scheurer-Kestner. Sa famille, restée à Thann après l’annexion, est un des piliers de la défense de la cause française en Alsace. Pierre devient attaché de direction dans l’entreprise familiale, et lors de la déclaration de guerre fuit en France avec son frère. Il s’engage dans le 152ème Régiment d'Infanterie et participe aux très durs combats de décembre 1914 sur le HWK. Début 1915, il devient le porte drapeau du régiment et passe lieutenant.
Le 26 avril 1915, lors d’un énième assaut pour la conquête du sommet du HWK, il est grièvement blessé au Silberloch, aux côtés de son chef, le lieutenant-colonel Jacquemot, lui-même blessé.
Evacué à Bitschwiller, il succombe à ses blessures le 28 avril 1915, un peu plus d’un mois après son frère Daniel, tué le 15 mars à Massiges (Marne).
Ecrivain alsacien de langue allemande, pacifiste, antinazi et européen convaincu.
Issu d’une famille d’Obernai parlant français, le jeune René Schickelé (1883-1940) apprend l’Alsacien dans la rue. Il s’impose ensuite comme écrivain de langue allemande. Il est partisan d’une « Alsace libre d’esprit libre ». En 1902 il fonde avec Ernst Stadler la revue « Der Stürmer » pour la renaissance de la culture Alsacienne.
Se voulant au dessus des nations, il se réfugie en Suisse durant le premier conflit mondial tout en travaillant à la promotion du dialecte alsacien... Il s’installe ensuite à Badenweiler et se veut « Européen ». Il publie contes, romans et drames comme « Das Erbe am Rhein », « Die Grenze ». Il est élu à l’Académie allemande bien que de nationalité française. En 1932 il fuit le nazisme et se réfugie à Vence où il écrit « Die Flaschenpost », œuvre antifasciste. Il y meurt en 1940.
En 1968 est fondé le « cercle René Schickelé » (« Schickelekreis ») destiné à promouvoir la culture populaire alsacienne et le bilinguisme.
Maréchal allemand, concepteur du plan de campagne militaire contre la France.
Alfred, comte von Schlieffen (1833-1913) naît à Berlin dans une famille de militaires. Son père et-st commandant général dans l’armée de Prusse. Il entre en 1954 dans l’armée prussienne et est rapidement affecté à l’Etat-Major général. Il participe à la bataille de Sadowa puis est nommé major de l’Etat-Major du grand Duc de Mecklembourg lors de la guerre franco-prussienne de 1870.
Après avoir commandé entre 1876 et 1884 le régiment des Uhlands de la Garde impériale, il est définitivement muté au Grand Etat Major de l’armée allemande à la tête duquel il succède en 1891 au général en chef, Alfred comte de Waldersee.
En 1905, convaincu d’une guerre proche contre la France et la Russie, il échafaude son fameux plan, destiné à éliminer rapidement l’armée française par un mouvement tournant devant la prendre en tenailles grâce à l’invasion de la Belgique, puis à se retourner contre l’armée russe. Son plan sera mis en œuvre avec quelques modifications par l’Etat Major de Von Moltke en aout 1914.
En 1906 il se retire en retraite. Il est nommé maréchal en 1911 et décède à Berlin le 4 janvier 1914.
Aviateur fils d'industriel, engagé volontaire tué en combat aérien.
Henri-Paul Schneider naît le 24 juillet 1895 à Paris. Il est le fils de Charles Prosper Schneider, dit Eugène II Schneider (1868-1942), maître des forges du Creusot et dirigeant des fameuses usines Schneider, député maire du Creusot.
Avec son frère Jean (1896-1944), il s’engage d’abord en octobre 1914 dans le 10ème régiment des cuirassiers à cheval avec son frère après avoir obtenu l’émancipation de leur père, car ils sont tous deux mineurs. Après avoir combattu dans les tranchées en 1915, il est affecté à l’artillerie, toujours avec son frère.
Passionnés d’aviation, les deux frères se portent volontaires en 1917 pour servir dans l’aviation. Après leur formation à Chartres, Avord et Pau, ils obtiennent leur brevet de pilotes et sont affectée à l’escadrille de chasse Spad 49 à la fin de l’année.
Le 23 février 1918 le sous-lieutenant Henri-Paul, au cours d’une patrouille, attaque seul une formation de cinq appareils ennemis au dessus d’Aspach-le-Pont. Son avion est touché abattu par le Lieutenant Walter Ewers de la Jasta 77b. Grièvement blessé, il est transporté à l’ambulance de Bellemagny et meurt le 25 des suites de ses blessures. Il est inhumé provisoirement au cimetière militaire de Saint-Cosme, il repose depuis décembre 1920 dans le caveau familial de l'église Saint-Charles au Creusot.
Son frère Jean termine la guerre sain et sauf, fonde la société de construction aéronautique Aviméta appartenant au groupe Schneider, puis reprend du service en 1939. En 1942 il prend une part active au débarquement allié en Afrique du Nord. Le 14 novembre 1944, l’avion qui le ramène en France avec son épouse s’écrase près du Creusot.
Homme politique et haut fonctionnaire alsacien, maire de Strasbourg.
Rudolf Schwander (1868-1950) naît à Colmar d'Anne Barbe Schwander et d’un père inconnu. Il est scolarisé jusqu’à ses 15 ans puis il est embauché par la municipalité de Colmar et devient à vingt-quatre ans secrétaire du service de l’Assistance Publique. En 1897, dispensé de l’Abitur, il entre à l’Université de Strasbourg, y suit des études de droit et de sciences politiques et est reçu docteur en sciences politiques au printemps 1900. Le maire de Strasbourg, Otto Back le fait entrer dans son administration comme secrétaire général du service d'assistance publique ; il procède à des réformes sociales novatrices qui lui valent de devenir en 1903 adjoint au maire de Strasbourg.
En 1906 Schwander est nommé par décret impérial maire de Strasbourg. Il reste à ce poste jusqu’en octobre 1918, avec une petite interruption en 1917, lorsqu’il est nommé pour quelques mois secrétaire d'État à l'administration économique de l'Empire.
Le 14 octobre 1918 l‘empereur le nomme Reichsstatthalter du Reichsland Elsaß-Lothringen. Il prend à peine ses fonctions qu’éclate la révolution des soviets à Strasbourg, rapidement suivie par l’entrée des troupes françaises dans la ville.
Parti en Allemagne, Schwander est de 1919 à 1930 Oberpräsident de la province de Hesse-Nassau mais refuse à plusieurs reprises de postes ministériels dans la république de Weimar. A partir de 1930 il préside les destinées d’une fondation à Francfort et après la seconde guerre devient expert d’une commission ministérielle du land de Hesse. Il décède le 25 décembre 1945.
Théologien, médecin et humaniste alsacien, prix Nobel de la Paix.
Le pasteur
« Le Sorcier blanc de Lambaréné », Albert Schweitzer (1875-1965) naît à Kaysersberg, fils d’un pasteur de la vallée de Munster. Il passe son enfance à Gunsbach, séjourne à Berlin et Paris où Widor en fait une brillant organiste. Théologien de renom, grand organiste spécialiste de Bach, musicologue, il est promis à un brillant avenir. En 1902 il enseigne à la faculté de théologie protestante où il publie une célèbre « Histoire des recherches sur la vie de Jésus ».
Mais ses idées politiques et religieuses le mettent souvent en porte-à-faux avec beaucoup de ses collègues : les pasteurs germanophiles, généralement conservateurs, n'aiment pas ce libéral, tandis que les pasteurs libéraux, souvent francophiles, n'aiment pas ce partisan de l'Allemagne. Comme pour compliquer un peu plus le tout, le 12 juin 1912 il épousera une allemande de famille juive, Hélène Bresslau, dont le père sera expulsé après 1918. Ce qui n'empêche pas les deux fiancés de correspondre en français.
Le médeçin
A 30 ans, en 1905, il choisit de devenir médecin et entre à l'Université de Strasbourg pour étudier la Médecine et tenter la réalisation de ses idées, répondre à un appel de la Société des missions évangéliques de Paris qui cherche des médecins volontaires. En 1913, il décide de partir pour la région du Haut-Ogooué au Gabon (colonie de l'Afrique-Equatoriale-Française depuis 1910) : la Société des Missions met à sa disposition un bâtiment à Lambaréné pour construire un dispensaire. Il réunit lui-même les fonds grâce à ses concerts d'orgue, à la publication en trois langues de son ouvrage sur J.-S. Bach, à des amis qui lui viennent également en aide. C'est de Gunsbach, l'après-midi du vendredi saint 1913 que le Docteur Schweitzer et sa femme Hélène partent pour l'Afrique. Ils arrivent à Lambaréné le 16 avril 1913. Rapidement, l’hôpital sort de terre et fonctionne sur un mode original, au service de la population indigène.
Les années de guerre
Lorsqu’éclate la guerre, la position des Schweitzer devient rapidement intenable : Alsaciens, donc, légalement Allemands ils deviennent d'emblée des suspects en territoire ennemi. Le 5 août 1914, l’administrateur colonial français signifie au couple son internement dans leur case avec interdiction d’exercer et de communiquer avec qui que ce soit. Après de multiples démarches auprès du gouvernement français, il obtient en novembre 1914 des mesures exceptionnelles d'élargissement, et peut ainsi continuer à exercer.
Mais en 1917, il reçoit l'ordre de rentrer en France où il sera interné avec son épouse dans un camp comme prisonnier des autorités françaises. Après un voyage éprouvant il arrive à Bordeaux en novembre et est interné à Garaison, dans les Hautes-Pyrénées, un camp d’internement où se retrouvent aussi bien des Allemands, des Tziganes, des Autrichiens, des Juifs austro-hongrois, des légionnaires allemands, des Turcs… Ce n’est qu’au printemps 1918 que les Schweitzer sont transférés dans le camp de Saint-Rémy-de-Provence, dans l’ancienne abbaye Saint-Pierre de Mausole (où fut interné Vincent van Gogh),spécialement réservé aux Alsaciens, où le docteur exerce les fonctions de médecin et de pasteur du camp. Pendant son incarcération, il écrit Kulturphilosophie (1923), une étude philosophique de la civilisation. Il y aborde la pensée éthique à travers l'histoire et invite ses contemporains à mettre en œuvre une philosophie de respect de la vie.
Le 13 juillet 18, les Schweitzer sont enfin libérés grâce à l’accord de Berne signé par les belligérants et qui prévoyait l’échange de prisonniers civils. Ils rejoignent Gunsbach ;; d’où les allemands les expulsent le 31 août, en prévision d’une grande offensive dans la vallée… Malade, ruiné et couvert de dettes il a cependant la joie, le 14 janvier 1919, de voir naître sa fille Rhéna le 14 janvier. Après une opération chirurgicale à Strasbourg, il accepte lorsqu'il est rétabli un poste d'assistant en dermatologie à l'hôpital de la ville et une place à l'église Saint-Nicolas.
A l’été de 1919 l'archevêque d’Uppsala Söderblom l’invite pour une série de conférences et de récitals d'orgue en Suède. Il peut régler ses dettes et poursuivre son projet de retour au Gabon dans de bonnes conditions. Il parcourt successivement la Suisse, la Suède, l'Angleterre, la Tchécoslovaquie, le Danemark.
Retour en Afrique
Il revient à Lambaréné après de fastidieuses négociations avec le autorités politiques et religieuses qui se méfient des son esprit d’indépendance et sa … germanité. Il reconstruit son hôpital (en dehors des limites de la mission protestante) et se remet d’arrache pied au travail avec de nouveaux collaborateurs, son épouse restant en Europe pour raisons de santé.
De retour en Europe en juillet 1927, il refait des tournées de conférences et de récitals et reçoit en 1928 le prix Goethe de la ville de Francfort pour l’ensemble de son œuvre. Il retourne à Lambaréné et octobre 1929,avec sa femme et sa fille, mais celles-ci repartent en France après trois mois de séjour. Schweitzer retourne en Europe en 1932 : à cette occasion il donne une conférence à Francfort sur les dangers di nazisme, ce qui obligera sa femme à se réfugier en Suisse en 1933. Elle rejoindra avec sa fille son mari au Gabon en 1938 après une tournée de conférences aux USA.
La consécration : « il est minuit, docteur Schweitzer !»
Avec la deuxième guerre mondiale, Schweitzer perd ses dernières sympathies pour la culture allemande. Son ami Stefan Zweig s’est suicidé, la famille de sa femme est déportés, sa femme elle mêm est parvenue à le rejoindre en 1941 en fuyant par l’Espagne (elle revient en Europe en 1946). Pendant la guerre, l’hôpital connaît de grandes difficultés et en 1949 Schweitzer accepte de retourner en Europe : c’est un véritable triomphe, prolongé par une tournée aux Etats-Unis, où le magasine Life lui conscre plus de 8 pages et où ses positions contre l’arme nucléaire renforcent sa popularité.
En octobre 1950, le voilà de nouveau au Gabon, les caisses de l’hôpital étant bien remplies…. En 51 il est de retour en europe. D’abord pour la réception du prix de la Paix attribué par les libraires de Franckfort, puis pour une tournée dans le Wurtemberg en compagnie de la photographe Erica Anderson. Ensuite c’est la France pour prononcer le 20 octobre 52 son discours d’intronisation à l’Académie des Sciences morales et politiques. Il y parlera d’éthique comme à son habitude! Enfin le 30 octobre 1953, il apprend à Lambaréné qu’il a obtenu le prix Nobel de la Paix qui le récompense. Il est alors âgé de 78 ans ! En octobre 1956, L’ordre du Mérite britannique lui est remis par la reine Elisabeth, et en novembre l’ordre du Mérite allemand par le président Heuss.
Les dernières années
Son épouse disparaît en 1957 et les dernière années de sa vie sont quelque peu ternies par diverses polémiques : la gauche l’accuse de colonialisme, voire de racisme… le grand psychologue Carl Jung lui reproche d'avoir délaissé la tâche urgente et ardue de s'occuper des âmes pour se consacrer au soin des corps, ce qui pose moins de problèmes… et jusqu’à Jeune Afrique qui l’accuse d’exploiter les bons sentiments du personnel féminin blanc…
Le docteur Albert Schweitzer décède à Lambaréné le 4 septembre 1965 à l’âge de 90 ans.
Sa cousine, Anne-Marie Schweitzer Sartre, était la mère de Jean-Paul Sartre.Créateur du système défensif français entre 1874 et 1885.
Raymond Adolphe Séré de Rivières (1815-1895) nait le 20 mai 1815 à Albi dans une famille de 7 enfants. Son grand-père, originaire du Languedoc avait acquis une baronnie à Rivières, pars de Gaillac. Son père est militaire de carrière, et par sa mère, il est parent de La Pérouse et de Toulouse-Lautrec.
Après une éducation très stricte et légitimiste, il poursuit à Paris des études de droit, réussit le concours d’entrée à Saint-Cyr en 1833, mais n’y entre pas, pour finalement entrer à l’école polytechnique en 1835, en sort en 1837 avec le grade de sous-lieutenant puis intègre l’École d'application de l'artillerie et du génie de Metz et se spécialise dans le domaine des fortifications. Il passe successivement au second régiment du Génie d’Arras (1938-1841), à la Chefferie de Toulon (1843-1848) où il réalise la caserne du Centre et le fort du Cap-Brun, à Perpignan, Castres, Carcassonne, Nice (ouvrages de la Tête de Chien, de la Drette et de la Revère), Metz (forts de Saint-Quentin, Plappeville, Saint-Julien et Queuleu), Lyon (enceinte reliant les forts de Caluire et de Montessuy).
En 1841-1842 il participe aux campagnes d'Algérie puis en 1859 à celle d’Italie avec le grade de capitaine. En 1870, il contrôle l'insurrection urbaine à Lyon et met la place en état de défense, ce qui lui vaut la promotion au grade de général de brigade en octobre. A la déclaration de guerre, il est en garnison à Metz sous les ordres de Bazaine qui capitule le 28 octobre 1870 et dont il instruira le procès en 1873. Promu général de brigade il est nommé commandant du génie du 24e Corps de l'armée de l'Est, sous les ordres du général Bourbaki et accompagne la retraite de ce dernier (Janvier 1871). Il combat à Villersexel mais ses conseils pour éviter une retraite en Suisse ne sont pas écoutés par l’état-major.
En mai 1871, à la tête du génie du 2e Corps de l'armée de Versailles, il dirige les sièges des forts d'Issy, de Vanves et de Montrouge, qu'il enlève aux Fédérés. À l'automne 1871, Séré de Rivières est à la tête d'une campagne de reconnaissance de la défense de la France sur la frontière italienne, et en 1872, il est le rapporteur du procès du maréchal Bazaine.
Raymond Séré de Rivières prend en juin 1873 le poste de secrétaire du Comité de défense, organe gouvernemental et non parlementaire créé en 1872 par Adolphe Thiers pour réorganiser la défense du territoire. Le système qu'il préconise alors dans plusieurs mémoires est adopté à l'unanimité par ce Comité de défense et fait l'objet du projet de loi relatif à l'amélioration des défenses des frontières de l'Est, loi adoptée le 17 juillet 1874. Nommé chef du génie au Ministère de la guerre, il est chargé d'en assurer l'application.
Ce système de défense s’appuie sur la création de régions fortifiées linéaires, tendant à canaliser l'ennemi vers une ouverture (« Trouée ») où une armée restreinte l'attendrait ; il tient compte de l'évolution des armements et cherche avant tout à éloigner un ennemi éventuel de Paris. Cette conception, inspirée par celle de Vauban mais mise au goût du jour, a en partie été guidée par la défaite de 1871 où les fortifications Vauban avaient fait preuve d'une inadaptation aux armes nouvelles.
Ainsi, entre 1874 et 1885 est réalisée une ligne de défense allant de Dunkerque à Nice, reposant sur le réaménagement des fortifications déjà existante et la construction de 400 ouvrages fortifiés. La frontière du nord et du nord-est est divisée en quatre groupes :
• Le groupe Jura, avec la place de Besançon comme base.
• Le groupe Vosges, s'appuyant sur Épinal et Belfort.
• Le groupe de la Meuse moyenne, constitué par un rideau d'ouvrages reliant Verdun à Toul par les Hauts de Meuse.
• Le groupe Nord, s'étendant de Montmédy à Dunkerque, s'appuyant sur Maubeuge et Lille et se reliant au groupe de la Meuse par les positions de Montmédy-Longwy, les Ayvelles-Givet.
• La frontière italienne voit sa défense améliorée par un renforcement des vieilles forteresses de montagne, de l'ancien camp retranché de Lyon, des places-fortes de Nice et de Toulon.
• La ville de Paris enfin est dotée d'une nouvelle ceinture de forts, placés très en avant de ceux de 1840.
Le 10 janvier 1880, Séré de Rivières est relevé de ses fonctions suite à une cabale politique contre le service du Génie et à des règlements de compte auxquelles est mêlé le ministre de la guerre, ancien directeur des fortifications de Paris critiquées par Séré de Rivières, auquel est aussi reproché son conservatisme politique.
Le général Cosseron de Villenoisy, qui le remplace, poursuit son programme sans grands changements jusqu'en 1885. Ainsi sont construits 196 forts, 58 petits ouvrages et 278 batteries sur l'ensemble des frontières et places stratégiques du pays, pour une dépense estimée à 450 millions de franc-or (ouvrages) et 229 millions de franc-or (armement).
Le système Séré de Rivières que les Allemands baptisèrent « la barrière de fer », basé sur la défensive, sera remis en cause en 1911 par le plan XVII de Joseph Joffre et du colonel Louis de Grandmaison au profit d’un plan offensif « Offensive à tout prix », qui coûtera terriblement cher à l’armée françaises et désarmera certains forts, notamment autour de Verdun, ce qui pèsera lourd dans la bataille de Verdun en 1916.
Mis à la retraite, Séré de Rivières décède le 16 février 1895 à Paris. Son corps repose au cimetière de Père-Lachaise où l’on peut lire sur sa tombe « Lapides clamabunt » (« Les pierres témoigneront ! »).
Commandant du 15-2, tué au HWK.
François Sermet (1870-1915) commande le 1er Bataillon du fameux 152ème Régiment d'Infanterie, le fameux bataillon des « Diables rouges» au début de la guerre.
Il participe à l’offensive Pau en Alsace sur Colmar (15-22 août 1914), à celle du Spitzemberg de septembre à novembre, puis à la dure bataille de Steinbach (décembre 1914 – février 1915).
Son bataillon est ensuite engagé sur le HWK : le 22 mars 1915, son bataillon à pour objectif la prise du rocher sommital. L’attaque échoue, mais une deuxième attaque le 26 permet aux Chasseurs d’emporter le sommet. Les Allemands tentent de reprendre le sommet au cours du mois d’avril. Lors d’une de ces offensives, le 22 avril 1915, le commandant Sermet est tué à la roche qui porte aujourd'hui son nom, sur le versant nord du HWK.
Général, commandant les troupes des Chasseurs Alpins de la 66ème division d'infanterie engagée au HWK.
Marcel Serret (1867-1916) naît à Bleneau dans l’Yonne d’un père industriel et se destine tout jeune à la carrière militaire. Après ses études au lycée de Saint-Quentin et au Lycée Saint-Louis, il entre à Saint-Cyr (1885-1887) il en sort sous-lieutenant le (octobre 1887) et commence sa carrière dans le 8ème bataillon de Chasseurs. Breveté de l’École supérieure de Guerre (1892-1894), il est officier d'ordonnance du ministère de la Guerre puis attaché militaire à Berlin en 1912.
A la déclaration de guerre, il prend le commandement d'un groupe de bataillons de chasseurs du 1er corps d’armée, comme lieutenant-colonel puis colonel. Il se bat dans la région de Dinant-Charleroi puis sur la Marne.
Le 28 septembre 1914, il est nommé colonel et chef d’état major du 1er corps d’armée où il remplace le colonel Lardemelle et participe à la première bataille de l’Aisne, puis à la bataille d’Ypres en novembre. Le 06 décembre il quitte avec ses chasseurs la 8ème armée (d’Urbal) avec les félicitations du général Vidal pour les Vosges.
Le 05 janvier 1915, le colonel Serret prend le commandement de la 1ère brigade (7ème, 13ème 14ème, 24ème, 27ème bataillons) de Chasseurs Alpins qui font partie de la 66ème DI. Le 29 janvier 1915, le colonel Serret est promu général de brigade, et stationne ses troupes dans la vallée de la Thur, au pied de l’Hartmannswillerkopf.
Il lance les 23 et 26 mars deux offensives sur le HWK qui permettent de reprendre le sommet et de s’y maintenir jusqu’au 25 avril, le reperdre le 26 pour le reprendre le lendemain, avant que le front ne se stabilise autour du no man’s land sommital. Entre temps, le 17 avril, Serret lance une offensive victorieuses de l’autre côté de la vallée de Munster, sur le Schnepfenriedkopf, avec les 28ème et 68ème B.C.A.
La relative stabilisation du front entre juillet et octobre (hormis une nouvelle bataille autour du sommet les 9 et 10 septembre) permet à Serret de s’occuper de tâches plus « civiles » : le 14 juillet il célèbre en grande pompe la Fête nationale avec comme invité de marque le général Joffre. Le 10 août il organise la visite du président Poincaré dans ses trois vallées. Très populaire auprès des habitants, il est aussi extrêmement apprécié par ses hommes.
Le 15 octobre 1915, le HWK fait l'objet d'une terrible bataille : les Allemands s’emparent du sommet pour le perdre aussitôt, mais personne n'arrive à s’y maintenir. À partir de début novembre, les Français préparent une grande offensive, prévue pour le 21 décembre. Des batteries d'artilleries lourdes sont installées dans la montagne. Huit camps sont construits et des tonnes de munitions et de vivres sont amenées à pied d'œuvre malgré les tempêtes de neige de ce début d'hiver. L’offensive est censée élargir les positions de l’Hartmannswillerkopf et menacer plus directement la ville de Wattwiller. Pour être au plus près de l’action, le général Serret s’installe au camp Renié sur les pentes du Molkenrain. Le 21, à 9h15, les premiers tirs d’artillerie commencent pour ne cesser qu’à 14h15. A cette même heure, l’attaque se déclenche sur tout le front. Au soir l’attaque est réussie aux deux ailes mais s’est arrêtée au centre. Le général donne l’ordre de poursuivre l’attaque le 22 décembre. Mais les Allemands, connaissant à fond le terrain qu’ils venaient de perdre, entament immédiatement la contre-attaque dès le matin, à la grande surprise des Français. Cette contre-attaque permet aux Allemands la reconquête de toutes les positions perdues la veille sauf le Hirtzenstein.
Aussi Serret veut reprendre l’offensive le 28. Après une préparation d'artillerie de deux heures le 12ème B.C.A. s'empare de la majeure partie de l'Unterer Rehfelsen. Alors qu'il termine une inspection des premières lignes dans ce secteur, Serret est touché à la jambe par un éclat d’obus. Evacué d’urgence à l’hôpital de Moosch, il est amputé d’une jambe. Le 31 décembre il reçoit la visite de sa femme et de sa fille. Après une nouvelle infection et plusieurs jours de fièvre le il décède le 06 janvier 1916 à l’âge de 48 ans.
Nommé Commandeur de la Légion d'Honneur, il est inhumé dans le cimetière militaire de Moosch et est l'un des 41 généraux français morts au combat durant ce conflit.
Général français d'origine Lorraine, tué en septembre 1914.
Charles Antoine Sibille (1853-1914) naît à Sarreguemines, en Lorraine. A 17 ans, il s’engage lors de la guerre franco-prussienne en rejoignant l'armée française en passant par la Belgique. Après la guerre, il reste en France et entre à Saint-Cyr dans la même classe que Pétain. Il en sort en 1875 comme lieutenant d’infanterie.
Il grimpe dans la hiérarchie militaire et devient général en 1911, commandant la commandant la 64ème brigade d'infanterie et subdivision de la région de Carcassonne et d'Albi.
Affecté en Lorraine le 2 août 1914 avec sa brigade, il est tué le 27 septembre 1914 dans le combat de Beaumont (Meurthe-et-Moselle) en allant reconnaître une position ennemie.
Capitaine des Chasseurs Alpins, tué au HWK.
Corse d’origine, Pascal Sicurani (1869-1915) s’engage à 19 ans dans l’armée, engagement qu’il renouvelle par deux fois, pour une période totale de 15 ans. Il choisit les Chasseurs Alpins et gravit rapidement les échelons de la hiérarchie et termine ses engagements comme lieutenant de réserve en 1903 pour s’installer à Genève.
Le 2 août 1914, il rejoint à Grenoble son régiment, le 68ème Bataillon des Chasseurs de réserve, qui est immédiatement dirigé vers l’est de la France et arrive le 23 à Taon-les-Vosges. Un premier combat est livré le 31 à Mattexey au sud de Lunéville puis le bataillon est dirigé sur Bussang pour se déployer dans la vallée de la Thur.
Entre le 14 octobre et la fin de l’année, il participe aux divers combats autour des sommets vosgiens du Markstein, Hahnenbrunnen, Grand-Ballon, Südel, Breitfirst. En janvier 1915, il participe aux engagements au Kohlschlag et au Hartfelsenschloss, dans la zone du HWK. Le 19 avril 1915, le 68ème B.C.A. s’empare de Mittlach et puis occupe quelques avancées sur les hauteurs de Metzeral. Lors d’une nouvelle attaque sur Metzeral, le Capitaine Robert Dubarle, commandant la 8ème Compagnie est tué le 15 juin.
Le 20 juin, le général Serret nomme Sicurani à la tête de la 8ème compagnie en remplacement de Dubarle. Il sera nommé capitaine le 7 juillet. Fin novembre, la compagnie est transférée sur le champ de bataille du HWK où il relève le 27ème B.C.A. sur ses positions du Herrenfluh, des camps Renié et Duvernet, et à la Roche Sermet. Le début du mois de décembre est consacré à la préparation de la grande offensive du 21. Lors de cette offensive, la compagnie Sicurani avance en soutien du 152ème RI et déborde totalement les lignes allemandes. Mais dans la nuit, des éléments du Réserve Jäger- Bataillon du Major Kachel s’infiltrent dans les lignes françaises et le lendemain la contre attaque allemande désorganise le 152ème et menace de l’encercler. Sicurani lance alors une attaque pour freiner l’avance ennemie. Au moment de l’assaut, il est frappé d’une balle à la poitrine. Evacué à l’hôpital de Moosch, il décède en fin d’après-midi. Il est enterré provisoirement au cimetière de Kruth.
A l'été 1916, un chapelle Notre-Dame de la Victoire (chapelle Sicurani) est construite en sa mémoire près du Hartfelsen, face au sommet du HWK. Le 1er septembre 1922 les restes du capitaine Sicurani, fait chevalier de la Légion d’Honneur, trouvent leur sépulture définitive dans le parc dans le parc du domaine familial de son village natal de Taglio-Isolaccio.
Artiste de marqueterie, créateur du Théâtre alsacien et du Musée Alsacien de Strasbourg.
Né à Boersch, Charles Spindler (1865-1958) est l’artiste de marqueterie le plus renommé d’Alsace. Français de cœur, il créé en 1890 le « cercle Saint-Léonard » puis la « Revue Alsacienne Illustrée » en 1898 par lesquels il veut soutenir la préservation des traditions locales et de faire connaître la culture et les traditions alsaciennes en mettant en valeur leurs racines françaises ; de même, il est avec Stoskopf à l’origine du Théâtre Alsacien et du Musée Alsacien de Strasbourg. Il reste un artiste en marqueterie mondialement connu (Images alsaciennes illustrées, Hans im Schnokeloch)...
Il tient régulièrement son journal pour occuper ses insomnies dues à des crises de goutte. La partie racontant la grande guerre est un document incomparable qui restitue l’état d’esprit de la population pendant ces heures sombres car, malgré son patriotisme français évident, Spindler essaie de garder la tête froide et de rester objectif, ne cessant de rapporter ce qu’il entend dire autour de lui.
Après la guerre, tout en étant patriote, il est choqué par les maladresses des autorités françaises et outré par les exactions commises contre les Allemands. Il est très critique vis-à-vis de Hansi « Hansi, un singe mal bâti, le dos voûté, une figure de gavroche aux traits flétris sur un corps trop grand, le regard méfiant et fuyant, un débit nasillard, ressemble à un Boche qui aurait voulu se donner des allures de rapin français. » (Mémoires)
Il cherche cependant à rester objectif et constate que « La guerre a été provoquée surtout par la bêtise et la maladresse des hommes d'État allemands, et elle se serait déclenchée aussi bien avec ou sans le redressement de l'Alsace ; de même qu'une Alsace absolument germanisée n'eût pas été un empêchement à la désannexion par la France. » (Mémoires).
Major allemand, commandant du bataillon de montagne wurtembergeois au HWK.
Theodor Sprosser (1870-1933) intègre très jeune l'école militaire de Gross-Lichterfelde. En 1889 il sert au 123ème Régiment de Grenadiers «Roi Karl ». En 1906, il est promu Capitaine et transféré au 125ème Régiment d'Infanterie où il devient commandant de compagnie.
Le 02 Août 1914, il est engagé avec son régiment sur le front ouest, et après quelques semaines de guerre, il est promu au grade de Major et devient commandant du 2ème bataillon du régiment et se bat particulièrement au HWK. A partir d'octobre 1915, un bataillon de montagne wurtembergeois est formé, dont Sprosser prend le commandement. Il commande ce bataillon lors de nombreuses batailles, d’abord au HWK, puis en Roumanie et en Italie. Le 27 mai 1918 lors de l'attaque sur le « Chemin des Dames », il est gravement blessé.
Le 31 mars 1925, il est promu au grade de Major Général. Il décède le 08 février 1933.
Au HWK, un monument a été érigé en sa mémoire au niveau de la courbe 2 de la voie serpentine.
Général de brigade français d'origine alsacienne, tué lors de la seconde bataille d'Artois.
Jean-Paul Stirn (1867-1915) naît à Mutzig et se destina à une carrière militaire. Il entre à Saint-Cyr puis est admis à suivre les cours de l’école supérieure de guerre : en 1895 il obtient son brevet d’état-major avec la mention « très bien » et gravit rapidement les échelons de la carrière.
Colonel en 1914, il succède le 5 août à la déclaration de guerre au colonel Pétain à la tête du 33ème régiment d’infanterie qui compte dans ses rangs un certain lieutenant Charles De Gaulle. Il se bat à Dinant, à Charleroi, et à Guise où il est blessé au bras alors qu’il mène l’assaut le 29 août.
Rétabli, il est affecté à la 77ème Division d'Infanterie où il seconde général Ernest Jacques Barbot. La division se bat à La Fontenelle, puis participe à la course à la mer. Le 9 mai 1915 elle est engagée dans la seconde bataille d’Artois. Le lendemain le général Barbot est mortellement blessé à Souchez. Le lendemain, Stirn est nommé général de brigade à titre temporaire et prend le commandement. Mais le jour d’après, il est à son tour gravement blessé à Berthonval et décède deux jours plus tard.
Homme politique allemand, chancelier et ministre des affaires étrangères dans les années après guerre, prix Nobel de la Paix.
Issu d’une famille de la petite bourgeoisie berlinoise, fils d’un exploitant de brasserie et, après des études d’économie politique, syndic et gérant principal de la Fédération industrielle de Saxe à partir de 1902, Gustave Stresemann (1878 - 1929). se lance très vite dans la politique ; en 1903 il adhère au Parti national-libéral, devient député de 1906 à 1918 et succède à Bassermann à la présidence du Reichstag.
Au cours de la Première Guerre mondiale, il appartient aux défenseurs les plus vigoureux d’une politique nationaliste et annexionniste. Après la révolution de novembre 1918, ce monarchiste mal repenti souhaite une union des nationaux-libéraux et des progressistes, mais lui-même n’est pas accepté par le parti démocrate allemand qui vient de se constituer. En 1919, il fonde le parti du peuple. Celui-ci se trouve d’abord dans l’opposition au nouveau gouvernement constitué à Weimar et ne se décide que peu à peu à adopter une attitude positive à l’égard de l’Etat : Stresemann va jusqu’à prendre des responsabilités au sein du système parlementaire démocratique.
Au cours des cent jours qui vont du 13 août au 23 novembre 1923, pendant lesquels Stresemann est chargé de la conduite du gouvernement en qualité de chancelier et de ministre des Affaires étrangères, il réussit à surmonter la plus grave crise économique et politique de la jeune République, à réprimer les tentatives de putsch de groupes d’extrême droite et d’extrême gauche et à juguler l’inflation. Il a le courage de mettre fin à la résistance passive contre l’occupation française de la Ruhr (26 septembre 1923), que la plus grande partie de la population soutenait comme un « exploit national ».
Stresemann, dont les pensées et le comportement sont guidés par une force conscience nationale, comprend que tenter une politique d’entente avec les puissances alliées en s’en tenant aux données du traité de Versailles pouvait servir bien davantage les véritables intérêts de l’Allemagne qu’un soulèvement désespéré des milieux nationalistes. Contre l’opposition acharnée des partis de droite, il poursuit une politique d’apaisement au lendemain de l’occupation française de la Ruhr et ce également après sa démission du poste de chancelier à la suite du départ du SPD de grande coalition : il conserve une position dominante comme ministre des Affaires étrangères.
Le plan Dawes de 1924 (règlement des réparations et répit accordé à l’économie allemande en train de se relever), les traités de Locarno de 1925 liés à l’entrée de l’Allemagne à la SDN (1926), la poursuite de la politique de Rapallo fondée sur l’entente avec la Russie par la conclusion d’un traité germano-russe (de Berlin) en avril 1926, le pacte Briand-Kellog de 1928 qui proscrit la guerre comme moyen politique, et enfin la perspective de l’évacuation de la Rhénanie par les troupes d’occupation françaises et belges grâce à l’adoption du plan Young (1929-1930) sont les étapes de cette politique axée sur l’entente avec les peuples et la restauration de la souveraineté allemande pour laquelle il obtient en 1926 le prix Nobel de la paix avec le Français Aristide Briand.
Sa grande souplesse diplomatique et ses talents de rhétoricien, liés à une formidable vitalité et à un optimisme jamais défaillant, lui permettent de supporter et de surmonter les résistances intérieures et extérieures, les revers dans le rapprochement germano-français et l'opposition croissante dans son propre pays, bien que sa santé, ébranlée depuis longtemps, s’en trouve toujours plus altérée. D’une infatigable activité jusqu’à la fin, il succombe à une attaque d’apoplexie alors qu’il n’a que 51 ans. Avec sa mort, la (République de)" République de Weimar perd l’homme politique sans doute le plus influent de l’Allemagne d’entre les deux guerres.