Retour à Les combats
Sous la direction de Georges Brun
Homme politique français, fondateur de l'Humanité, grande figure du socialisme et du pacifisme avant la guerre.
Jean Auguste Marie Joseph Jaurès naît à Castres le 3 septembre 1859. Après de brillantes études (premier à l'Ecole Normale Supérieure et troisième à l'agrégation de philosophie), il devient professeur de philosophie au lycée d'Albi en 1881 puis professeur de philosophie à Toulouse.
En 1885 il se lance en politique et est élu député républicain à Castres. Il épouse Louise Bois qui lui donnera deux enfants. Mais en 1889 il est battu aux élections de la circonscription de Carmaux et reprend son poste d’enseignant à la faculté de Toulouse. Il se tourne petit à petit vers le socialisme. A la grève des mines de Carmaux en 1892, il embrasse la cause de la classe ouvrière. Il soutiendra ensuite les ouvriers de la Verrerie de Carmaux et les vignerons de Maraussan. En 1893 il retrouve son siège de député et se dit socialiste indépendant.
Le 11 octobre 1898 il publie « Les preuves », ouvrage où il clame l’innocence de Dreyfus et accuse Esterhazy. A l’image de Zola, Jaurès fit parti des intellectuels qui, au fil de l’affaire Dreyfus, abandonnèrent leurs préjugés antisémites pour revendiquer la justice. En même temps, il rédige une « Histoire socialiste de la Révolution française » qui paraître entre 1901 et 1907.
En 1902 le parti socialiste se scinde en deux sur la question de la participation au pouvoir. Jaurès devient le chef de file du Parti Socialiste Français (PSF), qui milite pour une éventuelle alliance avec d’autres partis au sein d’un gouvernement. Il s’oppose à la tendance marxiste défendue par Jules Guesde. La même année il est réélu député et en 1903 devient Vice président de l’Assemblée nationale.
En 1904, avec d’autres socialistes amis, il fonde le journal « L’Humanité », organe de son parti. Pour lui, « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage ». Le 26 avril 1905, il contribue à la fusion des deux partis socialistes français, donnant naissance à la S.F.I.O. (Section Française de l'Internationale Ouvrière). Ce regroupement, opéré lors du congrès du Globe à Paris, permet aux marxistes représentés par Jules Guesde et aux réformistes tel que Jean Jaurès de faire front commun.
Pacifiste convaincu, Jaurès entraîne le parti à sa suite dans sa volonté de s’opposer à la politique nationaliste et expansionniste de la France et de travailler pour un rapprochement avec l’Allemagne. Il lance un mouvement de solidarité avec les travailleurs russes après la révolution de 1905, publie en 1908 « La Guerre franco-allemande 1870-1871 » et appelle en 1912 lors du congrès de Bâle de la Seconde Internationale à lutter contre le danger de guerre de plus en plus pressant. En 1914, les élections législatives sont un triomphe pour le parti socialiste.
Après l’attentat de Sarajevo du 28 juin 1914, ses positions sont de plus en plus fragilisées par les nationalistes qui le haïssent. Le vendredi 31 juillet 1914, il tente de stopper le déclenchement des hostilités à la Chambre des Députés, puis au ministère des Affaires étrangères. En fin d'après-midi, il se rend à son journal L'Humanité pour rédiger un article, vibrant appel à la paix. Puis il descend avec ses collaborateurs pour dîner au Café du Croissant, rue Montmartre. Vers 21 h 40, un étudiant nationaliste déséquilibré, Raoul Villain, tire deux coups de feu par la fenêtre ouverte du café et abat Jaurès à bout portant. La seule personne politique susceptible d'empêcher la guerre vient de disparaître.
Quelques jours plus tard, les socialistes se rallient à l’Union Sacrée. La grève générale n'est pas déclarée. La guerre peut commencer.
Le 29 mars 1919, Raoul Villain est acquitté. Le dimanche 23 novembre 1924, les cendres de Jaurès sont conduites au Panthéon lors d'une grandiose cérémonie à laquelle participent les mouvements politiques de gauche, hormis le parti communiste. Raoul Villain s’exilera en Espagne, où il sera fusillé par les Républicains en 1936.
Maréchal de France, chef d’état-major général de l’armée française de 1914 à 1916.
Joseph Joffre (1852-1931) naît dans une famille de viticulteurs aisés. Après des études secondaires à Perpignan et à Paris, il entre à l’École polytechnique dont il officier du génie, spécialiste des fortifications en 1869, et travaille en 1870 à la défense de Paris.
Par la suite, il fait carrière dans « les colonies : Formose (1884), Tonkin (1885), Soudan (1892), Madagascar (1897). En 1905, il est nommé général de brigade et, après un passage au ministère de la Guerre, il devient en 1910 vice-président du Conseil supérieur de la guerre. Dès 1911, il est nommé au poste de chef d’état-major général de l’armée qui vient d’être créé, alors qu'il n'est certrainement pas le plus qualifié... À ce titre, il prépare le plan de guerre français, le fameux plan XVII destiné à gagner la future guerre contre le Reich.
Le 2 août 1914, Joffre prend le commandement des armées du Nord et du Nord-Est et décide de lancer son offensive. Mais il perd la « bataille des frontières » fin août tout au sauvant la situation (Trouée de Charmes, Grand-Couronné). Face à l’offensive Schlieffen, il ordonne le 25 août la retraite stratégique qui évite l’encerclement de l’armée française et permet de concentrer de nouvelles forces au nord de Paris. Cette contre-offensive, déclenchée le 6 septembre, permet en une semaine la victoire des Franco-Britanniques sur la Marne (6-13 septembre). Joffre s'en attribue la victoire, mais ce sont les généraux Galliéni et Lanrezac qui ont fait basculer le sort de la bataille.
Puis avec son adjoint Foch, il stoppe une nouvelle fois l’armée allemande dans sa tentative de « Course à la mer ». En 1915 il lance de nombreuses offensives destinées à rompre le front (Artois, Champagne, Flandres), mais cette stratégie de l’offensive à tout prix (« Je les grignote ») ne débouche pas sur des succès décisifs, bien au contraire : l’année 1915 coûte aux forces de l’entent plus d’un million d’hommes, tués ou blessés. Le 2 décembre 1915, il est désigné lors de la conférence de Chantilly généralissime des armées françaises. En février, l’offensive allemande sur Verdun créé la surprise. Désormais sur la défensive, Joffre va tenter de débloquer la situation en attaquant sur la Somme (juillet-novembre 1916).Cette offensive, très coûteuse, se révèle un échec même si elle permet de sauver Verdun.
Discuté, sans doute jalousé (Pétain, Nivelle, Lyautey), victime d’intrigues politiques (Poincaré, Briand), Joffre est contraint de démissionner le 2 décembre 1916, et est un peu plus tard élevé à la dignité de Maréchal de France, en compensation. Son rôle se limitera désormais à des missions de pur prestige à l’étranger, notamment aux États-Unis, dont il prépare l’entrée en guerre en 1917.
Elu à l’Académie française en 1918, il participe, aux côtés de Foch et de Pétain, au défilé de la Victoire du 14 juillet 1919. Il rédige aussi deux volumes de Mémoires sur la période 1910-1917, qui paraîtront en 1932. Le 22 mai 1922, le Conseil supérieur de la guerre réunit autour du président de la République, Alexandre Millerand, les maréchaux Pétain, Foch et Joffre, et cinq généraux : il s’agit de débattre de la question de l’inviolabilité du territoire français, garantie en temps de guerre par un ouvrage défensif (La future ligne Maginot…) Totalement opposé à un tel projet, Joffre se heurte violemment à Pétain. Il ne sera pas écouté. « Ce serait se vouer à la défaite que de vouloir établir une nouvelle muraille de Chine ! »
Joseph Joffre décède à Paris le 3 janvier 1931. Malgré tous les honneurs , il est aujourd'hui une figure militaire très contestée.
Combattant allemand engagé volontaire, auteur d'un des best-sellers allemands d'après guerre.
Ernst Jünger naît à Heidelberg le 29 mars 1895. En 1911 il fait partie de la « Wandervogel-bewegung », mouvement de « plein air » de la jeunesse à idéologie nationaliste. En 1913 il s’engage dans la légion étrangère française, mais en est libéré sur intervention de son père. Il passe son bac en 1914 et s’engage volontairement. Il se bat héroïquement sur le front ouest (Champagne, Somme, Langemark, Cambrai) et obtient l’ordre « Pour le Mérite » et la croix de fer 1ère classe. Il reste dans la Reichswehr et publie en 1920 « In Stahlgewittern », « Orages d’acier » qui obtient un énorme succès.
En 1923 il quitte l’armé et étudie la zoologie et la philosophie à Leipzig et Naples, sans terminer son cursus. A partir de 1926, il s’installe comme écrivain à Berlin. Il fait partie de plusieurs cercles de révolutionnaires conservateurs, se montre très réticent par rapport à la république de Weimar, mais refuse une proposition de mandat électoral que lui fait le parti nazi. Il a cependant des contacts avec Otto Strasser et Goebbels. En 1931 puis en 1933 il refuse encore des propositions de Goebbels. Il est exclu en 1933 d l’académie des poètes et sa maison est perquisitionnée par la Gestapo. Il décide de se retirer à Goslar, puis déménage à Überlingen en 36 et trois ans plus tard à Kirchhorst. Il s’attaque au régime dans un roman très hermétique, « Auf den Marmorklippen ». (« Les falaises de Marbre »).
En 1940, il sert comme officier à l’Etat major du commandement militaire en France, puis est envoyé en 1942-1943 dans le Caucase pour « sonder » le moral des troupes. En février 1944 son fils est arrêté pour propagande contre le parti. Il s’en sent responsable mais réussit à lui éviter le pire. Il est exclu de l’armée après l’attentat du 20 juillet.
En 1945, il refuse de se soumettre aux tracasseries des Alliés. Il est interdit de publication jusqu’en 1949. Il sera peu à peu réhabilité. En 1978 il reçoit la médaille de la paix de la ville de Verdun, et en 1982 le prix Goethe de la ville de Frankfort/Main. Il participe en 1984 aux commémorations de la grande Guerre aux côtés de François Mitterrand et d’Helmut Kohl et obtient le grand prix du jury à la Biennale de Venise en 1993.
Il décède à Wilflingen le 17 février 1998, plus que centenaire.